Véritable succès au box-office, le dernier film de Mélanie Laurent cumule 36 millions d’heures de visionnage une semaine après sa sortie. Un budget énorme pour pas grand-chose, un jeu d’acteur qui ne casse pas trois pattes à un canard, le constat est sans appel. Le Charlie et ses drôles de dames à la française brille par son insignifiance.
Mel, assieds-toi faut que je te parle… Ta carrière de réalisatrice est loin d’être exemplaire et couronnée de succès, mais ton jeu d’acteur t’a permis, dans le passé, de réussir à sortir ton épingle du jeu. En t’associant avec Netflix, tu as voulu viser la lune, mais tu n’as, malheureusement, pas atterri dans les étoiles. Le scénario est plus plat qu’un DVD et la bande originale inutile, est presque embarrassante par moments. Ce qui « sauve » ce navet, c’est le casting. En t’entourant d’Adèle Exarchopoulos et d’Isabelle Adjani, tu parviens à limiter la casse (dans la mesure du possible). L’interprète de Camille Claudel dans le film éponyme semble avoir laissé ses capacités de comédienne dans les années 80. La vraie bouée de sauvetage de ce film, c’est le naturel d’Adèle Exarchopoulos. On lui demanderait de jouer le rôle d’un arbre en arrière-plan, elle décrocherait l’Oscar. Une chose est sûre, on sait où le gros budget alloué par Netflix pour le film s’est envolé : le salaire d’actrices de renoms, mais surtout, les innombrables scènes de bagarre et de course-poursuite. Chaque euro parait avoir été dépensé dans l’idée de créer quelque chose de grandiose, le résultat est plutôt un enchainement de plans illogique et des changements de point de vue qui n’apportent rien de positif. À l’image de la première scène du film, Alex (le personnage interprété par Adèle Exarchopoulos), parvient à conduire un quad d’une main tout en tirant sur des drones à sa poursuite. Comme le dit le dicton populaire, je ne m’attendais à rien, mais je suis quand même déçue.
La palme de l’anti-féminisme et du pinkwashing
Le comble du mauvais goût de ce film est plus profond. En affichant fièrement un casting presque entièrement féminin et en tentant de prouver que « les femmes sont plus fortes que les hommes », Mélanie Laurent s’est aventurée sur une pente extrêmement glissante. Le pseudo-féminisme est balayé d’un revers de la main quand on s’intéresse à la genèse du film. En adaptant au cinéma la bande dessinée La Grande Odalisque, Mélanie Laurent se tire une balle dans le pied. À l’origine de l’ouvrage, Bastien Vivès et Florent Ruppert, tous les deux accusés, respectivement, de diffusion d’images pédopornographiques, et de viols et agressions sexuelles. Cet ADN misogyne se dessine à l’écran, avec une Adèle Exarchopoulos dans le rôle d’une belle écervelée au cœur d’artichaut. Un queerbaiting (littéralement « un appât à queer », ndlr) permanent vient s’immiscer dans l’atmosphère (déjà très problématique) du film. Au travers d’allusions et de blagues, Mélanie Laurent suggère une relation non-hétérosexuelle, en la réfutant par la suite. À travers ce procédé, son souhait était d’attirer les spectateurs de la communauté queer. À la surprise générale (non), c’est un flop. Une chose est sûre, avec ce film, j’ai passé ma journée dans le noir.
Chloé Rouil