VIDÉO. « La douleur est toujours présente ». Un mois après le passage de la tempête Alex, le poignant témoignage de Rémy Molinari

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Rémy Molinari possédait sa maison depuis 1968. ©Rémy Molinari

Le caricaturiste niçois Rémy Molinari a perdu sa maison de campagne à Saint-Martin-Vésubie, pendant le passage de la tempête Alex. Un mois plus tard, il raconte l’après.

C’était une maison de vacances. Tout ce qu’il y a de plus ordinaire, mais pour Rémy Molinari, « son chalet » était son havre de paix. Aujourd’hui, il n’existe plus. La faute à la tempête Alex qui a dévasté du 2 au 3 octobre les vallées de la Roya, de la Tinée et de la Vésubie. Maisons emportées, routes dévastées. Au total, c’est près de 15 000 sinistres qui ont été recensés.

« Aujourd’hui il ne reste rien. C’est le néant »

D’un naturel enjoué, Rémy est aujourd’hui accablé par la disparition de sa résidence secondaire. « J’aurais préféré qu’il reste quelque chose. Ne serait-ce qu’un mur […] mais aujourd’hui il ne reste rien. C’est le néant. Il n’y a qu’un trou », confie le caricaturiste. Seul son portail est resté intact comme un symbole de résistance. Seul face au vide.

« La douleur est toujours présente »

Alors, pour lui, « quatre semaines après les intempéries, la douleur est toujours présente ». La reconstruction de Rémy est difficile car il y a toujours en lui un sentiment de nostalgie. C’était au cœur de sa propriété de 1 200 mètres carrés qu’il se voyait passer sa retraite. En vrai artiste, il avait rénové son moulin, peint des animaux sur ses murs et même fabriqué ses propres meubles. Un cocon bien apprécié par ses amis qui venaient souvent lui rendre visite. Mais avec la catastrophe, tous les projets de Rémy deviennent vains. Il prévoyait de créer un musée et une salle de cinéma pour en faire « un petit bijou ». Et même s’il avoue qu’il était « préparé », il sait que maintenant, ses ambitions ne sont « plus possibles ».

« Les démarches administratives vont être compliquées »

Depuis la catastrophe naturelle, Rémy doit faire face à une double peine : celle de se replonger dans ses souvenirs à travers les démarches administratives. « Immédiatement, j’ai dû faire une déclaration de sinistre, […] des experts se sont mis en contact avec moi. » C’est dans les bureaux de l’Arénas, à Nice, qu’il a dû fournir un ensemble de pièces justificatives comme des photos ou encore un certificat d’hypothèque. Aujourd’hui, « les dossiers sont en cours ». Les assurances ont trois mois pour rembourser chaque sinistré, mais « les démarches vont être compliquées car comment évaluer une maison qui n’existe plus et où le terrain a disparu », questionne-t-il. Une longue bataille juridique attend Rémy.

Alors, replonger dans ses papiers, c’est se souvenir de tous les bons moments passés dans son chalet. C’est aussi se rappeler des moindres détails qui aujourd’hui n’existent plus. Finalement, pour lui, l’argent n’a pas grand intérêt : « moi tout ce que j’ai peint à l’intérieur ça a une valeur sentimentale ».

« Je suis suivi par des psychologues »

Face caméra, Rémy a la voix qui chevrote et les yeux larmoyants quand il se remémore son chalet. « C’est exactement comme si on avait arraché une partie de moi-même. Tout ce qu’il y avait à l’intérieur comme des souvenirs d’enfance : mes nounours en peluche, mes albums de tintin, rajoute Rémy, tout ça a totalement disparu. C’est abominable et c’est pour ça que je suis suivi par des psychologues ». La thérapie et le soutien pour pallier le manque. C’est à la maison des victimes que Rémy est accompagné. « Des psychologues ont été mis à disposition des sinistrés parce que c’est choquant. J’aurais préféré qu’il reste quelque chose. Ne serait-ce qu’un mur ou au moins le terrain pour que je puisse rebâtir dessus », explique-t-il.

« Il faut que les sinistrés se créent des objectifs pour ne pas vivre uniquement dans le passé »

Pourtant, Rémy est aujourd’hui dans le chemin de l’acceptation : « C’est comme ça, il faut l’accepter », avant de rajouter, « il faut que les sinistrés se créent des objectifs pour ne pas vivre uniquement dans le passé ». Et le caricaturiste n’a finalement rien perdu de son humour. Il promet de reconstruire une autre maison mais « près de la mer pour goûter aux joies des tsunamis ».