Le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale a été présenté le 28 septembre. Parmi les différentes mesures, la réforme de la ministre de la Santé Agnès Buzyn est une des mesures les plus contestées. Elle prévoit l’extension du nombre de vaccins obligatoires pour les enfants, passant de trois à onze, et ce, dès 2018.
« Il faut protéger les gamins des parents inconscients. » Marianne Picon ne mâche pas ses mots. Cette pédiatre voit cette nouvelle réforme comme du pain béni. « En tant que pédiatre, on a toujours peur de voir mourir un enfant, j’ai déjà perdu une patiente de 15 ans atteinte de la rougeole », ajoute-t-elle le cœur serré. 95% des vaccins sont faits chez le pédiatre, et dans son cabinet, Marianne n’accepte aucune contre-indication : « il faut que les parents comprennent que cette réforme est intelligente, il y aura très peu de changement car la majorité des enfants ont déjà la plupart des vaccins nécessaires. » Alexandra Vallet partage ce point de vue. Pharmacienne, elle répond avec l’étiquette de maman : « je trouve que cette réforme permet aux parents de réfléchir et ainsi leur permettre de changer d’avis. » La majorité des parents ont dans la tête que onze vaccins, c’est onze piqûres, « ce qui est faux » rappelle la jeune femme. Ses deux enfants sont vaccinés, et elle souhaite que tous les futurs parents prennent la bonne décision pour que « les enfants qui ont aujourd’hui des maladies évitables n’aient plus ce problème-là dans les années à venir. »
La vaccination, un sujet tabou pour les parents
A la sortie du groupe scolaire Nikaïa, on parle de beaucoup de choses mais les vaccins ne semblent pas d’une importance capitale. Maxime Robert, la trentaine, ne comprend pas pourquoi certains parents ne s’intéressent pas au sujet : « il faut protéger nos enfants le plus tôt possible. » Ce papa poule de deux enfants est très satisfait de cette réforme, « une des seules intelligentes », glisse-t-il, sourire en coin. En tant que « papa très protecteur », il se sentirait « responsable s’il arrivait quelque chose qu’on aurait pu éviter. » Quelques mètres plus loin, Berbei, poussette à la main est radicalement opposée aux propos de Maxime. Elle ne comprend pas pourquoi un « vaccin aussi lourd que celui de l’Hépatite B doit être obligatoire dès la naissance. » Maman d’un fils de 5 ans et d’une fille de 3 ans, elle est favorable aux vaccins, « mais onze obligatoires c’est beaucoup trop, les 3 qui étaient déjà imposés suffisent largement. » Elle ne cesse de le répéter, cette réforme c’est un frein pour l’avenir : « si jamais j’avais d’autres enfants, ils n’auront pas les onze vaccins, je n’ai pas envie qu’ils servent de cobayes, car tous les futurs enfants seront des cobayes. » La ministre de la santé l’a rappelé, tous les enfants qui ne seront pas vaccinés ne seront pas admis dans les crèches et les écoles.
Analie Simon