Thibaut Zerr, l’homme aux mille métiers

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90 dons de corps ont été faits à la faculté de médecine de Nice, en 2024 © Cloé Lamy

Aujourd’hui technicien en laboratoire à la faculté de médecine de Nice, Thibaut Zerr n’en est pas à son premier métier. Il y a quelques années, il confectionnait encore des pâtisseries en tout genre. Un changement de vie radical attisé par sa forte curiosité.

À 47 ans, Thibaut Zerr ne compte plus les métiers à son actif. Pâtissier de formation, il a exercé tant dans des restaurants que dans des boulangeries durant de nombreuses années. Une profession qui l’a amenée à poser ses bagages dans plusieurs continents. Des horaires difficiles, des conditions de travail rudes et un besoin de découverte du monde accru par la naissance de ses enfants ont poussé ce père de famille à entamer sa première reconversion professionnelle.

Pour allier sa passion des voyages à son travail, il a choisi de se lancer dans une carrière de steward. Or, la vie en a décidé  autrement. C’est alors dans le tatouage qu’il a recherché à s’évader. Une courte parenthèse dans une vie à mille à l’heure. « Depuis notre plus jeune âge on nous oriente vers un secteur, on veut tout de suite qu’on trouve notre profil, notre carrière, confie-t-il. Ce qui est quasiment impossible. » Aujourd’hui, Thibaut Zerr officie dans un tout autre domaine.

« Le corps est un voyage »

Le don du corps, c’est un peu le fruit du hasard. À la recherche de nouveaux horizons, c’est grâce à un ancien collègue de travail qu’il côtoie aujourd’hui la mort : « Dès les premiers jours, j’ai trouvé cela super passionnant. » Renseigner les personnes sur ce qu’est le don du corps, assister les chirurgiens lors de cours de dissection, voilà ce à quoi ressemble le quotidien de Thibaut Zerr.  « Pour autant, je ne suis pas thanatopracteur, insiste-t-il. Le but est de manipuler les corps le moins possible. »

Une reconversion pour la moins inhabituelle. « Au début, j’avais des appréhensions : les cadavres, la mort… confesse-t-il. Une fois que j’ai vu les corps, je n’ai eu aucune réaction. Encore aujourd’hui, je le vis très bien, je n’en rêve pas la nuit. » Et ce n’est pas l’intrigue de ses proches quant à cette nouvelle voie qui l’en a dissuadé. « Il fallait que j’aille vivre cette expérience par moi-même. »

Un avenir encore incertain

Exercer un métier aussi proche de la mort implique que stress, cris et rapidité soient laissé-pour compte. « Je me suis imprégné de cet univers et je me suis découvert une autre personnalité, une  autre approche et un autre regard. »  Pour l’avenir, le technicien de laboratoire se laisse porter : « J’ai seulement six mois d’expérience dans le métier, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. » Une fin de carrière dans ce domaine ou un nouveau changement de voie, ce qui est sûr c’est que Thibaut Zerr colore son tableau de vie d’un parcours professionnel riche en savoirs.

Cloé Lamy et Jeanne Soury