Après une année remplie de manifestations en tout genre. C’est au tour de la police de faire entendre leur voix. La quasi totalité des gardiens de la paix sont en colères. Ils démontrent leurs conditions de travail alarmantes. Mais l’urgence dans leur rang est la recrudescence des suicides.
49. C’est le nombre de suicide enregistré depuis le début de l’année, pour les forces de l’ordre. Ce chiffre est le déclencheur du mouvement unitaire d’aujourd’hui. Le média en ligne Miroir Social démontre « une forte poussée d’actes suicidaires jamais connue à ce niveau pour un effectif approchant les 150 000 policiers ». Mais cet indicateur ne prend pas en compte « les tentatives de suicides, ni du mal-être qui s’exprime aussi par les nombreux divorces et séparations, voire par des addictions comme l’alcool ».
Malgré une cellule de vigilance mise en place, depuis le 12 avril, par Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. La police ne trouve pas ces mesures suffisantes. La première revendication de leur « marche de la colère » est la « lutte contre le suicide et les agressions », motif soutenu par le syndicat Unité SGP Police. Le Figaro, annonce fin juillet qu’en une semaine, cinq gardiens de la paix sont morts. Dans la police, il y a plus de suicide que de décès en service.
La difficulté du métier
« Quand on nous parle mal. C’est compliqué de garder son sang froid à toute épreuve », explique Johan Desneulin, CRS à Paris. Il ajoute : « au début de ma carrière c’était dur, voir impressionnant de me faire insulter si facilement. Je suis arrivé à douter si c’était vraiment dans cette voie que je voulais continuer ».
Malgré tout, ce jeune policier a compris grâce à l’expérience que les injures ne lui sont pas directement adressées. Mais elles sont désignées à son uniforme et à l’institution qu’il représente. Johan s’est créée « des barrières » pour ne pas être affecté et poursuivre sa vocation.
Des heures supplémentaires non payées
Une des raisons de l’augmentation des suicides peut être mis en corrélation avec le nombre de manifestations en hausse, depuis fin 2018. Les forces de l’ordre se sont retrouvés à faire des heures supplémentaires considérables chaque samedi pour couvrir les débordements des « gilets jaunes ». Le Parisien affirme, « les policiers ont accumulé quelques 23 millions d’heures supplémentaires non payées ».
Ces horaires à rallonge ont automatiquement un impact sur leur vie privée. Christophe Castaner reconnaît les difficultés des agents. Il s’exclame sur RMC : « les policiers ont un week-end [de repos] tous les six week-ends, la vie familiale en prend un coup ». Ces griefs sont des facteurs de risques certains.
Le révolver destructeur
Tous les grades sont touchés. Le « taux de suicide est supérieur de 36 % à celui du reste de la population », selon le rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Mais la mise à disposition d’un pistolet n’aide pas les policiers en difficultés ou en dépression. « Dans notre métier quand des idées noires apparaissent, c’est plus facile de passer à l’acte avec notre arme à porté de main », soupire le jeune CRS. Il enchérit : « nous pouvons garder notre arme chez nous après le travail. Personnellement, je l’ai tout le temps sur moi pour une question de sécurité surtout à Paris ».