SIDA : Il faut en finir avec les préjugés

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6 000 contaminations en 2016 en France. La région PACA est la 3ème la plus touchée ; les Alpes-maritimes le 1er département. Crédit : SIPA

Mettre à l’écart des personnes parce qu’elles sont malades ? Cela parait inconcevable en 2017 !  Et pourtant, voici le paradoxe : la médecine progresse alors que les stéréotypes autour du VIH perdurent. Au travail, dans le monde médical, ou encore dans le regard des gens. Déjà difficile à gérer psychologiquement, les malades doivent faire face à une stigmatisation et une discrimination.

Crainte d’une condamnation mortelle

Il y a des images qui restent depuis le début de l’épidémie, il y a 30 ans. Pascal Pugliese, docteur en infectiologie au CHU de Nice et président de COREVIH Paca Est (coordination régionale de lutte contre le VIH) explique : “les personnes nouvellement contaminées arrivent comme si c’était un condamnation mortelle”. Pourtant, c’est aujourd’hui un virus contrôlable, avec lequel “on peut vivre “relativement normalement”. Il faut rappeler que plus une personne séropositive est traitée tôt, plus sa “charge virale devient indétectable” et donc non contaminante. 

Stéphane Montigny, président de l’association Aides Paca affirme que beaucoup de personnes “toxicomanes se sont trouvées infectées”. Mais une réduction des cas chez les consommateurs de drogue par voie intraveineuse est constatée. Ceci est dû à une distribution de seringues propres et des traitements de substitution.

La stigmatisation, un frein à la prévention

La peur d’être stigmatisé, après l’annonce positive au test de dépistage freine la population à se faire dépister. Cette méthode, pourtant gratuite et accessible, est l’une des sensibilisation phare pendant les manifestations autour de la journée internationale de la lutte contre le sida. C’est “confidentiel et ça donne un résultat rapide” affirme Stéphane Montigny. Le président de l’association AIDES ajoute qu’il y a un jugement rencontré dans le milieu médical, dans le milieu du dépistage : “Parler de son homosexualité, d’être travailleur(se) du sexe, de ses pratiques sexuelles ou de consommer des drogues… ne se dit pas facilement à un médecin de famille par exemple, donc il n’y a pas forcément un relais efficace sur le dépistage”. C’est dans ces cas là que les associations sont plus “libre de parole”.

Des discriminations dans le monde médical ?

Dans Le Figaro, Nathalie témoigne : “Chez le dentiste je préviens la secrétaire médicale que je suis séropositive, observante et non contaminante. Et là, subitement, le rendez-vous est décalé à une heure tardive.” Des personnes dont la profession est de soigner refuseraient de prendre en charge des malades ? Improbable ! Une enquête de Aides montre pourtant “qu’un dentiste sur trois refuse de manière directe ou déguisée de les soigner”, selon Le Figaro. Aucune cohérence avec les avancées de la médecine. En 1996, les trithérapies et aujourd’hui les bithérapies ont fondamentalement changé l’évolution de la maladie. Le docteur en infectiologie Pascal Pugliese affirme : “Elles permettent aux personnes de restaurer une immunité et de contrôler leur virus”. Ces traitements sont faciles à prendre, marchent très bien et permettent d’avoir une espérance de vie proche de celle de la population générale.

Des discriminations dans le monde du travail…

Selon France Info, 31% des Français trouvent “normal” de considérer les personnes séropositives comme “inaptes à être policier, gendarme ou pompier”. De plus, 16% des personnes qui ont un emploi seraient gênées de travailler avec un collègue séropositif”. Il n’y a aucun risque à “côtoyer une personne séropositive dans son quotidien”, mais selon Stéphane Montigny (président de Aides Paca),”l’information sur les modes de transmission n’est pas assez diffusée”. Cela entraîne trop d’ignorance et donc de préjugés.

Lors d’une conférence en 2014 sur la discrimination du VIH, Nathalie Moyersoen a écrit un compte rendu ; après avoir révélé sa séropositivité à son patron, un homme (anonyme) a été licencié pour “faute grave” : “Je me suis retrouvé SDF. Je suis retourné chez ma mère, j’ai fait une dépression. Ça m’a touché pendant deux ans, le chômage, la dépression. Depuis je prends des antidépresseurs et je continue aujourd’hui. Au niveau du travail, j’ai été dégoûté. Je n’ai pas pu travailler pendant deux ans. […] “

Une note positive

Jusqu’en 2017, les soins funéraires ne leur étaient pas accessibles alors qu’aucun “cas de transmission du VIH à un professionnel dans le cadre de son activité n’avait été rapporté”, souligne Le Monde. Une mesure mise en place par la ministre de la santé Agnes Buzy, prendra effet le 1er Janvier. Le Sida et les hépatites sont “retirés de la liste des maladies concernées par cette interdiction”. Pour l’association Aides, “c’est une grande victoire dans la lutte contre la sérophobie et pour la dignité des personnes séropositives et de leurs proches”.

 


Rappel : Dans 40 pays, des restrictions d’entrée sont imposées aux personnes séropositives. Par exemple ; pour faire une demande de visa de plus de 3 mois pour la Russie, il faut obligatoirement effectuer un test sérologique (pour détecter les maladies infectieuses). Au Qatar ils ne peuvent rester qu’un seul mois, en Australie, pas plus de 3…


Ne pas confondre : “Le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) est un acronyme qui signifie que le corps sécrète les anticorps au VIH et que l’on est infecté par la maladie. Le sida (Syndrome d’Immuno Déficience Acquise) est l’acronyme du nom donné au stade avancé de cette infection par le VIH”.

Charlotte MORENO