Après sa défaite avec l’Espagne, mardi 19 décembre, face aux Pays-Bas lors des phases finales de la Coupe Davis, Rafael Nadal a joué son dernier tournoi. Des ultimes coups de raquette pour celui qui a inspiré tous les tennismen, y compris à Nice.
« Vamos ! » Un cri unique mais pourtant universel. Si dimanche, au terme de la Coupe Davis (compétition dans laquelle les joueurs représentent leur pays), jamais plus Rafael Nadal ne rugira sur un court, son encouragement continue de résonner sur les terrains de tennis.
Au GSEM, le club de la Trinité, la moitié des terrains sont en terre battue. Forcément, les jeunes tennismen niçois se donnent des airs de Rafa. Chaussures, tenue, même la raquette, Enzo Ribeiro a tout copié sur l’ogre Majorquin. « Vale Vale », entre deux points, il se motive en espagnol. « Mon plus grand regret ? Ne pas être hispanique. Je veux ressembler à Nadal sur tous les aspects. Pour me consoler, je porte ses habits, tente de jouer comme lui. » Replaçant adroitement sa bouteille, comme son idole, il repart sur le terrain ocre.
« Nadal est l’exemple que j’inculque le plus à mes élèves »
La machine aux 22 Grands Chelems est LE modèle, celui que les amateurs préfèrent imiter. Manu Ponce donne des leçons de tennis depuis 30 ans sur la Côte d’Azur. Pour lui, mentionner Rafa est une formalité : « Nadal est l’exemple que j’inculque le plus à mes élèves. Lorsque certains ne veulent pas passer le tapis (outil pour nettoyer le court de terre battue, NDLR) à la fin des entraînements, je leur rappelle que Nadal le fait encore. Sa mentalité est exemplaire. Humilité, combativité, persévérance, ces qualités mentales ont porté Nadal au plus haut de notre sport. Chaque joueur doit s’en inspirer. »
Néanmoins, depuis le bord du terrain, le coach nuance ses propos. La technique si singulière de l’homme au coup droit « lasso » n’est pas à la portée de tous. Pire, elle leur fait défaut : « Personne ne possède ses aptitudes physiques. Et sans elles, c’est impossible de réussir ce coup. Ça nécessite trop de force dans le bras. Voyez la taille du biceps de Rafa ! Je suis obligé de corriger les joueurs. Mais ce n’est pas évident de leur faire comprendre, vu que Nadal a tout gagné comme ça. » En trois décennies, l’entraîneur niçois a vu défiler plus d’un mini Nadal. Il est certain que même si le taureau Majorquin conclut sa carrière cette semaine, son héritage ne disparaîtra jamais.
Rafael Nadal, un exemple pour les professionnels
S’il est évident que Nadal est l’exemple des passionnés de tennis, il insuffle son modèle dans le monde pro aussi. Jonathan Eysseric (202e joueur à l’ATP) en fait partie. Quelques fois partenaires d’entraînement, il a pu tirer de précieux enseignements au plus proche du futur retraité. « Je me souviens à Monte-Carlo, j’étais son sparring-partner. On faisait des échanges en diagonale. Comme lui, je suis gaucher, alors on jouait tous les deux en coup droit. Je me calquais sur son schéma tactique, ses zones. J’ai tellement appris. »
Le tennisman français s’estime privilégié d’avoir partagé le court avec celui qui fait l’unanimité parmi les joueurs professionnels. Bien qu’il impressionne par son talent, c’est l’humanité de Nadal qui a le plus marqué Jonathan : « Il est réservé, humble. Sur les tournois, Rafa est poli avec les joueurs comme avec les intendants ou les cuisiniers. Il nous considère tous. C’est sa plus grande force », finit-il, ému.
Johann Rozier