Qui sont les « baby-coaches », ces jeunes entraîneurs qui séduisent le football européen ?

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En septembre 2018, Julian Nagelsmann devient à 31 ans le plus jeune entraîneur à diriger une équipe en Ligue des champions. ©Icon Sport

Ces derniers jours, Ryan Mason (29 ans) s’est installé sur le banc de Tottenham et Julian Nagelsmann (33 ans) a été promu à la tête du Bayern Munich pour la saison prochaine. Même chez les grands d’Europe, la tendance est désormais au « baby-coach ». 

À quelques semaines de la fin de la saison, plusieurs présidents et directeurs sportifs lorgnent déjà sur un nouvel entraîneur pour effacer les mauvais résultats de leur club. Si certaines écuries n’en sont qu’au stade de la réflexion, d’autres ont déjà franchi le pas. Même des grands d’Europe. Mercredi, le Bayern Munich a officialisé l’arrivée sur son banc du prodige allemand de 33 ans, Julian Nagelsmann, pour l’exercice à venir. Quelques jours auparavant Ryan Mason, seulement âgé de 29 ans, a pris la relève de José Mourinho à Tottenham. L’ancien joueur des Spurs, dont la carrière s’est stoppée net suite à une fracture du crâne, connaît sa toute première expérience de coaching dans son club formateur. Il est d’ailleurs le plus jeune manager de l’histoire de la Premier League. Preuve que la fraîcheur ne cesse d’attirer.

Ces dernières années, il était coutume de recycler les mêmes noms dans les grosses formations du continent. La valse des entraîneurs ne se dansait que dans un cercle très restreint, marqué par plusieurs noms : Antonio Conte, Thomas Tuchel, Maurizio Sarri, Unai Emery ou Carlo Ancelotti. Aujourd’hui, la donne est bien différente. De plus en plus d’équipes se focalisent sur des alternatives bien moins âgées et tout aussi brillantes.  

Julian Nagelsmann, le surdoué allemand

Il est peut-être à l’origine de cette nouvelle tendance. À seulement 33 ans, Julian Nagelsmann est l’entraîneur le plus prometteur du football européen. Forcé d’arrêter prématurément sa carrière de joueur après une blessure au genou à l’âge de 20 ans, il se tourne rapidement vers le coaching. Révélé à Hoffenheim où il a battu un record de précocité en Bundesliga (28 ans), Nagelsmann ne cesse d’impressionner à la tête du RB Leipzig. L’ancien adjoint de Tuchel a une capacité remarquable à se faire apprécier et respecter de son équipe. Dans le club de Saxe, il a réussi à faire éclore des jeunes talents, mais a aussi contribué à la renaissance de certains anciens.

Impressionnant par ces nouveaux concepts tactiques et le jeu résolument offensif produit par sa formation, le technicien allemand suscite depuis un certain temps les convoitises des plus grands clubs européens. C’est finalement le Bayern Munich qui s’est attaché les services du jeune prodige. Débauché 33 millions d’euros, une somme encore jamais atteinte pour un manager, Julian Nagelsmann aura la lourde tâche de remplacer Hansi Flick parti prendre les rênes de la sélection allemande. 

Ruben Amorim, la précocité portugaise

José Mourinho, André Villas-Boas, Sergio Conceição, Nuno Espírito Santo… Les entraîneurs portugais de classe mondiale sont nombreux. Un autre devrait bientôt s’ajouter à cette liste : Ruben Amorim. L’ex-joueur du Benfica a réalisé des débuts tonitruants pour démarrer son après-carrière avec une pige spectaculaire à Braga, en soulevant la Coupe de la Ligue début 2020. Auréolé d’un tel succès, il débarque en mars 2020 au Sporting Lisbonne, alors en pleine crise, contre un chèque de 10 millions d’euros. Aujourd’hui, sa valeur a logiquement doublé voire triplé.

À seulement 36 ans, l’ancien milieu de terrain réalise des prouesses sur le banc de la formation lisboète. Avec seulement quatre défaites lors de ses 44 premiers matches, ses statistiques sont affolantes. En misant sur les jeunes issus du centre de formation (Palhinha ou Tiago Tomas) avec des tauliers pour les encadrer (Antonio Adan, João Mario), Amorim a redonné un équilibre au géant portugais. Grâce à un système en 3-4-3 et un jeu basé sur la possession, le brillant technicien lusitanien est en passe d’emmener les Leões, en tête avec six points d’avance avec cinq journées restantes, vers un premier titre national depuis 2002. Ruben Amorim suscite l’intérêt partout en Europe (Leicester, Leeds) et cela n’a rien d’étonnant. 

Steven Gerrard, le flegme britannique

Il est très difficile de transférer son talent du terrain vers le banc. Demandez à Andrea Pirlo qui vit des heures très difficiles avec la Juventus. Être une légende du football ne signifie pas forcément être un bon entraîneur. Sauf exception. Zinedine Zidane en est une, Steven Gerrard pourrait en devenir une autre. Sans réelle expérience en tant qu’entraîneur principal, l’Anglais de 40 ans arrive aux Rangers en juin 2018 dans le but de redorer le blason du club mythique de Glasgow. 

Assez rapidement, l’ancien capitaine de Liverpool applique son style et son discours séduit les joueurs. Tout le monde adhère à son projet. Pour les deux premières saisons de Gerrard en Écosse, les Light Blues finissent deux fois derrière leur ennemi juré, le Celtic. Mais la troisième sera la bonne. Dix ans après, les Glasgow Rangers décrochent un nouveau titre de champion. Et avec la manière en plus, 20 points d’avance sur leur dauphin sans perdre aucune rencontre. Un huitième de finale en Ligue Europa pour donner encore un peu plus de relief à cette saison hors normes. Cela laisse présager un futur radieux pour Steven Gerrard. Et si l’icône des Reds continue de la sorte, c’est une évidence qu’il retrouvera tôt ou tard son jardin d’Anfield. 

Diego Martinez, l’antithèse hispanique

51,3 ans. C’est la moyenne d’âge des entraîneurs de La Liga, un championnat où l’on fait généralement confiance à l’expérience. Pourtant, Grenade a décidé de miser sur la jeunesse de Diego Martinez. En deux ans, l’ancien adjoint d’Unai Emery à Séville a littéralement métamorphosé le club andalou. Une montée dans l’élite du football espagnol en 2019, une qualification en Ligue Europa la saison suivante, le travail de Martinez est remarquable.

Le technicien de 40 ans a mis l’accent sur un collectif travailleur et une organisation défensive extrêmement rigoureuse. De quoi prendre à contre-courant l’esprit offensif du football pratiqué en Espagne. Un peu comme un furoncle sur une peau lisse, le jeu de Martinez n’est pas forcément beau à voir, mais il possède son charme. Fort d’un 4-2-3-1 malléable en fonction des situations, le natif de Vigo tire le meilleur d’un construit à partir d’un budget plus que modeste. Quart de finaliste de la Ligue Europa, huitième de Liga, Grenade ne cesse de surprendre, et Diego Martinez n’y est pas étranger.

Roberto De Zerbi, l’exubérance à l’italienne

Dans un pays où les entraîneurs sont souvent d’anciens joueurs de renom – Simone Inzaghi (Lazio), Filippo Inzaghi (Benevento), Gennaro Gattuso (Napoli), Andrea Pirlo (Juventus) – Roberto De Zerbi a dû batailler pour se forger une belle réputation. Après un succès mitigé à Palerme et à Benevento, l’ancien joueur du Napoli fait les beaux jours de Sassuolo, un des clubs les plus ambitieux de Serie A.

En Émilie-Romagne, De Zerbi a mis en place un jeu résolument tourné vers l’avant, un football très passionnant. Porté par Domenico Berardi (14 buts) et Francesco Caputo (11 buts), Sassuolo possède l’une des meilleures attaques de Serie A avec 55 buts marqués. Avec le coach de 41 ans, le spectacle est toujours au rendez-vous. Mais aussi les résultats. Une huitième place juste derrière les plus grosses écuries de la Botte, pas une mince affaire. En plus d’être un excellent tacticien, Roberto De Zerbi est un personnage ultra-charismatique et un communicant hors pair. À l’aise devant les caméras, il n’est jamais trop timide pour chanter ses propres louanges ou celles de son équipe.

Gerardo Seoane, le fin tacticien helvète

Il faut habituellement peu de temps avant que les entraîneurs suisses ne quittent le pays pour des championnats plus huppés. Lucien Favre, Martin Schmidt ou Urs Fischer en sont les exemples parfaits. Gerardo Seoane ne devrait pas échapper à la règle. Pour son premier poste, il entreprend une sublime remontée au classement avec le club de sa ville natale, le FC Lucerne, passant de la relégation à la troisième place. Après seulement une saison, l’Helvète rejoint les Young Boys Berne, cador du championnat suisse. 

L’homme que Seoane a remplacé dans la capitale n’est autre qu’Adi Hütter, désormais manager de l’Eintracht Francfort. L’ancien joueur devrait également emprunter cette passerelle de la Suisse à l’Allemagne. Ses performances parlent d’elles-mêmes. Les Young Boys ont décroché deux titres de champions consécutifs et se sont qualifiés pour la première fois de son histoire pour la phase de groupes de la Ligue des Champions. Le technicien de 42 ans est redoutable sur le plan tactique, alternant régulièrement entre divers systèmes à trois ou à quatre défenseurs. Gerardo Seoane maîtrise également cinq langues (allemand, français, espagnol, italien et anglais). Il ne devrait avoir aucun souci à se forger une place au sein d’un championnat majeur dans un futur (très) proche.