Quand les produits français n’en finissent plus de grimper

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Marché du mardi matin au cours Saleya, Nice. © Julie Marfin

La guerre en Ukraine, l’augmentation de l’essence et des charges… L’inflation se fait ressentir partout dans l’Hexagone. Sur les marchés locaux, le prix des produits français explose.

À Nice, les passants battent le pavé du cours Saleya. Malgré la saison automnale, l’été semble s’éterniser et le marché emblématique de la cité des Anges bat son plein. Un cadre idyllique qui en ferait presque oublier l’inflation et ses lourdes répercutions sur les prix des aliments. « J’ai honte que tout soit aussi cher », confie Slay Raouafi, à la tête d’un stand de légumes. « Tout a augmenté. Je me fournis auprès des paysans du Var et de la région, mais même dans ces conditions, j’ai du mal à ne pas répercuter la hausse des prix lors de la vente. »

Les paroles des revendeurs font écho entre elles. « Il y a une inflation de 20 % sur les produits étrangers et d’environ 30 % sur ceux de France », explique Laurie Gérard, marchande installée sur le cours Saleya. Depuis un an, les complications s’accumulent pour les agriculteurs. Ces derniers doivent encaisser le prix de l’essence et des charges, mais aussi celui des engrais. « Le gazole était déjà très cher l’année dernière, ce sont les traitements chimiques qui grimpent de plus en plus », souligne Albert Luciano, producteur et revendeur. Si les transports et la livraison entre les régions de France deviennent un facteur conséquent de cette augmentation, les aliments étrangers demeurent toutefois plus abordables. Pour continuer de vendre leur production en Europe, l’Espagne et l’Italie tentent ainsi de rester compétitifs par rapport à leur homologue français.

Les intempéries, facteur de rareté

« À cause de la chaleur, les plants s’abîment à une vitesse affolante », s’exclame Isabelle Pena derrière son étalage de champignons. « On a eu du mal à s’approvisionner et quand on trouve, c’est souvent hors de prix. » La canicule estivale a provoqué une dégradation importante des récoltes. La saison de certains fruits et légumes se raccourcit et la production diminue. « D’habitude, le paysan que je fréquente vend environ 40 000 tonnes de poires de Savoie. Cette année, il en a écoulé dix fois moins. Les prix deviennent alors délirants, je n’en prends plus », soupire Slay Raouafi. À la suite d’intempéries, certaines denrées deviennent plus rares. Les agriculteurs compensent cette perte en augmentant drastiquement leurs prix. Ainsi, les revendeurs sont soit contraints de prioriser des articles par rapport à d’autres, soit obligés de suivre l’inflation. « Globalement, j’ai dû augmenter mes prix de 50 centimes », indique Sabrina Ahkouch, une marchande sur les lieux. Dans les grandes surfaces, les tarifs vont jusqu’à doubler, voire tripler pour certains articles de référence. Pourtant, « il y a de moins en moins de monde sur les marchés et c’est très dur pour nous, commerçants ».

Julie MARFIN

*Ce travail a fait l’objet d’une double vérification juridique et éditoriale par Ismahan Stambouli*