Alors que le prix de l’immobilier recule en France sur le second semestre 2022, Nice fait figure d’exception. Une attractivité toujours forte, où l’offre de biens devient une vraie denrée rare. Le prix moyen du mètre carré s’élève à 4.687 euros en novembre.
Sa Promenade des Anglais, sa Baie des Anges et son microclimat ensoleillé. Nice, capitale Azuréenne, a tout pour plaire. Bon nombre de Français ont déjà franchi le pas pour la rejoindre. Résultat des courses, la forte demande des biens immobiliers ne cesse de croitre ces dernières années. Dans le bureau de son agence, Yannick Luzi, agent immobilier chez Orpi, croule sous les demandes. « À Nice, la clientèle change. Les nouveaux habitants viennent de la France, mais aussi du monde entier », assure-t-il. Mais problème. Les offres s’amenuisent à vue d’œil. « Elles sont très limitées. Et la plupart du temps, les clients sont de plus en plus exigeants. On fait face à une vraie pénurie, source d’une augmentation sans répit des prix de nos biens ». En 2020, 18 000 ventes ont vu le jour, contre plus de 32 000 cette année, selon la Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM).
Nice, le petit Paris ?
Et cette tendance semble globale. Seul le quartier de la Madeleine échappe à la hausse. Plus significatifs, les quartiers de Saint-Roch et du Mont-Boron ont vu le prix de leurs biens doubler en quatre ans. Avoisinant les 3 700 € en 2018, le prix moyen du mètre carré est désormais affiché à 4 687 € dans la métropole. « Même les quartiers populaires, comme Riquier ou le Port. Pour un trois, quatre pièces, souvent à refaire, il faut maintenant compter minimum 400 000 € », reconnait Yannick Luzi. De quoi faire un rapprochement avec Paris, où le marché immobilier flambe de façon similaire. « Nice, un petit Paris ? On s’y approche vraiment. Mais la ville garde ses spécificités. Au sein de la capitale, l’attrait est principalement économique. Sur la Côte d’Azur, on pense à la qualité de vie. » Ce n’est pas la seule raison de l’emballement du marché immobilier. Nice renait, et se développe. L’arrivée du tramway et le récent projet d’extension de la coulée verte doivent maintenir la tendance actuelle. « L’emplacement de l’aéroport, très proche de la ville, joue aussi », ajoute Cyril Messika, directeur adjoint de la FNAIM.
Une guerre commerciale : des surestimations ?
Mais dans cette véritable jungle de prix, comment s’y retrouver ? La guerre commerciale entre les agences immobilières n’est pas un mirage. « Le problème aujourd’hui, c’est la difficulté d’obtenir des mandats de vente des propriétaires. C’est un peu à celle qui donnera le plus. Cela accentue la concurrence, et forcément les prix », grimace l’agent immobilier. Le président adjoint de la FNAIM nuance pourtant. « Un professionnel ne surestime pas un bien. Aujourd’hui, on a les outils et l’expérience pour faire la bonne estimation. » Cette situation va-t-elle durer ? Pour les professionnels de l’habitat, aucun signe n’évoque le contraire pour le moment. « On cherche des solutions, en essayant de faire sortir des logements de terre plus rapidement. Mais il faut les financer, et les pénuries de matériaux allongent les retards de construction », ajoute-t-il. Un fait pourrait néanmoins freiner les demandes des acheteurs : les banques se montrent de plus en plus réticentes à l’accord de prêts financiers.
Pacôme Bienvenu
*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Ismahan Stambouli*