Dimanche 30 octobre, le parti travailliste remporte les élections présidentielles face au bolsonarisme. Égalité, pauvreté, protection de l’environnement… Les questions sociales reviennent au cœur des préoccupations politiques, mais le combat est loin d’être terminé.
« L’amour vaincra la haine ». On pourrait croire que ce slogan sort tout droit d’un mythe ou d’un conte de fée. Mais non, il symbolise la renaissance, la lumière au bout du tunnel. Luiz Inacio Lula da Silva, dit « Lula », est le nouveau président du Brésil. Dimanche 30 octobre, une lueur d’espoir s’est échappée du poumon de la terre. Mais cette étincelle reste timide : Jair Bolsonaro, le président sortant, a reçu 49,1 % des voix au second tour. Les deux candidats étaient au coude à coude pour ces élections et le représentant du parti ultraconservateur garde de nombreux appuis au sein du gouvernement. Si l’ancien militaire n’a pas évoqué la victoire de son adversaire lors de sa prise de parole ce mardi, il s’est toutefois engagé à « respecter la Constitution ». Lula investira ses fonctions le 1er janvier 2023 pour une durée de quatre ans.
Un petit pas pour l’Amazonie
« Le Brésil et la planète ont besoin d’une Amazonie en vie. » Il l’annonçait déjà dans son programme, le chef de file du Parti des Travailleurs souhaite remettre la question environnementale au centre du débat brésilien. Selon Lula, le pays est « prêt à jouer à nouveau les premiers rôles dans la lutte contre le changement climatique ». Face à cette affirmation, l’Europe et les États-Unis se sont montrés enthousiastes à l’idée d’agir à nouveau ensemble. Et pour cause : la déforestation est en perpétuelle augmentation sur le territoire depuis le mandat de Jair Bolsonaro. De 2018 à 2021, plus de 34 000 km² de forêt ont disparu, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Une étude parue en 2021 dans la revue scientifique Nature indique que l’Amazonie émet de plus en plus de CO2 au lieu de l’absorber (on parle de « puits de carbone »). Une dégradation principalement attribuée à l’agriculture intensive et aux fréquents feux de forêts. Tous les regards sont ainsi portés vers Lula. L’ancien métallo, qui avait réussi à diminuer de 80 % ce phénomène environnemental lors de ces deux premiers mandats de 2003 à 2011, doit maintenant redresser la barre.
Un avenir semé d’embûches pour le nouveau président
Jair Bolsonaro se retire du pouvoir en laissant derrière lui un champ de mine. Insécurité alimentaire, hausse de la pauvreté et des inégalités, stigmatisation des femmes ou encore désinformation et méfiance envers les médias… Les défis que doit affronter le septuagénaire sont nombreux et l’aide du parlement lui sera nécessaire. Or, le sénat et la chambre des députés penchent à droite depuis les élections du mois dernier. Des alliances avec le parti centriste sont attendues afin d’équilibrer l’échiquier politique. En parallèle, des symboles forts, contrastant avec le précédant régime, se réaffirment sur la scène diplomatique comme Marina Silva, candidate écologiste et ancienne ministre de l’Environnement.
Pour rétablir la confiance du public à l’égard des médias, Lula doit également rendre à l’agence publique de communication du Brésil (EBC) son indépendance éditoriale. Cette mesure peut avoir un rôle clef dans la gestion de la pandémie de la Covid-19, que l’ancien président a laissé à l’abandon.
Julie Marfin
*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Ismahan Stambouli et Meriam Riahi*