Deux semaines après le passage destructeur de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes, l’activité des sapeurs-pompiers reste soutenue. Recherches, opérations de reconnaissance, évacuation des sinistrés, acheminements de vivres, les actions de secours se multiplient pour les professionnels mobilisés hors des casernes. Ces « soldats du feu » dont la fonction est très souvent dépassée.
Une pluie diluvienne, des routes et des ponts engloutis, des habitations dévastées, des familles meurtries. Dans la nuit du 2 au 3 octobre dernier, le haut-pays niçois a vécu des heures bien sombres. Et c’est tout un département qui a tremblé. Cette situation de chaos nécessite, et pas des moindres, une forte présence des sapeurs-pompiers au cœur des différentes vallées. On en compte plus de 1 000, appelés en renfort dans toute la région PACA. Depuis ces dix derniers jours, les brigades diligentent plusieurs opérations de recherche, puisque, à l’heure actuelle, 22 personnes sont encore portées disparues. « Ces derniers jours ont été très éprouvants pour les équipes. Tout ce travail a un impact physique et mental sur nos pompiers », confie le commandant Fabrice Gentili, responsable du CODIS 06. En plus des tâches de secours quotidiennes dans l’arrière-pays, vient s’ajouter à la fatigue la peine éprouvée par le décès du capitaine Bruno Kohlhuber, l’un des deux pompiers recherchés depuis le passage d’Alex. Annoncée par le SDIS 06 le 8 octobre, la découverte du corps du capitaine Kohlhuber retrouvé dans le lit du Var, au sein de la commune de Carros, a d’autant plus miné le moral des troupes du commandant Gentili : « Cette disparition est un drame pour la France. C’est une émotion forte ».
« Ce sont nos vallées, on ne se pose pas de question »
À première vue, la principale mission du sapeur-pompier est de mener des opérations de sauvetage, d’évacuation et de mise en sécurité des populations, souvent dans l’urgence. Mais découle de ces actions une réalité sous-jacente. Dans un tel contexte de catastrophe naturelle, les pompiers doivent aussi et surtout assister la population touchée. « On fait partie de l’élan de solidarité pour aider les gens, en leur apportant de l’eau potable, des vivres et un soutien psychologique », affirme Fabrice Gentili. Le groupe de presse Nice-Matin a depuis ce lundi 5 octobre ouvert une cagnotte en ligne, afin de compléter un fonds d’urgence pour les sinistrés. Par ailleurs, plus de 65 000 euros ont déjà été récoltés, selon le journal. Car il est vrai, ces personnes touchées, coincées entre la Roya, la Tinée et la Vésubie, ont tout perdu ou presque. Pour la plupart, seul l’espoir de retrouver un semblant de normalité après ce cataclysme climatique demeure. « On fait beaucoup de social là-haut, auprès des gens les plus démunis, ceux qui pour qui leurs habitations ont été emportées, et pour les autres aussi », confirme le responsable du CODIS. Le rôle des sapeurs-pompiers ne s’arrête donc pas à l’assistance de personnes en danger. La preuve en est ici, les pompiers en font plus : « Ce sont nos vallées, on ne se pose pas de question », argue Fabrice Gentili. Une nouvelle fois, la solidarité érige des ponts là où plus rien ne subsiste. Et très souvent, on y retrouve comme « premiers de cordée », nos sapeurs-pompiers.