Mardi 16 mai, deux nouveaux squelettes ont été découverts dans la « Maison des Chastes Amants », à Pompéi. La présence de multiples fractures sur les ossements confirme la survenue d’un violent séisme, après l’éruption du Vésuve.
Recroquevillés sur eux-mêmes, le visage couvert par les mains. Deux nouveaux squelettes ont été fraîchement découverts au cœur des ruines de Pompéi, la ville romaine détruite en l’an 79, par l’éruption dévastatrice du Vésuve. Selon le parc archéologique, les corps, vieux de près de 2 000 ans, appartiennent à deux hommes d’une cinquantaine d’années. Les individus ont été exhumés le 16 mai, lors de « travaux de sécurisation et de réfection de la toiture de la Maison des Chastes Amants », précise le ministère italien de la Culture, dans un communiqué. Sur les dépouilles, les scientifiques ont également retrouvé cinq fermoirs à colliers en pâte de verre et six pièces de monnaie. D’après les chercheurs, ces habitants auraient tenté de se réfugier dans la buanderie de la propriété, probablement désaffectée à l’époque, en vue d’un chantier de rénovation.
Ces récentes découvertes permettent d’en apprendre plus sur le sort tragique des Pompéiens. Le ministère révèle la présence de « multiples fractures » sur les ossements et confirme la survenue d’une double tragédie. En effet, les deux victimes n’ont pas péri à cause de l’éruption, comme le laisse supposer la catastrophe, mais bien à la suite d’un puissant séisme survenu dans la foulée. « Les données des premières analyses anthropologiques sur le terrain indiquent que les deux individus sont morts de traumatismes causés par l’effondrement de certaines parties du bâtiment », complète Gabriel Zuchtriegel, directeur du site archéologique, sur Science et Vie de la Terre. L’écroulement des murs de la structure témoigne de la violence du tremblement de terre. « Toute la partie supérieure s’est détachée, écrasant et ensevelissant l’un des corps », affirme l’équipe du parc.
Comprendre le drame de la Cité des cendres
« Les techniques des fouilles modernes nous aident à comprendre toujours mieux l’enfer qui a entièrement détruit la ville de Pompéi en deux jours, tuant de nombreux habitants », souligne Gabriel Zuchtriegel pour Paris Match. L’activité du Vésuve a en effet rompu le silence d’un matin d’automne, en l’an 79. La ville romaine, située à 25 kilomètres du sud-est de Naples, se trouvait à l’époque au cœur d’une campagne électorale, comme en attestent les inscriptions retrouvées par les chercheurs. Mais c’est aux environs de 13 heures que la lave et les gaz plongent la Cité antique dans le chaos. Près de 3 000 personnes auraient perdu la vie à la suite de la catastrophe naturelle. « Au cours des deux derniers siècles et demi, plus de 1 300 victimes ont été retrouvées, mais ce n’est qu’aujourd’hui que nous avons l’opportunité d’étudier la dynamique exacte dans laquelle la mort s’est produite », précise le directeur du site sur le même média.
Les vestiges de cette civilisation sont encore aujourd’hui remarquablement bien conservés. Les couches de sédiments, composés de cendres volcaniques, ont figé dans le temps, les corps, les habitations et les temples. Mais depuis le début des recherches archéologiques, seulement 50 des 66 hectares ont été explorés. « La découverte des restes de deux Pompéiens montre tout ce qu’il reste à découvrir et confirme l’opportunité de poursuivre les investigations scientifiques et les activités de fouilles », poursuit Gabriel Zuchtriegel dans Science et Vie de la Terre. La Cité des cendres, classée au patrimoine mondial de l’Unesco et deuxième destination la plus prisée par les touristes en Italie après le Colisée, garde alors encore bien des secrets.
Mathilde Barat
*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Lucie Guerra*