Après plus de trente ans sur les écrans du service public, Patrick Montel suscite encore de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Apprécié par certains, moqué par d’autres, le journaliste est devenu « la voix de l’athlétisme ». Portrait.
« On pense à Guy Antanon, son entraîneur, à tous ceux qui entourent Jimmy (Vicaut) et puis aux Antilles qui ont tant donné pour … » Cette confusion de Patrick Montel en direct autour des origines de l’athlète agite les réseaux sociaux lors des mondiaux de Pékin en 2015. En effet, le sprinteur français est d’origine ivoirienne. Une coquille anecdotique au milieu de dizaines d’heures d’antenne… « Plus on passe à la télé et plus on est exposé aux critiques », constate Kader Boudaoud, le nouveau commentateur foot de France Télévisions.
Occupant le bureau voisin de Patrick Montel à son arrivée en tant que pigiste en 2000, Kader Boudaoud nous confie admirer et envier « la faculté de son confrère à passer en quelques secondes du commentaire du 100m au lancer de javelot ou encore à la hauteur. » Son enthousiasme, certes parfois débordant, et sa voix reconnaissable lui permettent de se différencier de ses confrères. « C’est avant tout un homme de terrain, très bienveillant et accueillant avec les nouveaux » raconte le remplaçant de Fabien Lévêque.
Un vrai passionné de sport
Patrick Montel est au cœur des critiques sur la toile mais n’en reste pas moins un passionné. En 1983, le sexagénaire quitte son métier stable de professeur au lycée Léon Blum de Créteil pour intégrer le ring médiatique. Cet emploi, qu’il préfère appeler passion, il l’exerce pour rendre hommage à son ami Dominique Duvauchelle, décédé des suites d’un accident de voiture à l’âge de 29 ans. Cette tragique disparition du journaliste sportif de Stade 2 a profondément marqué celui qui est devenu aujourd’hui la voix incontournable de l’athlétisme. « Quand mon ami est mort, ma vie a basculé. Soit je devenais fou, soit j’essayais de le remplacer » confie-t-il ému à Romain Donneux, fondateur du site Track and Life.
Son amour pour le sport est dans son ADN. « Je serais même prêt à payer pour aller commenter les Jeux Olympiques » me confie le journaliste qui a déjà couvert douze olympiades (9 d’été et 3 d’hiver). Amoureux de la performance et du sportif, il s’emporte derrière le micro et transmet aux téléspectateurs ses émotions au travers du sport. « Alors peut-être, alors peut-être ! » s’écrit-il lors du dernier relais de Floria Guei aux championnats d’Europe d’athlétisme de Zurich en 2014. Patrick Montel et ses consultants assistent à l’un des plus grands moments du sport français : le tour de piste de Floria Guei, partie quatrième, qui offre le titre européen du 4x400m féminin aux tricolores. « Il faut qu’ils arrêtent » lancent le sexagénaire, soucieux pour son cœur après la deuxième médaille d’or en quelques minutes pour la France. Spécialiste de l’athlétisme, Patrick Montel commente aussi bien les matchs de football, que le ski alpin et nordique ou encore le tennis.
Un journaliste engagé
« C’est quelqu’un de profondément humaniste, il adore la performance et le sportif, peut-être parfois trop », résume Kader Boudaoud. Patrick Montel lance en 2016 une page Facebook collaborative à son nom pour partager les émotions que le sport procure. Par des lives ou des interviews vidéos enregistrés, il distille des anecdotes sur la vie des sportifs. Il n’hésite pas non plus à donner son avis sur l’actualité après son footing ou ses balades dans le bois de Vincennes. « La voix de l’athlétisme » publie la même année Concentré d’émotions, une autobiographie de 232 pages dans laquelle il raconte ses différentes rencontres humaines depuis son début de carrière en 1987.
Le commentateur du service public s’engage pour la médiatisation des handisports. Patrick Montel a récemment réalisé pour Stade 2 un reportage poignant sur la vie de Cyrille, un militaire ayant perdu ses deux jambes à cause d’un engin piégé au Proche-Orient. Cet athlète, au corps meurtri, participe aux Invictus Games, une compétition imaginée par Harry, le prince de Galles, pour les soldats blessés au combat. Son deuxième combat est la lutte contre le racisme et le respect de tous les athlètes qu’il admire.