En début de semaine, Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer estimait à 30 000 le nombre de malades non détectés en France. Une conséquence directe de la deuxième vague de Covid-19. Dans les Alpes-Maritimes, malgré les efforts d’accompagnements, la tension s’accentue pour assurer leur suivi.
Des couloirs vides et un silence de plomb ponctué par quelques rares éclats de rires : ce lundi, difficile de faire plus calme qu’au sein du comité départemental de la Ligue contre le cancer. A l’accueil, Géraldine, déléguée à l’action pour les malades, cachée derrière des plaques de plexiglas prévient tout de suite, « c’est normal, on n’accueille pas les malades le lundi, et nos effectifs ont été réduits de moitié pour respecter les dernières mesures sanitaires ». Les yeux plissés, son sourire facilement devinable tranche avec l’inquiétude du moment. Sur le mois d’octobre, seulement cinq nouveaux patients atteints d’un cancer se sont inscris aux activités proposées par la ligue. Contre 10 à 15 habituellement. Moins de malades ? Non. Mais une peur plus généralisée ajoutée à une baisse des dépistages.
Se liguer contre l’isolement
Pourtant, Géraldine est formelle : le suivit thérapeutique proposé y est essentiel, tant pour les patients que pour leur entourage. « Les femmes qui viennent encore nous voir ont besoin de se sentir soutenues et de continuer à vivre des moments pour elles […] Le couvre-feu accentue forcément leur isolement, et c’est à nous d’être là », confie-t-elle entre deux gorgées d’eau. Face à cet isolement dû à la menace Covid-19, la ligue contre le cancer tente ainsi de réagir en proposant de nouveaux moyens d’accompagnements. Parmi eux, les consultations par téléphone. Pour Eugénie Clauzon, sa directrice, c’est le meilleur moyen de garder un lien tout en répondant aux inquiétudes de chacun. « Ces consultations fonctionnent très bien, surtout en ce moment… On a des patients qui n’osent plus venir au comité par peur du virus, d’autres qui cherchent simplement à être rassurés », détaille-t-elle, le ton presque solennel. Mais lorsqu’on l’interroge sur les risques de la deuxième vague pour ses patients, une pointe de doute envahit sa voix. « Pour l’heure la situation est sous contrôle… Le centre Lacassagne avec qui nous collaborons étroitement fait un travail remarquable […] On se doit de tenir bon ».
« Il faut s’attendre à des jours plus difficiles que lors de la première vague »
Car si l’inquiétude émerge à la Ligue contre le cancer 06, elle est déjà bien présente du côté de l’Hôpital Pasteur. Contacté par téléphone, Hervé Caël, subdélégué à la Maison de Santé de la Ville de Nice redoute de nouvelles déprogrammations dans le service de cancérologie. « Aujourd’hui les patients sont pris en charge dans le centre Lacassagne, mais demain ce ne sera peut-être plus le cas. Il faut s’attendre à des jours plus difficiles que lors de la première vague », alerte l’urgentiste. Si aucun chiffre officiel n’est pour l’heure connu sur le département, il pointe également l’arrêt des traitements décidés par certains patients, de peur de la Covid-19. « C’est un phénomène que nous avions déjà connu en début d’année, et il faut à tout prix éviter qu’il ne se généralise davantage. Les patients atteints de cancer doivent pouvoir suivre leurs traitements et soins dans la mesure du possible », rappelle-t-il au combiné, le souffle lent.
Hervé Caël souhaite, dans les prochains jours, relancer la campagne de sensibilisation aux soins pour les personnes concernées, en collaboration avec la métropole et l’union régionale des médecins libéraux.