À 30 ans, elle est fraîchement diplômée d’un Bachelor de journalisme à l’École du Journalisme de Nice. Nous avons décidé de lui rendre hommage, car cette jeune femme possède une particularité évidente qui la distingue… Son sourire.
14 h 30, rendez-vous avec l’optimisme, autour d’un café. Elle s’appelle Ornella. Son nom de famille d’origine flamande est digne d’un mot compte triple au scrabble. Une jeune femme blonde, au visage très expressif. De grands yeux verts, parfaitement maquillés et des pommettes rieuses. Elle prend soin d’elle et sourit à la vie, sans cesse. Qui pourrait imaginer que sous ce visage épanoui se cachent des fêlures ? Qui pourrait croire que sous cette longue jupe fleurie, se cache un fauteuil roulant ? Personne. Puisque Ornella court plus vite que n’importe qui, portée par un mental d’acier.
Le vilain petit canard…
Un soupçon d’Italie, un zeste de Belgique et voilà, Ornella Van Caemelbecke est née dans le Nord-Pas-Calais, le 16 septembre 1988. Petite dernière d’une fratrie de quatre enfants, elle a 3 ans lorsque la famille nombreuse déménage sur la Côte d’Azur. Sous un ciel bleu, la fillette vit quelques orages. « Mes parents ont divorcé lorsque j’avais 8 ans, depuis je garde en moi la peur de l’abandon », raconte-t-elle, sincèrement.
« Je me suis toujours sentie comme le vilain petit canard dans ma famille, comme si on ne me voyait pas et qu’on ne me comprenait pas », confie celle qui se définissait comme un garçon manqué. Puis, elle est confrontée à la cruauté des adolescents lorsque le harcèlement scolaire vient assombrir son horizon. Autant d’obstacles que la pétillante jeune femme parvient à surmonter, grâce à l’amour, à l’amitié et à son incroyable confiance dans la vie. Une vie qu’elle aime démesurément.
… se transforme en cygne
L’amour, l’amour, l’amour. Un mot qui lui colle à la peau. Plus que des paroles, l’amour est sa bouée de sauvetage. Celle qui l’a sortie des périodes difficiles. La rencontre des bonnes personnes au bon moment, autant de signes précieux pour cette apprentie bouddhiste. Puis il y a l’amour des lettres qui fait partie intégrante d’elle-même. « J’ai toujours rêvé d’être écrivain », avoue-t-elle, les yeux plongés dans ses souvenirs. Une succession de choix la guide d’abord vers une autre voie. Mais le destin la pousse à revenir à ses premiers amours, toujours.
Pour le pire et pour le meilleur
« J’ai eu un accident de luge, pour moi, il était providentiel, tout était écrit, je sais qu’il devait arriver », confie la jeune femme, sensible à la spiritualité. Touchée à la moelle épinière, Ornella est paraplégique depuis quatre ans. « Pour moi, rien n’arrive par hasard, tout a un sens. J’avais besoin de comprendre et j’ai trouvé des raisons ». Hors de question de s’acharner sur son sort, elle réfléchit déjà à ce qu’elle va faire de son futur. Le journalisme s’impose comme une évidence. Un rêve manqué que le destin a choisi de ramener. « Après ça, j’ai trouvé ma voie et j’ai aussi rencontré l’amour, la personne avec qui je veux faire ma vie et avoir des enfants », admet, sourire aux lèvres, cette éternelle amoureuse.
La force à l’état pur
« Parfois, les gens me félicitent d’être en soirée. Ils voudraient que je reste chez moi à pleurer, c’est ça ? » Impossible pour quelqu’un qui vit à 100 km/h comme elle. S’ils savaient que depuis son fauteuil, Ornella joue au tennis et fait du tir à l’arc. « À l’hôpital, j’ai tiré ma première flèche en plein dans le mil, sans vouloir me vanter, je suis plutôt bonne », savoure cette compétitrice dans l’âme. S’ils imaginaient qu’elle avait piloté un planeur. « Je suis aussi partie quelques jours en Irlande, seule pour la première fois depuis mon accident. J’avais besoin de cette retraite, de me retrouver face à moi-même, quand bien même ça fait peur », raconte celle qui n’hésite pas à se challenger
Parmi ses objectifs : devenir journaliste et remarcher. Le premier est atteint haut la main. Le second est travaillé d’arrache-pied, chaque seconde. « Tous les jours, je m’épanouis dans ma vie d’adulte, grâce à l’amour que je donne à mon enfant intérieur, à cette petite Ornella de 10 ans qui m’a écrit une lettre pour me féliciter, samedi dernier. Je vais remarcher, je le sais ».
« Je ne suis pas plus géniale qu’avant »
Ornella ne comprendra probablement pas pourquoi ces quelques lignes la mettent à l’honneur. Elle n’imagine sûrement pas les ondes positives qu’elle procure par son sourire vrai. Le courage qu’elle démontre et qu’elle inspire. « Tout le monde me dit que je suis géniale, je ne le suis pas plus qu’avant pourtant », remarque la tout juste diplômée. Ce n’est pas une histoire de handicap, c’est une histoire de personnalité. Ornella a quelque chose de spécial, cette force de caractère qui crève les yeux, ce grain de folie qui stimule le cœur et ce don de vérité qui frappe l’âme.