Nice se pare du ruban rose

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La campagne Octobre Rose 2022 touche à sa fin. Tout au long du mois, la ville de Nice s’est mobilisée. Évènements, décorations ou encore prévention, tout était fait pour inciter au dépistage.

« Notre objectif est de faire savoir qu’il y a un vrai défi, le cancer du sein est un enjeu de santé publique », déclare Emmanuelle Soummer, responsable du service prévention et promotion de la santé, au sein de la direction de la santé publique à la ville de Nice. Pour cette 28e édition d’Octobre Rose, la cité des Anges a fait de cette cause une priorité. Au programme : une campagne d’affichage sur le tram et sur les écrans numériques, les bâtiments emblématiques comme le palais de justice, éclairés en rose à la nuit tombée ou encore le célèbre #ILoveNice paré d’un ruban rose. Un flyer « facile à lire et à comprendre », expliquant les possibilités de dépistages en fonction de son âge, a également été créé. « On utilise des messages de communication très simples pour inciter les femmes à se faire dépister », ajoute la responsable. 

https://twitter.com/villedenice/status/1443934914001444866

Différents évènements caritatifs concentrés autour du cancer du sein ont été organisés tout au long du mois. Le 1er octobre, le Gang des crânes rasés, rassemblant des femmes malades, a défilé sur la place du Palais dans des robes prêtées par les Galeries Lafayette. « Une manière de se mettre en valeur et de montrer aux gens qu’on peut être malade, mais garder le sourire et rester fière », affirme Emmanuelle Soummer. Le lendemain, marcheurs et coureurs participant au jogging rose organisé par l’association SOS cancer du sein se sont emparés de la Promenade des Anglais. « La ville a la capacité de coordonner et de faciliter le travail d’associations, explique la responsable, on sécurise les lieux et on facilite le lien entre les différents acteurs du territoire. »

Une campagne historique

L’histoire d’Octobre Rose a bien plus de 28 ans. C’est en réalité en 1985, aux États-Unis, que la American Cancer Society s’associe avec l’entreprise Imperial Chemical Industries pour mettre en place la première campagne de sensibilisation et de prévention contre le cancer du sein. En 1993, l’Américaine Evelyn H. Lauder, alors atteinte du cancer, et Alexandra Penney, rédactrice en chef de Self Magazine, s’emparent de cette cause et créent la Breast Cancer Research Foundation. Un an plus tard, Octobre Rose est importé en France grâce à une collaboration entre le groupe Esthée Lauder et le magazine Marie-Claire. Ensemble, ils créent l’association aujourd’hui connue sous le nom de Ruban Rose. Depuis, le pays entier se mobilise chaque année à travers des événements caritatifs et culturels, des actions de prévention, des collectes ou des campagnes publicitaires. Informer, inciter au dépistage et récolter des fonds pour la recherche sont au cœur du mouvement. 

https://twitter.com/VilledeNice/status/1584575191413293056

Mais alors pourquoi le mois d’octobre et la couleur rose ? Les années 1980 et 1990 ont été marquées par la lutte contre le SIDA, symbolisée par un ruban rouge. Il était donc question de différencier les deux combats. Evelyn H. Lauder et Alexandra Penney ont alors pensé à un ruban rose, inspiré de la couleur la plus vendue par la marque de cosmétique, le rose 150. « Une couleur féminine, douce, joyeuse et qui évoque la bonne santé, tout ce que ce cancer n’est pas », détaille l’association Breast Cancer Action.

Des données alarmantes

Si la ville de Nice se mobilise autant, c’est parce qu’« on constate qu’il y a une chute depuis le début de l’année 2022, du nombre de dépistages réalisés par les femmes », déplore Emmanuelle Soummer. En se basant sur des données locales, la responsable de la prévention affirme que 33 % de la population devrait se faire dépister mais ne le fait pas. À l’échelle nationale, les chiffres sont encore plus affolants : d’après les données de l’Institut National Du Cancer, près de 58 500 nouveaux cas sont estimés en 2018 et plus de 12 100 décès sont comptabilisés. Florence, secrétaire médicale du cabinet de radiologie Le Parnasse, regrette « qu’il y ait parfois des patientes qui téléphonent en demandant la date de leur dernière mammographie. Il arrive que je leur réponde que ça fait quatre ans ». À travers des marques de couleur rose disposées dans tout le cabinet, elle a pour objectif d’attirer l’attention des patientes « pour qu’elles se disent « tiens, c’est Octobre Rose, il faudrait que je fasse un contrôle » », conclut-elle.

Lucie Guerra

*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Adrien Roche et Ismahan Stambouli*