Moha La Squale s’est fait un nom dans le rap en à peine 6 mois. Il a faim. Sorti de nulle part, le rappeur a fait une entrée fracassante. Productif mais surtout polyvalent, son parcours est tout sauf banal. Il connaît la prison avant d’intégrer la prestigieuse école de théâtre, le Cours Florent. Qui peut l’arrêter dans son élan?
Il s’est fait remarquer sur Facebook un peu par hasard. Lui-même n’avait pas vraiment prédit une carrière dans la musique. Lors d’une interview pour Radio Nova, Moha sort du silence « J’ai commencé à écrire il y a 5 mois. » Il poursuit « On n’accorde pas vraiment d’importance au rap. » Les internautes et les médias ne lui ont pas laissé le choix. En 3 mois, Moha La Squale a une vingtaine de clips à son actif et plus de la moitié a dépassé le million de vues. Derrière le micro, il a la hargne. Derrière la caméra, il développe sa prestance. Rappeur et comédien auto-interprète, le natif du XXème arrondissement de Paris entame sa deuxième année au Cours Florent. Sur sa page Youtube, on retrouve d’ailleurs La Graine, un court-métrage du jeune homme diffusé sur Arte en 2015. Sombre, intense, impossible de détourner le regard pendant ces 20 minutes. Ne pouvant compter que sur lui-même, Moha refuse d’abandonner un nouveau-né et tente de le sauver, en vain. Peut-être un clin d’oeil à sa jeunesse. Des bruits courent selon lesquels son frère aîné, jeune parent, serait en cavale pour fuir la justice. Mohammed aurait pris son neveu sous son aile. Une de ses musiques est intitulée « Rémi sans famille », référence au dessin animé japonais inspiré du roman d’Hector Malot. L’histoire d’un enfant laissé à l’abandon. L’univers artistique de Moha La Squale n’a pas de secret : c’est le reflet d’un vécu marquant. Pas de pudeur dans ses textes, il parle de la rue et de sa propre expérience. « Les gens parlent d’amour, moi je te parle de ce que je connais. » Il évoque l’absence paternelle et rend hommage à sa mère dans ses freestyles.
Future icône du rap ou tendance du moment?
La Squale ne s’arrête plus. Déterminé et productif, le rappeur d’origine algérienne prend un risque sur le long terme. L’engouement autour du personnage peut très vite s’estomper s’il ne parvient pas à se diversifier, tant dans les thèmes qu’il aborde – la drogue, la rue et son parcours – que dans son flow frénétique, souvent redondant. Depuis bien des années, le rap est le genre musical le plus populaire en France et pour se faire une place – et surtout la conserver -, il faut sortir du lot. Mais si Moha La Squale plaît autant, c’est aussi pour son charisme. Le visuel a pris une place considérable dans le rap. Un clip vidéo offre une toute autre dimension au morceau. D’ailleurs, des artistes comme Nekfeu, Sadek ou Kaaris se sont fait une place dans le cinéma français au côté d’acteurs incontournables. La musique et le théâtre : deux passions que le jeune homme peut concilier sans problème pour dessiner sa carrière. Comme dirait Lefa dans sa chanson 20 ans « le succès, ça ne dure qu’un temps. » À défaut de s’imposer dans ce milieu, certains rappeurs repartent aussi vite qu’ils sont arrivés. Prudence.
Marc Chavanne