Bien loin de brider la féminité ou de la cacher, la mode s’est imposée depuis des générations comme un phénomène prônant l’émancipation de la femme. De la it-girl à la working girl en passant par la « desperate » housewive, les adeptes des pages mode sont de plus en plus nombreuses.
Combien d’encre a pu couler sur le rapport d’une femme à ses tenues… Peut-être parce que nombre d’entre elles prennent au pied de la lettre les mots du créateur Yves Saint Laurent : « Quand on se sent bien dans un vêtement, tout peut arriver. Un bon vêtement, c’est un passeport pour le bonheur ». Pour la gent féminine, être tendance, c’est à la fois être dans l’air du temps et faire preuve d’assurance. Une sorte d’aventure vestimentaire qui promet toujours de faire sensation. Qu’on se l’avoue mesdames, il suffit parfois de se vêtir d’une jolie robe et de chausser des talons hauts pour se sentir prête à conquérir le monde. C’est là que la culture, les qualités rédactionnelles, le sens de la vérification et l’originalité des journalistes en presse féminine entrent en jeu. Tels des experts dans l’art du vêtement, ils informent les lecteurs sur les dernières tendances, les chouchous des maisons de couture et les événements du secteur de la mode.
Le phoenix de la presse féminine
Lorsqu’on la pense dépassée, la mode ne cesse de renaître de ses cendres. Et puis après tout, le succès tient parfois à une réinvention perpétuelle. Force est de constater que dans la mode tout est affaire de temporalité, qu’aux moments de folie passagère succèdent des temps de conformisme. Les créateurs ont dû redoubler d’inventivité pour continuer de surprendre. Des efforts qui ne sont pas passés inaperçus auprès de la journaliste et it-girl dans l’âme Pauline Arnal : « Des jeunes créateurs réinventent chaque année les tendances pour le plus grand bonheur des fashionistas. Jacquemus qui fait défiler des mannequins dans un champ de lavande, Dolce & Gabbana qui utilise des drones pour faire défiler ses sacs… c’est du jamais-vu».
Si l’inédit se présente comme un atout phare dans la mode, le monde du journalisme a dû lui aussi revoir ses codes. En effet, même si chaque jour apporte son lot indispensable d’interviews, de portraits, de billets ou encore de chroniques, les genres journalistiques comme la revue de presse et le reportage charment tout autant les fashion lovers. C’est notamment par son appréciation humoristique, ironique et arrogante de la mode que le journaliste Loïc Prigent a imposé le respect de ses confrères. Chaque jour, il présente aux téléspectateurs de TMC un reportage de « 5 minutes de mode ». Et sa plume est si légère et satirique qu’elle donnerait à oublier l’univers cruel du film Le diable s’habille en Prada.
Une discipline aux apparences superficielles
Néanmoins, l’expertise dans la presse féminine n’est pas donnée à tout le monde. Un constat qui désole Sophie Hugues, professeur de mode à l’École du Journalisme de Nice : « La mode mérite davantage de profondeur que la superficialité qu’on lui donne ». Pour cette passionnée qui s’applique à entremêler la mode à l’art, « un journaliste en presse féminine doit avoir des connaissances sur le vêtement dans ses aspects techniques, historiques, symboliques et esthétiques ». C’est d’ailleurs cette capacité à faire des transversalités que l’on peut déceler dans la critique de Virginie Mouzat pour le défilé Tom Ford 2011 à Londres : « L’escarpin lacé sur la cheville ? Un ersatz d’un modèle Alaïa. Le jogging en cuir noir ? Déjà vu dans la croisière Céline, l’année dernière, tout comme les sandales à brides gourmette (ici, incrustée de strass). La robe hérissée de volants en raphia ? Une pâle version de celles d’Yves Saint Laurent du printemps-été 1967 ». Face à cette analyse, le créateur Tom Ford lui-même finira par reconnaître la justesse de ces mots. De quoi prouver le pouvoir de la plume d’un journaliste.
Surprendre l’audience voilà l’objectif principal des médias féminins. Le lectorat attend du contenu journalistique, certes mais un maximum de références actuelles. Pour la journaliste mode et beauté Pauline Arnal, le seul obstacle qui s’impose dans les rédactions est le temps : « Aller vers l’article shopping facile n’est pas l’idéal, mais pour beaucoup de médias : c’est une solution. Il ne reste plus qu’aux jeunes journalistes de changer la donne ». Vous l’aurez donc compris chers confrères, la presse féminine n’attend plus que vous.