Nicolas Sarkozy et François Hollande le promettaient aussi : tourner la page de la Françafrique et être le leader qui propulse le continent dans son développement. Au lendemain de sa tournée africaine, que propose Emmanuel Macron à son tour pour y parvenir ?
1️⃣ La création du Conseil Présidentiel pour l’Afrique
Officialisé le 29 août dernier par Emmanuel Macron, il réunit onze personnes volontaires provenant de la société civile. Footballer, avocat, journaliste, investisseur… Leur rôle : être l’intermédiaire entre la France et l’Afrique pour améliorer les échanges. Ainsi, le président français consultera l’organisation tous les trois mois pour entendre leurs revendications, organiser ses prochains voyages sur le continent ou encore recevoir de l’aide pour écrire ses discours. Karym Sy, membre du CPA et entrepreneur dans le numérique en Afrique, explique : « Habituellement, ce sont plutôt des officiels ou des grands patrons qui sont reçus. Ce Conseil va porter de nouvelles voix, de nouveaux visages, et une nouvelle manière de voir l’Afrique ».
Pour l’instant, l’organisation semble avoir porté ses fruits étant donné le succès de la récente tournée d’Emmanuel Macron. Reste à savoir si elle saura s’inscrire dans la durée.
2️⃣ Pousser les jeunes africains diplômés à travailler en Afrique
Et pour les encourager, Emmanuel Macron annonce lors de son discours au Burkina Faso la création d’un visa de circulation longue durée. Ainsi, après l’obtention de leur diplôme, les jeunes africains pourront travailler dans leur pays d’origine sans craindre de ne plus pouvoir revenir en France. « Si vous êtes médecin, allez exercer votre art au Bénin et je vous promets qu’avec ce visa long séjour, vous pourrez revenir plus tard en France », a assuré le président français. Pour lui, c’est clair : c’est aux Africains de contribuer au développement de l’économie sur le continent… Et c’est valable pour les deux sexes ! Pour donner l’opportunité aux femmes défavorisées d’y contribuer, la France souhaite attribuer ses bourses à l’étude aux filles en priorité. Petit rappel : au Brukina Faso, seulement 67% des femmes de moins de 24 ne savent ni lire ni écrire (selon l’Unicef).
3️⃣ 1,4 milliards d’euros pour le métro d’Abidjan
La France compte bien relancer ses investissements en Afrique. Lors de son déplacement dans le pays, Emmanuel Macron a lancé le chantier, accompagné de son homologue ivoirien Alassane Dramane Ouatara. Le métro s’étendra sur 37 kilomètres pour relier le nord et le sud de la ville d’Abidjan. L’Hexagone a déboursé un prêt de 1,4 milliards d’euros… Une somme qui représente vrai un coup de pouce pour la Côte d’Ivoire.
Au Burkina Faso, le président français n’a pas non plus manqué de montrer son soutien aux développement des énergies vertes en inaugurant la plus grande centrale solaire d’Afrique de l’Ouest. 129 000 panneaux solaires sur 60 hectares, un projet qui a été financé en partie par l’Agence française du développement à hauteur de 22,5 millions d’euros.
4️⃣ Lutter contre l’esclavage en Libye
Faire valoir le droit d’asile des migrants retenus en Libye pour les faire évacuer : la France est la seule à le faire. Vente d’humains, viols, enfermement forcé… Là-bas, les migrants vivent un enfer. Depuis cet été et en coopération avec le Tchad et le Niger (pays frontaliers de la Libye), le pays a officiellement accueilli vingt-cinq réfugiés retenus illégalement en Libye. Avant 2019, Emmanuel Macron compte en faire venir près de 3 000. Avec un cet engagement, il compte bien montrer l’exemple. Sauf que pour l’instant, les pays européens le regardent faire, de loin.
Au cours du cinquième sommet Union africaine – Union européenne à Abidjan, Emmanuel Macron s’est aussi montré comme le porteur d’un projet concret pour le terrain. Les 83 pays participants ont accepté de coopérer pour envoyer des actions policières sur le terrain. Objectif : démanteler le réseau d’esclavage qui fait 390 000 victimes selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Autre mesure : aider le retour des migrants africains ne pouvant pas bénéficier de l’asile dans leur pays d’origine avec l’Onu.
5️⃣ Donner plus de moyens pour combattre le terrorisme
Depuis 2014, le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) accompagne les soldats français de l’opération Barkhane pour lutter contre les djihadistes dans la région. Son objectif est de remplacer progressivement les forces internationales. Mais pour Emmanuel Macron, le G5 est au ralenti : le terrorisme ne recule pas, notamment au Mali où dix-sept militaires français ont déjà perdu la vie depuis 2013. L’Élysée souhaite donc « amplifier en termes d‘effectifs militaires et de moyens » l’action de l’organisation. Lors du sommet UA – UE, Emmanuel Macron a annoncé qu’il recevra à Paris le 13 décembre prochain toutes les forces mobilisées sur le terrain pour « accélérer le déploiement ». Une étape indispensable pour faire reculer la guerre et redonner de la stabilité à la région.
Émilie Moulin