À l’approche de l’hiver, le département dénombre près de 7 500 nouveaux inscrits aux Restos du cœur. C’est deux fois plus que la moyenne nationale. Une augmentation significative, illustrée au centre Dabray, à Nice.
Comme chaque matin, rue Dabray, les bénéficiaires des Restos du cœur se massent devant le plus important centre de la capitale azuréenne. Des jeunes, des personnes âgées et même des familles patientent, malgré le mauvais temps, au pied de l’immeuble le Gascogne. « On aimerait les accueillir à l’intérieur, au chaud avec un café, se lamente Gérard Perez, directeur du lieu, mais les locaux sont trop petits. »
Lancée depuis le mardi 22 novembre, la 38è campagne de l’association bat son plein. Le département compte 25 % d’inscrits supplémentaires par rapport à l’année dernière. En cause : l’arrivée de nombreux réfugiés d’Ukraine, les conséquences de la crise du Covid, mais également l’inflation touchant les plus fragiles. « Dans notre antenne, on constate environ 15 % de nouveaux inscrits. C’est colossal ! », se désole l’animateur.
« Les Restos sont un lieu de bienveillance et de convivialité »
« Les Restos sont un lieu de bienveillance et de convivialité », confie Ourida Malek, 54 ans, bénévole et bénéficiaire depuis un an, « j’oublie mes problèmes et je fais mes courses comme tout le monde ». A la suite d’un accident de la vie, cette Niçoise vient chaque semaine au centre Dabray pour « aider les autres et rendre la pareille ».
À l’entrée, l’une des 87 volontaires accueille les inscrits et les guide chaleureusement dans leurs collectes. Conserves, légumes et pâtes garnissent les étagères du local. « Avant, je mangeais de la viande une fois par mois, ce qui m’occasionnait quelques carences. Grâce à l’association, c’est devenu plus régulier », poursuit la quinquagénaire. Comme Ourida, ils sont 2 108 familles maralpines à obtenir cette aide alimentaire. Soit 5 160 personnes profitant d’un « coup de pouce », souvent peu évoquées, pourtant indispensables pour retrouver une stabilité. « Je suis triste de constater l’affluence croissante aux Restos. Derrière chaque sourire il y a une histoire brisée, mais ici on l’oublie. »
L’inflation accentue la précarité
Si certains bénéficiaires sont des habitués, comme les personnes isolées et les familles monoparentales, d’autres profils émergent. Parmi eux : les travailleurs. « Aujourd’hui vous ne vivez pas pour vous amuser, vous travaillez pour vous nourrir et vous loger », souligne Gérard Perez. Un constat inquiétant, principalement causé par l’inflation, impactant les dons reçus par l’association. Créée en 1985, elle reçoit majoritairement des denrées de la part de l’Union Européenne et de négoces, néanmoins les produits offerts durant les collectes restent particulièrement importants. « Les particuliers regardent de plus en plus leurs porte-monnaie, je crains une forte chute de leurs donations. C’est très compliqué, je ne sais pas encore comment nous allons y pallier. » En conséquence, le directeur envisage de réduire la quantité des paniers-repas distribués afin de satisfaire un maximum d’inscrits. « Ma plus grande peur, c’est que les bébés d’aujourd’hui soient les personnes accueillies de demain. »
– Dans les Alpes-Maritimes, la dernière campagne a permis de venir en aide à 12 000 familles, soit 30 000 personnes dont 726 bébés de moins d’un an. – Dans le 06, on dénombre près de 700 bénévoles répartis dans 19 centres d’activités. – Les habitants des vallées aux alentours de Nice comptent une majorité de bénéficiaires. Sur la demande des mairies, des centres itinérants sont mis en place. |
Pauline Jarzynka
*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Lucie Guerra*