Officiellement reconnue comme une technique médicale par l’Ordre des médecins depuis 2005, et enseignée à la faculté de médecine depuis 2001, l’hypnose médicale connait actuellement une expansion importante en France. Pour mieux comprendre cette dernière, nous allons voir pourquoi elle est de plus en plus sollicitée.
L’expansion de l’hypnose est un fait avéré depuis quelques années et suscite de nombreux intérêts. En effet, sur Côte d’Azur on constate une pratique dynamique avec plus de 600 hypnotiseurs répartis dans le secteur et un total de 41 hypnothérapeutes présents dans notre région. Mais quelle est la réelle différence entre l’hypnose et l’hypnothérapie ? Dans quels domaines cette dernière est-t-elle efficace et comment l’utilise -t-on ? A travers une interview de Bernard Lions, hypnothérapeute confirmé à Juan Les Pins et formateur dans des séances comportementales, toutes les réponses ont pu être développées.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’hypnose ?
Bernard Lions : L’hypnose du grec Hypnos (dieu du sommeil) ou l’état hypnotique est un état modifié de la conscience. Il est lié à l’inconscient, un état qui se manifeste pendant des périodes de sommeil et c’est précisément le moment où les choses sont perçues autrement. Cet état est commun à tous donc n’importe quelle personne peut y accéder mais pas forcément de la même façon. Avoir recourt à l’hypnose, c’est, par le biais d’une technique plonger le patient dans un état de conscience modifié entre veille et sommeil et d’intervenir pour soulager des maux ou des troubles par exemple.
Si l’hypnose est ainsi définie, pourquoi fait-on une distinction entre hypnose et hypnothérapie ?
Parce-que généralement le terme hypnose fait surtout référence à ce qu’on appelle la « street hypnose » ou hypnose du spectacle qui n’a aucun objectif thérapeutique contrairement à l’hypnothérapie qui permet notamment de modifier un comportement, de supprimer un symptôme… ou encore d’apporter un soutien psychologique lors de souffrances ou de maladies lourdes. La « street hypnose » se veut uniquement spectaculaire même si ces hypnotiseurs maîtrisent parfaitement les techniques d’induction rapides utilisées pour l’hypnothérapie.
Par rapport à l’hypnothérapie, à qui est-ce adressé ? Quels sont vos patients en général ?
Tout le monde peut accéder à l’hypnothérapie ! Pour ma part je reçois des patients de tous les âges, plus précisément de sept à soixante-dix-huit ans.
Puisqu’ils ont tous une expérience de vie plus ou moins avancée, les problèmes de vos patients vont être différents. Il y a-t-il beaucoup de domaines que vous traitez avec eux ?
Les problèmes abordés sont effectivement variés et nombreux. Les plus fréquents sont des troubles psychologiques à plus de 58% et des addictions importantes comme la drogue, l’alcool ou le tabac qui constituent environ 15% de mes patients sur toute l’année. Dans 10% des cas on retrouve une amélioration du potentiel. Les phobies et les peurs sont estimées à 9%.
Avez-vous des patients à un rythme régulier ?
Oui. Je m’occupe d’environ 70 patients par mois et je consacre toujours quatre ou six jours de mon temps de travail pour des séances comportementales ou des stages de formation sur l’hypnose.
Votre activité est dynamique. Mais y-a-t-il une stabilité dans la fréquence des visites ?
Absolument pas car dans l’hypnose, beaucoup de facteurs entrent en jeu. Le nombre de séances nécessaires peut varier selon les types de problèmes ainsi que les personnes. Chez les plus réceptives, une ou deux séances peuvent suffire même pour un problème d’addiction important. Certaines approches sont moins évidentes que d’autres : il y a des individus qui répondent bien à des suggestions verbales directes tandis que d’autres ont besoin d’une approche plus indirecte pour provoquer un état de conscience modifié. Il y a donc une question de réception mais aussi de volonté. La personne doit croire en l’hypnose et faire pleinement confiance au praticien pour pouvoir mettre en place un véritable travail. Par rapport à tous ces éléments, il est souvent impossible de savoir ce que va donner comme résultat une séance.
Même si l’approche va être différente d’un patient à un autre, existe-il des règles ou notions communes pour chaque séance ?
Il existe bien sûr ce qu’on appelle des règles communes de préparation pour le processus hypnotique : prendre une grande inspiration, décroiser les jambes, mieux installer le patient sur le fauteuil… Puis des tests de suggestibilité, c’est-à-dire des procédures qui permettent à un praticien d’avoir un premier aperçu de l’aptitude de son patient à suivre les suggestions qu’il lui propose. On va avoir par exemple les doigts et mains qui se collent, le bras à cliquet, la chute en arrière… Au moment de l’hypnose, on peut aussi utiliser différents appareils pour accompagner le patient dans l’exploration de son univers intérieur et de le relaxer comme le casque audio. On va régler sur les deux oreilles deux fréquences différentes mais très proches. Le cerveau va soustraire ces dernières ce qui va donner un son de très basse fréquence, un son d’ambiance.
Par rapport à toutes ces techniques, vos résultats sont-ils à la hauteur ?
Il existe de réels et bons résultats signalés dans la majorité des cas. Ils sont positifs chez plus de 80% des patients, présentent une évolution moyenne dans 10% des cas et les 10% restants n’ont pas constaté d’amélioration.
Quels sont les principales causes de l’échec ?
Tout le mérite du résultat revient au patient et les échecs peuvent être dus à la peur de son inconscient, la mauvaise entente avec le praticien, la peur de l’hypnose… Il faut bien comprendre que l’hypnose n’a rien de magique. Il ne répare pas des bras cassés et ne guérit pas des infections. Il n’y a pas de miracles tout simplement. Si l’on parle de l’émergence de l’hypnose médicale c’est tout simplement parce-que ce phénomène, lorsqu’il est bien maîtrisé permet au patient d’aller vers une vie meilleure. Mais cette dernière dépendra aussi du patient et de sa volonté de changer.
On parle d’hypnothérapie ou hypnose médicale. En dehors de votre cabinet, avez-vous été en relation avec des médecins ?
Oui car les médecins peuvent avoir recours à l’hypnose. On m’a déjà sollicité pour des opérations de varices sous hypnose notamment afin de pratiquer l’intervention sans endormir le patient. Cette manière d’anesthésier est efficace car le patient n’a pas besoin de lit à la fin de l’opération et peut sortir immédiatement. Cela permet au chirurgien de pratiquer plus d’opérations, de gagner de l’espace par rapport aux chambres et d’accueillir plus de patients. Il existe même des opérations à cœur ouvert sous hypnose.
Pour prendre de tels risques, a-t-on pu prouver physiquement l’existence de l’état hypnotique ?
Il en a été question aux cours des années 90 par imagerie cérébrale ou IRM. On a pu constater qu’au moment de l’état hypnotique certaines zones du cerveau s’activent alors que d’autres se désactivent.
Suite à cette interview, Bernard Lions nous dévoile quelques bases de l’hypnothérapie, sa particularité, ses expériences et ses résultats personnels très positifs prouvant l’avancée de ce domaine. Pour en savoir plus, il est possible également de consulter son blog : http://www.blhypnose.com/.
Marie-Camille Lamercy