Loin des vallées dévastées de la Roya et de la Vésubie, d’autres villages du département ont subi de lourds dégâts lors du passage de la tempête Alex il y a six mois.
Plus de mille mètres au-dessus du niveau de la mer, à Coursegoules, l’air frais matinal perce le ciel dégagé de l’arrière-pays grassois. Quelques flocons, tombés la veille, sont encore visibles sur le bord de la route. Fin mars, et en même temps que Breil-sur-Roya, les dégâts causés par la tempête Alex dans le village de Coursegoules a obtenu de la préfecture des Alpes-Maritimes le statut de catastrophe naturelle. Pourtant, rien n’est bien visible en arrivant vers le village, depuis le col de Vence. C’est dans le quartier des Traverses, sur le terrain de Pascal Lefebvre, que la tempête a frappé. Une coulée de boue de « vingt centimètres de hauteur a fait le tour de la maison », assure le sinistré. Cette coulée est venue exercer « une pression de 2,2 tonnes » contre son mur de soutènement, à flanc de colline. Le mur s’est écroulé sur son garage et s’est fendu.
Le montant des travaux de réparation a été estimé entre 10.000 et 15.000 euros, notamment pour renforcer son mur et réparer le garage. Pascal Lefebvre concède : « Ce sont des bricoles par rapport à ce qu’il s’est passé dans la Vésubie, mais ce n’est quand même pas négligeable. Il faut s’en occuper ». Désormais reconnu comme zone de catastrophe naturelle, le village de Coursegoules et ses sinistrés devraient donc voir l’État prendre en charge ces réparations.
Autour des Ferres, plusieurs centaines de mètres de coulées
Sur la route sinueuse et descendante depuis Bouyon, juste avant d’arriver à la commune des Ferres, une première coulée est déjà bien visible. Elle se dessine à flanc de montagne sur plus d’une centaine de mètres. Cette vague boueuse a submergé deux terrains. « Il a fallu réaplanir le sol et reconstruire les murs de soutènement », explique Christopher Delprat, employé municipal du village.
Mais les séquelles de la tempête sont encore visibles tout autour du territoire de la commune. « La plupart des dégâts sont des coulées, des glissements de terrain. Certains sont très impressionnants comme celui que l’on voit à l’entrée du village. Et puis après, sur les routes secondaires il y a plusieurs dizaines de petits glissements en haut ou en dessous de la route, venant parfois la couper », continue Christopher.
Selon le maire des Ferres Georges Tossan, « 32.320 euros ont été dépensés en travaux de déblaiement d’urgence », tandis que « le montant des travaux de remise en état s’élève à plus de 55.000 euros ». À cela s’ajoute les quelque 300.000 euros dépensés par le département pour remplacer le filet de protection contre les chutes de pierre, endommagé lui aussi pendant la tempête. Le maire se dit « agréablement surpris de la réactivité de la communauté d’agglomération et du département qui [nous] ont vraiment porté une haute considération via leurs aides financières, malgré le peu d’habitants ».
A droite et à gauche, les dégâts encore visibles des coulées qui ont bloqué un quartier des Ferres. ©Gaetan Tringham
En contrebas de la commune, un quartier était totalement bloqué par deux coulées et près de 400 m³ de terre pendant deux semaines. Une dizaine d’habitants devaient alors contourner la route, à pied, pour se rendre au village. Christopher Delprat n’était pas présent lors de la tempête, mais « on [nous] a vite appelé pour venir sécuriser et commencer à déblayer les premiers dégâts pour que les gens puissent continuer à vivre ».
Alors que l’attention médiatique était tournée vers la Roya et la Vésubie, l’entraide des habitants de l’arrière-pays a ici aussi été très forte. La solidarité entre villageois a permis à la vie de reprendre son cours dans ces villages touchés par la catastrophe.