L’entreprise de grande distribution a dévoilé son plan de restructuration afin de mieux faire face à la concurrence. Des magasins sont menacés de fermeture et des milliers de salariés risquent de se retrouver sur le carreau. Au Carrefour Contact Marché de Pasteur, les employés ne savent pas encore si leurs postes vont être sauvegardés.
Derrière sa caisse, Anna* tente de faire bonne figure. Mais elle ne parvient à afficher qu’un sourire triste, crispé. L’employée du supermarché Carrefour Pasteur-Gassin ne sait pas si elle va continuer encore longtemps à scanner les articles des clients. Le magasin fait partie des 273 établissements menacés de fermeture à travers le pays. La liste a été dévoilée il y a un peu plus d’une semaine par France Info. Mais rien n’est encore définitif. « On ne sait pas encore ce qu’il va se passer », souffle la Niçoise, tout en rendant la monnaie à une retraitée. Elle préfère ne pas y penser et évite au maximum le sujet. « Le plus difficile, c’est l’attente ». Le combat n’est pas encore perdu du côté des syndicats. Un délégué de la CGT confie que les négociations sont toujours en cours. Le verdict tombera au plus tard le 12 février. Tout en mettant en rayon des packs de bières, le syndicaliste déclare, amer, qu’il a appris la nouvelle à travers les médias ce week-end. « C’est comme ça qu’on communique avec les salariés ici… ». Même s’il répète à plusieurs reprises que rien n’est définitif, son ton hésitant laisse planer le doute. L’incertitude cède vite la place au désarroi, voire à la colère : « Pourquoi avoir racheté ce magasin à Dia et l’avoir refait à neuf si c’est pour le fermer deux ans après ? »
Pour justifier ce plan de restructuration, l’enseigne évoque la nécessité d’investir d’avantage dans le e-commerce pour mieux faire face à la concurrence grandissante. Le groupe veut également s’implanter davantage dans les secteurs du numérique et du bio. Ces arguments sont irrecevables pour le délégué syndical : « Carrefour fait des bénéfices depuis des années, les magasins se portent bien, y compris celui-ci, on a des retours positifs des clients, il n’y a pas besoin de supprimer des postes pour faire des économies. » Il ne promet pas de sauver les neufs CDI du supermarché mais espère que la boutique sera rachetée par une autre enseigne, « comme Lidl ou Leclerc ». Le pari est compliqué. Autour du Carrefour Pasteur/Gassin, une multitude de supérettes sont ouvertes aux riverains. Le syndicaliste reconnaît à demi-mots que la présence d’un hypermarché à 200 mètres ne joue pas en leur faveur. C’est ce que confirme Alexis Garcia, étudiant en médecine et habitué des lieux. Le jeune homme n’était pas informé d’une éventuelle fermeture. Mais cette nouvelle ne le contrarie pas tant que ça : « C’est pratique parce que c’est juste à côté de chez moi, mais s’il le faut je me rabattrai sur le Leclerc du Pont Michel, ça ne change pas grand-chose. »
*le prénom a été modifié
Hélèna Sarracanie