Un sondage lancé sur le web par l’Institut français d’opinion publique (IFOP) pour la Mutuelle du médecin révèle que les docteurs ne prennent pas soin de leur santé. « 8 libéraux sur 10 déclarent avoir déjà renoncé à un arrêt alors qu’ils étaient malades ». À l’inverse, plus de 27 % des salariés ont posé au moins un arrêt de travail pour maladie ou accident l’année dernière.
« En 2011, je me suis fait opérer du genou, j’ai pris 48 h d’arrêt maladie », soupire le docteur Chawki Elias, exerçant au centre de santé médical et dentaire à Nice. Pour ce dernier, il est important de faire passer son travail avant sa propre santé. Logiquement, pour ce « type d’opération il faut un arrêt d’environ 2 mois », explique le généraliste. Or, « il est difficile de trouver un remplaçant. La France manque de praticien », rajoute-il.
Depuis le 22 août jusqu’au 6 septembre, 300 praticiens ont répondu à l’enquête. Les libéraux généralistes et les spécialistes acquissent « n’avoir jamais pris d’arrêt de travail au cours de leur vie professionnelle ». 31 % d’entre eux évoquent que « leur dernier arrêt remonte à plus de cinq ans ». Ils sont en revanche 81 % à avoir renoncé « au moins une fois dans leur vie à prendre un arrêt ».
« Les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés »
Le mot santé est au cœur de la vie des docteurs. Mais, quand il s’agit de la leur, elle passe à la trappe. « Être médecin, c’est être dans le don de soi aux autres. Dès nos années d’études, nous avons la charge de personnes malades et notre rythme de travail nous oblige à être dans le renoncement de soi : nuits de garde sans sommeil, repas oubliés… », explique auprès du Figaro le docteur Max Doppia, secrétaire général du collège des anesthésistes-réanimateurs.
La plupart des sondés du questionnaire IFOP assument d’être leur propre médecin traitant. Julie Caron, généraliste en Haute-Savoie explique à 20 minutes, qu’être médecin « c’est de prendre en charge les autres, savoir les arrêter à bon escient. Mais un médecin aura du mal à demander de l’aide pour lui-même ». Elle rajoute, « les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés, c’est une triste réalité ».
Les Français aiment de plus en plus faire l’école buissonnière
Contrairement aux médecins, les salariés sont de plus en plus malades. Le taux d’absentéisme a bondi de 16% depuis 2014. Par conséquent, « la durée moyenne annuelle a été d’environ 50 jours, souvent en plusieurs arrêts », selon un rapport établi par le cabinet Gras Savoye Willis Towers Watson.