Finis les tabous sur la sexualité ! Les love shops de la Côte d’Azur se plient en quatre pour remettre au goût du jour l’achat de sextoys à la Saint-Valentin. Un concept « anti sex-shop » qui attire le grand public.
« Les fleurs ou le chocolat, ça ne fait pas très amoureux. Alors que les sextoys, c’est sympa, ça permet de pimenter le couple », réagit Isabelle*, cliente de l’enseigne Passage du Désir. En ce jour de Saint-Valentin, il y a foule dans ce love shop de l’avenue Jean-Médecin. Playlist envoûtante, sextoys en vitrine et vendeuses souriantes ; tout est mis en œuvre pour démocratiser cette activité. « On n’a pas l’impression d’être dans un sex-shop glauque avec un mec tordu derrière un rideau », s’étonne Julia, nouvelle adepte du magasin. Pour redorer leur blason, les love stores deviennent plus « élégants et raffinés ». Au sein des boutiques, au diable le porno et les visuels trop réalistes : l’accent est mis sur le développement du plaisir en solo ou à plusieurs. « On se présente comme un anti sex-shop », confesse Amandine Phesans, responsable des ventes de Passage du Désir. Selon elle, les sex-shops classiques sont trop phallocentrés, quand eux sont davantage tournés vers le plaisir féminin. Un concept qui attire la curiosité, puisqu’un Français sur trois souhaite recevoir un jouet sexuel lors de la fête des amoureux, d’après une enquête Kantar.
« La Saint-Valentin chez nous, c’est le Noël des autres »
De 18 à 90 ans, tous défilent dans les rayons pour faire plaisir à leur partenaire. « Il n’y a pas de limite d’âge, on a vraiment de tout », confie Amandine Phesans. En l’espace d’une semaine, la jeune femme a presque atteint son chiffre d’affaires habituel. « La Saint-Valentin, c’est notre Noël à nous. Je suis déjà à près de 50 % d’augmentation des ventes », se réjouit-elle. Concernant sa clientèle, elle est catégorique : tous les profils s’y retrouvent. « Cela m’arrive de conseiller des petites mamies, comme des plus jeunes. Plus rien ne m’étonne, même pas une jeune fille accompagnée de sa maman désireuse d’obtenir son premier sextoy », sourit la manageuse. Pour Manon, vendeuse chez Easy Love à Villeneuve-Loubet, c’est « l’absence de jugement » qui donne envie aux clients de venir. « Chez nous, ils se sentent à l’aise. Ils sont conscients que pour faire ce métier, il n’y a pas de place pour les tabous. Il faut être ouvert d’esprit. »
Des équipes formées par des sexologues
« Être client du magasin ne suffit pas pour travailler chez nous. Au contraire, c’est plutôt un argument de non-sélection », affirme Mélodie, responsable régionale de la marque Easy Love. Connaître les produits c’est bien. Mais être formé, c’est mieux. Avant de pouvoir vendre ses premiers sextoys, Manon explique avoir dû passer par une formation d’environ un mois. « Il y a une première phase plus théorique où l’on commence à nous présenter les produits, puis une seconde plus pratique où l’on titille notre imagination et notre savoir-faire », explique-t-elle. Au sein des boutiques de la marque parisienne Passage du Désir, les formations sont même dispensées par des professionnels de santé.
*Par souci d’anonymat, le prénom a été modifié.
* Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Enzo Bellini *
Tristan Gasparro