Le 7 novembre dernier, Alexandre Benalla, sortait, à la surprise générale, un livre écrit dans le plus grand secret. Dans Ce qu’ils ne veulent pas que je dise (Éditions Plon), l’homme du 1er Mai 2018 se défend. En attaquant.
« Ceci est ma vérité. Je vous laisse seuls juges. » Le sous-titre de l’autobiographie plaidoyer d’Alexandre Benalla donne tout de suite le ton du livre que l’on s’apprête à ouvrir. Ce qu’ils ne veulent pas que je dise, c’est 280 pages d’explications sur toutes les polémiques le concernant. L’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron au Palais de l’Élysée n’hésite pas non plus à dévoiler des secrets. EDJ News revient sur les cinq passages importants du livre événement d’Alexandre Benalla.
Il avoue des erreurs
Dans les premières pages de l’ouvrage, Benalla décrit sa garde à vue. « C’est le début de la chute, écrit-il. L’inventaire de ma cellule est vite fait : un robinet, un WC à la turque qui dégage une forte odeur d’urine et, au plafond, l’œil d’une petite caméra de surveillance. Seule distraction, un gardien m’apporte ce qui tient lieu de repas : une barquette de riz trop sec agrémenté de légumes, une cuillère en plastique et un gobelet pour boire au robinet. » Quelques pages du loin, après avoir parlé de ses auditions – « Je suis plutôt à l’aise pour répondre et fournir tous les éclaircissements nécessaires » –, l’ancien chargé de mission avoue des fautes, en attaquant : « Des erreurs ont été commises évidement, par moi, c’est certain, mais il semble malgré tout que j’ai le dos bien large. Et je suis loin d’être le seul responsable de ce naufrage. Je suis le fusible utile du pouvoir. » Cinglant.
Sa version des incidents du 1er Mai
Alexandre Benalla ne varie pas de sa ligne de défense pour expliquer son comportement Place de la Contrescarpe lors du 1er Mai 2018. « Un couple est particulièrement vindicatif, commence-t-il. L’homme et la femme tentent de lancer une table de bistrot mais elle est trop lourde, ils renoncent. La femme s’empare alors d’une chaise et la jette vers les policiers, puis les deux envoient des bouteilles dont l’une éclate sur le casque d’un CRS », décrit celui qui était présent en tant qu’observateur invité par la Préfecture de police de Paris. « Je participe à l’appréhension de ces deux individus. Je suis un citoyen ordinaire. Même si je travaille à la présidence de la République, je ne bénéficie d’aucun statut d’exception, et la loi, l’article 73 du Code de procédure pénale, précise qu’il est de mon devoir d’appréhender les auteurs d’un délit flagrant. Alors, je les aide. » À la suite de ce passage, on apprend que la fameuse vidéo où on le voit molester le couple de la Contrescarpe est connue du Palais le soir-même. Le lendemain, il est prêt à démissionner. Mais cela ne va pas se passer comme cela : « Les stratèges du cabinet veulent jouer la montre, estimant que chaque jour qui passe sans que la pseudo-affaire ne s’ébruite est un jour de gagné. Quelle erreur ! », s’indigne-t-il.
Le jour où il exfiltre Macron des locaux de La Provence
D’autres passages sont un peu plus légers. Mais pas moins intéressants et inédits. Parmi ceux-là, l’exfiltration du candidat Macron du siège de La Provence, quotidien marseillais. Alors que le futur président doit se rendre au Parc des expositions pour y donner un discours, il est bloqué par des taxis. Ceux-ci bloquent toutes les rues autour du bâtiment. Benalla arrive à exfiltrer le candidat En Marche par le toit, en passant par un entrepôt de la Régie marseillaise des transports. « Le patron remet sa veste, calmement, et me fait un petit clin d’œil. Il a compris. Benjamin Griveaux se matte et filme l’épopée, histoire d’avoir une preuve, parce que, si on le raconte, personne ne nous croira. Emmanuel Macron passe le premier par l’échelle et grimpe sur le toit. Il s’est mis à pleuvoir, ça glisse. Je reste attentif, il ne faudrait pas qu’il tombe maintenant. Moins de deux minutes plus tard, tout le monde s’entasse dans les voitures qui filent vers le Parc des expositions. Mission accomplie », révèle-t-il, fier de son coup.
Quand l’alarme sonne dans les appartements présidentiels
Un soir, raconte encore Alexandre Benalla, l’équipe de sécurité débarque à la porte des appartements privés du président et de sa femme. « L’homme de tête, casqué et gilet pare-balles sur la poitrine, tambourine à la porte », explique l’auteur. Le souci, c’est que Brigitte Macron refuse de faire entrer les hommes, comme c’est la procédure. « Elle ne peut expliquer que son mari est sous la douche, dans le plus simple appareil, alors elle bloque l’accès au grand désarroi des gendarmes », précise Benalla. Finalement, « le chef de l’unité passe la tête par l’entrebâillement de la porte et aperçoit le Président, qui rassure d’un sonore ‘’Tout va bien.’’ » La raison de ce quiproquo ? « Dans chaque pièce des interrupteurs discrets ne commandent ni les lustres ni les lampes. Ils déclenchent l’alerte. C’est par erreur qu’il a actionné l’un de ses boutons. »
Le chauffeur du bus des Bleus était pressé
En plein cœur de l’affaire Benalla, il lui a aussi été reproché d’avoir fait accélérer le bus de l’équipe de France de football, tout juste auréolée d’un deuxième titre de championne du monde, sur les Champs-Élysées à son retour de Russie. Il démonte cette version catégoriquement en accusant le chauffeur : « Le chauffeur appuie un peu fort sur l’accélérateur. À plusieurs reprises, je lui demande de ralentir. Il relâche un peu la pression, puis remet les gaz dès qu’il peut. Ce gars doit avoir rendez-vous chez le dentiste et il a peur d’être en retard », raille-t-il. Il a aussi été dit que l’Élysée avait gardé les joueurs qui n’auraient pu se rendre à l’Hôtel de Crillon présenter le trophée aux milliers de personnes se massant sous le balcon de celui-ci. La vérité est tout autre selon Benalla : la Fédération française de football n’avait tout simplement pas réservé l’intégralité de l’hôtel !