La tendance s’appelle « nolow », « no » pour « aucun » et « low » pour bas. Des boissons qui adoptent tous les codes du vin mais qui n’en sont pas. Celles-ci ne sont pas encore assez démocratisées.
Il est 15h et Nelly vient de rouvrir sa boutique. En apparence, la cave a l’air calme. Pourtant, dans son bureau, le propriétaire Willy est en pleine réunion avec son franchiseur. « La Cavavin Nice-Est est une toute nouvelle boutique. On l’a ouverte il y a un peu plus de quatre mois », indique Nelly. Même si elle est jeune, elle propose aux consommateurs une panoplie de bons vins peu chers.
Au milieu de ses bouteilles d’alcool, trois vins se démarquent. Ce sont des désalcoolisés. « On a un rosé, un blanc et un rouge », révèle Willy. L’appellation de vin sans alcool est réglementée. Elle peut être utilisée pour tout vin dont le degré est inférieur ou égal à 0,5%. En réalité, la plupart des vins sans alcool en contiennent entre 0 et 0,3%.
« Notre clientèle va préférer un vin léger qu’un vin sans alcool »
Même si la boutique ne propose que trois bouteilles, il y a tout de même une forte demande. « Ce sont souvent des femmes enceintes traumatisées de ne plus pouvoir boire de vin conventionnel. Ou sinon des personnes ayant la santé fragile« , explique le gérant. Pour Corinne Lanoy, caviste chez La Route des Vins, dans le quartier Jean Médecin, la clientèle est similaire. « Ce sont soit des femmes enceintes, soit des sportifs qui ont des compétitions pendant un temps déterminé ».
Le but de cet achat est de retrouver l’idée de partage plutôt que le goût. À Nice, il est donc bon d’en avoir, mais « ce n’est pas ce qu’on nous demande le plus. Notre plus grosse clientèle va préférer un vin léger plutôt qu’un vin sans alcool”, ajoute la caviste. Gustativement, on commence à se rapprocher du vin classique, mais il reste encore du travail. « Vous ressentez le goût d’éthanol dans le rouge, ce qui est tout de même un gage de qualité. Mais pour le blanc et le rosé, on sent une grosse différence ».
« Les gens restent sur ce qu’ils connaissent déjà »
Cette nouvelle tendance n’a pas fait chavirer le cœur des Niçois. « Il y a une mode qui est tombée sur la capitale, mais ici, les gens restent sur ce qu’ils connaissent déjà”, annonce Corinne Lanoy. Pourtant, un nombre grandissant de consommateurs dans le monde préfèrent les vins nolow, sans alcool ou très faiblement alcoolisés selon le service d’information londonien IWSR.
Pour Jean, âgé de 77 ans, c’est le cas. « Je n’ai jamais apprécié qu’il n’y ait pas d’alcool. J’aime le goût du bon vin ». Il précise tout de même que « ce n’est pas rédhibitoire » et qu’il « ne refuserait pas de goûter un verre de vin sans alcool ». Actuellement, c’est un marché qui n’est pas assez mûr et ce type de vin ne risque pas d’être consommé pendant les fêtes. Pour Corinne Lanoy, « les gens se disent encore que ce n’est
pas bon. Personne ne nous en prend pour Noël« .
Lena De Quillacq