Le Môme, jeune rappeur niçois de 24 ans, se donne pour mission de transmettre le goût du rêve. Après avoir performé sur scène, organisé des open-mics et enregistré deux EP et un album, l’artiste propage sa passion par le biais d’ateliers d’écriture.
Surnommé « Le môme » ou « Lou Pitchoun » depuis petit, Gregory Rossi a gardé ce nom pour la scène. Un clin d’oeil à Édith Piaf et à la chanson française. Ce jeune Niçois commence le rap dans sa chambre, sans suivre de formation musicale. « C’est une musique de débrouillard, il suffit d’avoir des choses à dire et de s’y mettre ». Sept ans plus tard, il réalise l’un de ses rêves, se produire sur la scène du Théâtre de Verdure. La crise sanitaire empêche les concerts, mais Le Môme s’inspire de cette période pour faire ce qu’il aime le plus : créer.
Dans le morceau « Ce que je suis », vous dites : « Si je n’écris pas je crève ». Que voulez-vos dire ?
En plus d’être une façon de s’exprimer, l’écriture est un pouvoir. Elle permet d’apprendre à se connaitre soi-même, de structurer sa pensée et par conséquent mieux connaître celle des autres. Écrire, c’est vital. C’est devenu comme respirer chez moi.
Quel est l’exercice le plus difficile dans l’écriture d’une chanson ?
Le premier trait ! Après ça va tout seul. Pourtant, même après plusieurs années d’écriture, c’est toujours aussi difficile d’être satisfait. On est le pire juge pour soi-même. Dans la musique comme ailleurs, il faut savoir accepter de voir son propre reflet.
Que représente les ateliers d’écritures dans les quartiers défavorisés ?
C’est primordial pour ces jeunes en difficulté. L’urgence naît là-bas. Ce qui peut en ressortir de plus négatif c’est le manque de nuance. Quand on a pas assez de mots, on utilise autre chose comme la violence. Le challenge est de leur apprendre à mettre des mots sur des maux. Une expression très profonde se dégage de ces cours. Un sentiment sûrement dû à l’isolement, au mal être, à l’incompréhension. Chacun a ses raisons de s’exprimer et il faut savoir y faire face.
Y a-t-il, selon vous, des limites à la liberté d’expression ?
Tant que l’artiste est en accord avec lui-même et que les mots ont été pesés, il n’y a pas de raison que ce soit censuré. Ils peuvent enlever quelques mots pour la diffusion radio. Mais tous les propos sont intéressants, ça ne peut faire qu’avancer le mouvement.
Est-ce qu’il est possible de vous entendre rapper en anglais ?
Non. J’écoute du rap américain, ils sont avant-gardistes donc je m’en inspire. Mais la langue française est tellement riche. Je n’en ai même pas encore fait le tour pour en faire une autre.
Quels sont vos projets futurs ?
Pour commencer, la sortie de mon premier album « Bicéphale » à l’automne. Puis la création d’une nouvelle structure. On va lancer une émission sur Youtube avec des artistes, des artisans, des figures locales. Le but est de développer la culture niçoise et la partager. Pour les ateliers, on va encore plus loin que l’écriture. Il y aura un côté théâtre et un côté graphisme pour que tous les arts se rejoignent. Et à long terme, pourquoi pas monter un label et faire un gros festival !
Dans « On rêve », vous écrivez : « Je kicke ça et je kiffe ça ». Êtes-vous heureux aujourd’hui ?
Je suis très heureux. Je suis content de me lever le matin. C’est un plaisir de transmettre ma passion dans les foyers, au studio, sur scène. Je ne sais pas si ça va marcher longtemps, mais la vie est belle.