Cet article a été réalisé dans le cadre d’une série de « j’ai testé pour vous » des Masters 1 de l’EDJ.
L’Ecole réaliste de krav-maga, fondée en 2018 par Mélody Malatesta, accueille hommes, femmes, ados et enfants. Situé dans le cœur du Vieux Nice, l’établissement propose des cours de krav-maga, sport d’auto-défense. Prendre confiance en soi et développer une force mentale sont les principaux objectifs de la discipline.
Pieds joints, décalage du pied droit vers l’extérieur, serrage de ceinture imaginaire et « Kida ! », le salut traditionnel est crié en cœur avant de commencer la séance. C’est dans une salle toute en longueur, en sous-sol, couverte de tapis et éclairée par un spot, que la session prend place. Comme pour toute pratique sportive, l’échauffement est l’étape la plus importante pour permettre aux muscles de débuter leurs efforts en douceur. Quinze minutes sont dédiées à cette phase, elle se divise en huit séries de cinq exercices de cardio-training. Une fois le corps préparé, le cours de krav-maga peut débuter avec la présentation de la thématique du jour : faire face à une menace au couteau. « N’importe qui a peur. Sentir un couteau dans le dos et ne pas être effrayé, ça n’existe pas », prévient Mélody Malatesta, avant de montrer la première technique d’auto-défense. Les neuf élèves s’entraînent ensuite par groupes de deux ou trois, armés de couteaux en plastique dur.
La seconde technique est plus complexe et nécessite un temps de pratique important : couvrir la lame du couteau sous sa gorge, en la serrant dans ses mains, tout en sortant de l’axe de l’agresseur en pivotant sur sa hanche, jusqu’à se dégager. Mais surtout, elle est risquée : « Les tendons de la paume des mains peuvent être coupés et c’est permanent. Soit on te tranche la gorge, soit tu prends ce risque », déclare la professeure, dans le silence de la salle d’entraînement.
Le cours se clôt par deux exercices en conditions. Mélody Malatesta éteint la lumière, demande à ses élèves de fermer les yeux et donne des faux-couteaux à une partie d’entre eux avant de taquiner : « Alors, ça fait peur d’être dans le noir et de ne pas savoir quand, ni qui va nous agresser ». La tension monte d’un cran dans cette salle coupée de l’extérieur. Lorsqu’un élève attaque, il faut riposter avec l’une des techniques apprises précédemment. Une fois la pièce rallumée, les participants se mettent chacun à leur tour de dos au reste du groupe pour riposter une dernière fois à l’aveugle. Et « kida ! », pour conclure cette séance d’une heure et demie.
La patte de l’Ecole réaliste de krav-maga
Mélody Malatesta rassure les deux participants qui assistent à leur séance d’essai, mais souligne la nécessité d’une condition physique : « Il ne faut pas s’inquiéter, les élèves progressent très rapidement. Mais il y a un minimum, pour l’hygiène de son corps, pour s’entretenir et être en bonne santé ». Les objectifs de la pratique du krav-maga sont clairs : prendre confiance en soi, avoir conscience de sa force, se développer mentalement, apprendre à se protéger et à maîtriser son agresseur. Parmi les élèves, on compte autant de profils que d’ambitions. Miriam est inscrite au club depuis deux ans, elle explicite ses motivations : « Je suis maman de deux garçons, je finis mes journées de travail très tard et j’avais besoin d’un moment pour moi dans tout ça. Je peux me défouler et apprendre à riposter si l’on m’attaque ». Pour Giles, policier retraité et senior du groupe, pas question de se laisser embêter et de perdre sa condition physique. Le krav-maga convient à tous, cette idée est mise en avant par la professeure : « Je propose des cours adaptés et accessibles pour les hommes, femmes, ados, enfants, mais aussi LGBT. Tout le monde a le droit d’apprendre à se défendre ».
Surtout, Mélody Malatesta cherche à faire comprendre aux femmes « qu’elles peuvent mettre un homme au sol », démontrer aux hommes « qu’ils peuvent prendre moins de risques en étant plus efficace », rassurer les seniors « en leur montrant des solutions pour ne plus subir » et enfin apprendre les bases aux enfants « pour qu’ils aillent sans crainte à l’école ». La fondatrice de l’Ecole réaliste de krav-maga pratique ce sport depuis plus de dix ans et a suivi de nombreuses formations en Israël, pays d’origine de cette pratique d’auto-défense. Après avoir longtemps cherché une salle pour s’entraîner librement et en accord avec ses valeurs, sans succès, elle décide de fonder son propre club.
La meilleure défense, c’est la fuite
Dans le monde de l’auto-défense, l’option la plus sûre reste celle de ne pas être au mauvais endroit, au mauvais moment, et savoir fuir. Mélody Malatesta rappelle à plusieurs reprises la nécessité d’utiliser les techniques de krav-maga comme dernier recours. Mais, selon la sagesse populaire : « la meilleure défense, c’est l’attaque ». La professeure partage cette déclaration, c’est même sa signature. Diviser la douleur est essentiel aux yeux de la fondatrice du club : « Quand on fait une technique, on rajoute un coup avec. L’agresseur doit avoir autant ou plus mal que moi ». Le but est de se défendre pour répondre à l’attaque par l’attaque, face aux violences du quotidien.
Le cours dure une heure et demie. Les professeures pointent du doigt la nécessité d’espacer les entraînements, compte tenu de l’intensité de ces derniers. Le moment le plus difficile est sans doute la post-séance. L’une des participantes, novice, compte un coup de genoux dans l’oreille, quelques griffures et une belle égratignure dans le cou due au faux-couteau. Mais, le sentiment de satisfaction et la prise de confiance en soi immédiate effacent tous les doutes. Le krav-maga repose sur des techniques simples, efficaces et rapides, adaptables et utilisables pour tous.
Vidéo : Technique d’auto-défense bonus, avec son téléphone. ©Mandy Yahiaoui
L’histoire du krav-maga Le krav-maga est une méthode d’auto-défense et d’entraînement physique originaire de l’armée israélienne. Basée sur la maîtrise de la contre-attaque et de la faculté à pouvoir inverser le rapport de force, le krav-maga signifie en hébreu « combat rapproché ». Simple et efficace, cette pratique a été adoptée par les forces armées israéliennes, certaines unités de police américaines, agents du FBI, gendarmes du G.I.G.N et le RAID. Imi Litchtenfeld est le créateur de la discipline. Né en 1910 du côté de Budapest, il dédie sa vie aux sports. Dans un contexte de montée du nazisme, fascisme et de l’antisémitisme dans les années 30, il acquiert des techniques de combat de rue et les mêlent à celles de la boxe, de la lutte, du judo et du ju-jitsu. Imi Lichtenfeld entraîne les combattants israéliens dès 1944, puis forme les agents du Mossad. Jusqu’à sa mort en 1998, il est un ambassadeur du krav-maga. |
* Ce travail a fait l’objet d’une double vérification juridique et éditoriale par Enzo Bellini*
Mandy Yahiaoui