Depuis la Coupe du monde 2015 au Canada, le football féminin est entré dans une nouvelle dimension. Une aubaine, à deux mois de la 8e édition en France (7 juin – 7 juillet).
Trop tendre, peu attractif et peu spectaculaire, voici comment le football féminin était défini au début du XXIème siècle. Mais depuis quelques années, en particulier depuis la Coupe du Monde 2015 (Canada), la vision du monde a changé sur cette discipline, encore loin de rivaliser avec le milieu masculin.
• Affluences records
A quelques mois de la Coupe du Monde en France, les dernières affluences enregistrées donnent un motif d’espoir pour vendre les 1 million de billets disponibles pour cet été. L’équipe de France attire toujours autant (guichets fermés à La Meinau lors de la dernière rencontre face le Danemark). Les filles de Corinne Diacre ont même joué à 4 reprises dans une enceinte pleine lors des trois dernières années. Pour le match amical face à l’Uruguay (victoire 6-0 à Tours le 4 mars dernier), 30 000 demandes avaient été formulées pour un stade pouvant contenir 11 000 places. De bon augure en vue du Mondial à la maison.
Mais l’essor ne s’arrête pas là. Des records ont été battus cette saison pour des matches de championnats. Dernier exemple en date, le choc entre l’Atlético de Madrid et le Barça en Liga a réuni près de 60 000 personnes au Wanda Metropolitano, « un record d’affluence mondiale pour un match féminin en club », selon l’Atlético. De l’autre côté des Alpes, l’affiche entre la Juventus et la Fiorentina était délocalisée pour la première fois à l’Allianz Stadium, l’antre de Cristiano Ronaldo & Co. Plus de 39 000 personnes ont assisté à cette partie.
• Bataille des diffuseurs
Le groupe M6 a acquis l’été dernier les droits TV pour les matches des Equipes de France (masculine et féminine) pour 5,5 millions d’euros par an. L’histoire d’amour entre la chaîne et les Bleues ne date pas d’hier puisque le football féminin a réalisé 4 des 10 meilleures audiences sur le bouquet de la TNT depuis 2011. Avec 4,1 millions de téléspectateurs pour le quart de finale du Mondial 2015 face à l’Allemagne (défaite 1-0), les Bleues ont réalisé la meilleure audience sur cette période (les affiches de la France étaient diffusées sur W9). Une performance d’autant plus notable lorsqu’on sait que le match a débuté à 22 heures… Durant la compétition, l’audimat est monté en flèche pour supporter l’Equipe de France féminine. Pour la Coupe du monde cet été, le groupe TF1 diffusera les 25 meilleures parties (sur 52 matches) et espère le même engouement.
La belle histoire ne s’arrête pas là puisqu’une petite révolution est entrée en vigueur pour la saison 2018/2019. Canal + a racheté les droits de la D1 féminine pour 6 millions d’euros sur ans. Alors certes, on est bien loin des 1,2 milliard d’euros dépensés pour la Ligue 1 (période 2020-2024), mais c’est un grand pas fait en avant. D’autant que ces droits ne dépassaient pas les 200 000 euros en 2012. Pour la première fois dans l’histoire du football féminin, le choc PSG/OL est passé en prime time, un dimanche à 21 heures, en lieu et place d’une affiche de L1.
• Plus de licenciées
A l’approche du Mondial en France, les clubs se frottent les mains. Galvanisés par la victoire des garçons en Russie, ils espèrent un bon parcours à la maison des joueuses de Corinne Diacre pour convaincre les jeunes filles de venir taper dans le ballon. Cette saison, on dénombre 180 000 licenciées (joueuses, arbitres, éducatrices, dirigeantes), contre 80 000 en 2011. Aujourd’hui, de plus en plus de clubs s’investissent pour le football féminin. 3 000 sont mixtes (ndlr : ils contiennent au minimum une équipe féminine) contre 1 500 il y a 8 ans. Si les chiffres sont en constante augmentation, on est bien loin des Allemandes, pour qui le foot occupe une place centrale (plus d’1 million de licenciées en 2015).
• Enfin un Ballon d’Or !
Beaucoup l’attendait, il est enfin arrivé ! Le 3 décembre est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du foot féminin puisque le premier ballon d’Or a été décerné à Ada Hegerberg (Olympique Lyonnais). Une récompense logique pour celle qui a tout gagné avec son club : les filles de Jean-Michel Aulas ont réalisé le triplé Ligue des Champions – Championnat – Coupe de France en 2016 et 2017 et le doublé Coupe – Championnat l’an passé. Jusqu’ici, seule la meilleure joueuse européenne était récompensée depuis 2012-2013 (2010-2011 pour les hommes). Les femmes ont dû attendre un long moment pour voir leur heure de gloire arriver.
Si la création d’un ballon d’or féminin est un grand pas vers une possible égalité, la réalité nous ramène immédiatement les pieds sur terre. Aujourd’hui, le sujet sensible concerne toujours le salaire des joueuses, s’élevant en moyenne à 3 000 euros mensuels en D1, contre 73 000 euros pour un footballeur de Ligue 1.