Le goût de l’inconnu

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Paul Coudrier a commencé son tour d’Europe en auto-stop en mars (Crédit : DR)

Paul Coudrier a décidé de faire le tour de l’Europe en autostop. Le Niçois s’est lancé avec sa compagne dans un périple de neuf mois. Un moyen pour lui de sortir des sentiers battus et de construire un projet photographique autour de ce moyen de transport.

Découvrir la culture des autres pays à travers le prisme des locaux qu’il rencontre est ce qui anime Paul Coudrier depuis presque huit mois. Après cinq ans passés à travailler en communication, il a décidé de se tourner vers de nouveaux horizons. Déjà habitué à partir en vacances en France en autostop, la décision de voyager en Europe paraissait être une évidence. Pour lui, le voyage rime avec liberté et flexibilité. Depuis le mois de mars, il a déjà visité plusieurs pays, dont l’Autriche, les Pays Baltes, la Suède et la Norvège. 

Pourquoi avoir tout plaqué pour partir faire le tour de l’Europe en autostop après cinq ans dans la communication ?

Paul Coudrier « J’avais envie d’aller voir ailleurs et d’élargir ma culture. L’Union européenne est faite de plein de langues et de cultures différentes et c’est ça qui est beau. Je voulais aussi construire un projet photographique autour de tout ça. Et vraiment raconter une histoire à travers l’autostop et les rencontres faites avec nos voisins européens. »

Pourquoi avoir choisi l’autostop ? 

« Je l’avais déjà pratiqué Népal il y a quelques années avec un ami, qui fait ça depuis qu’il a 16 ans. J’ai rapidement attrapé le virus. Donc tout naturellement ma compagne et moi-même avons choisi de se déplacer par ce moyen. Avec mon projet photo, je voulais vraiment immortaliser ce mode de transport aujourd’hui désuet, qui reste encore marginal et que nous utilisons peu. Nous avons la chance de croiser le chemin de beaucoup de personnes tous les jours et de discuter avec elles. Et c’est une richesse incroyable. Je peux aussi parler de l’aspect écologique, parce que lorsque nous nous déplaçons, nous dépensons peu de carbone. »

Est-ce que vous définissez votre trajet à l’avance ou vous vous laissez porter par le vent ? 

« Nous nous sommes laissés porter par le vent. Encore aujourd’hui. Nous avions pour volonté de faire un tour d’Europe et c’est tout. La seule condition qui nous a peut-être guidés, ce sont les conditions climatiques. Au mois de mars, il faisait encore un peu froid donc nous avons privilégié l’Espagne, le Portugal et l’Italie. Puis arrivée en Sicile, nous nous sommes retrouvés sur des routes pendant qu’il faisait très chaud. Donc, nous sommes partis du côté de la Finlande. Ce n’est pas toujours évidemment en autostop, quand nous n’avons pas le contrôle sur la temporalité et le tempo du déplacement. »

Cap sur Arvika (Suède) dans le Varmland en juillet (Crédit : DR)

Et au niveau du gîte et du couvert ? 

« Nous nous adaptons. Avant de partir, nous avions quelques économies de côté et une fois sur place, nous avons fait des économies également. Même si ce n’était pas nécessairement le but au début de notre voyage. Cela nous a donc permis de dépenser notre argent dans la consommation de la culture des pays locaux ou dans la nourriture. Parfois, nous avons mangé dans des cantines ouvrières, dans des restaurants repérés sur le chemin et parfois, c’était juste un bout de pain et du fromage sur le bord de la route (rires). »

Votre aventure a vraiment fait nourrir votre projet photographique finalement ? 

« Effectivement. C’est un projet qui grandit de jour en jour. J’ai la chance de participer prochainement au festival Henri, Léa, Chris et les autres à Arles. Ce qui m’ouvre une porte pour exposer mon travail. C’est un projet de grande ampleur et sur le long terme également. C’est vraiment précieux. »

En parlant de photographie, d’où vous est venue cette passion ? 

« Au cours de mon premier stage en école de communication, j’ai assisté un photographe dans ses tâches. Cela consistait à éditer des photos en noir et blanc de statues. Ensuite, j’ai tiré le fil de la photographie de rue* que je continue toujours en parallèle de mon projet sur l’autostop et les photos documentaires. Je n’ai jamais arrêté à vrai dire. »

Quand vous faites des photos, vous vous dites quoi ?

« Quand j’ai mon appareil autour du cou, j’ai toujours ce plaisir de capturer la meilleure photo. La photographie, c’est un moyen pour moi de raconter des histoires. C’est un moyen d’expression. En ce qui me concerne, j’ai constaté que c’était quelque chose qui me manquait dans le cadre de mon ancienne fonction dans la communication. Il faut savoir rester humble. »

Pensez-vous pouvoir vivre 100 % de votre projet ? 

« Pour l’instant, j’ai encore des économies, donc je compose avec ça. J’ai aussi la chance d’être en couple avec une personne qui comprend mon projet et me soutient. Ce n’est pas donné à tout le monde. Mais je sais que ce n’est pas nécessairement viable sur le long terme. Le monde de la photographie reste compliqué surtout avec la chute du papier et la place que prend l’IA. Je ne dis pas que ça va remplacer le photographe, mais c’est un nouveau débat qui s’ouvre et qui bouscule les lignes. J’aimerais beaucoup à terme générer tous mes revenus grâce à la photographie, mais je pense que je ne vais pas couper à la case travail. Et je ne me ferme absolument pas la porte à l’idée de reprendre mes fonctions dans la communication. »

Pour revenir à votre voyage, vous comptez finir en beauté ? 

« Nous aimerions beaucoup aller au Royaume-Uni et notamment en Écosse. C’est un pays où nous souhaitons vraiment nous rendre, car nous n’avons pas encore eu l’occasion de le faire. Nous n’en avons pas encore terminé avec l’Europe, ça, c’est sûr ! »

* Instagram : paul.coudrier et coudrier_photography / Site internet : paulcoudrier.com


L’utilisation de l’IA dans la photographie

Près de la moitié des Français admettent avoir retouché leurs photos. L’intelligence artificielle est un outil précieux pour les amateurs et les professionnels cherchant à améliorer leurs images. Bien que certains puissent percevoir l’IA comme une menace pour les photographes, elle peut en réalité constituer un soutien essentiel sans compromettre leur art. Cet outil est utilisé pour le traitement des images, la correction des imperfections d’exposition, de mise au point ou de contraste, l’ajout d’effets, de filtres, voire la suppression d’éléments indésirables. Utilisée à bon escient, l’IA peut s’avérer utile permettant aux photographes de se concentrer sur leur cœur de métier et l’essence même de leur art.


Emma LABROUSSE