Très populaires en Asie, émergentes en France, les compétitions de jeux vidéo présentent toutes les caractéristiques d’un sport à part entière. Sponsors, contrats pro et même dopage, le e-sport n’est pas qu’un simple loisir.
Des feux d’artifices, une foule en délire, des commentateurs hystériques et une équipe qui explose de joie. Non, il ne s’agit pas du sacre des Bleus lors de la coupe du monde de football, mais bien d’une compétition de e-sport. Les cinq joueurs de l’équipe néerlandaise Liquid se sont imposés en 2017 lors de la dernière phase du championnat international de Dota 2, un jeu de bataille en ligne multi-joueurs. Des milliers de personnes ont assisté à cette victoire mais aussi des millions sur Internet via des plateformes de live streaming comme Twitch. Et l’enjeu était de taille : désormais, ils sont tous millionnaires. Les vainqueurs sont repartis avec près de 11 millions de dollars, un record absolu dans l’histoire de la discipline.
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Comme dans beaucoup de sports, des sommes astronomiques sont en jeu. Parce que oui, le e-sport est loin d’être un loisir de geeks boutonneux complètement désocialisés comme certaines mauvaises langues adorent affirmer. C’est une pratique qui reprend tous les codes d’une discipline plus grand public comme le football ou le rugby.
Un loisir qui s’est professionnalisé
Certains experts estiment que d’ici 2021 le chiffre d’affaires lié à l’e-sport va atteindre les 3 milliards d’euros. Les éditeurs des licences les plus populaires l’ont bien compris et n’hésitent pas à dépenser beaucoup d’argent pour organiser des compétitions. Les sponsors leur ont vite emboîté le pas en repérant les étoiles montantes du jeu vidéo et en faisant tout pour les transformer en champions. Les journées d’entraînement sont comparables à celles de véritables sportifs : coaching personnel et en équipe, séances d’analyses, les professionnels peuvent s’exercer jusqu’à 16 heures par jour. Et pour ceux qui estiment que l’e-sport n’est pas physique : les heures de sommeil et l’alimentation des gamers sont surveillées de très près, ils sont parfois forcés d’aller se dépenser et de lâcher leur ordinateur pour garder la forme. Ces modes d’entraînement intensifs sont décriés dans le milieu, compte tenu de la pression qui pèse sur les épaules des compétiteurs, couplée à un isolement social.
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Une popularité grimpante… qui entraîne des dérives
L’e-sport est sans conteste très populaire et pratiqué dans le monde entier. Les compétitions attirent tellement de monde qu’elles ont lieu dans des salles immenses. La finale du championnat du monde 2019 de League of Legends se déroulera en novembre à l’AccorHotels Arena de Paris devant 20 000 spectateurs et des millions d’autres sur Internet. Mais comme dans toute discipline, certains professionnels sont prêts à tout pour gagner, quitte à tomber dans l’illégalité. Le dopage existe bel et bien dans le domaine du jeu vidéo et il apparaît sous deux formes. Le joueur peut prendre des médicaments ou des substances dopantes pour atténuer les effets de la fatigue qui apparaissent après des heures de compétition. Mais d’autres méthodes sont plus vicieuses. Certains n’hésitent pas à télécharger des logiciels pour améliorer leurs performances. En 2018, un joueur indien a été disqualifié d’un tournoi à Shanghai après qu’un arbitre ait découvert sur son ordinateur un logiciel frauduleux qui lui permettait de toujours toucher ses cibles sur Counter Strike, un jeu de tir.
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Alors que certains le réclament, l’e-sport n’est pour le moment pas près de devenir un sport olympique. Malgré tout, une reconnaissance légale a été apportée à la discipline et ses pratiquants depuis 2016 en France. En Corée du Sud, un ministère du jeu vidéo existe déjà pour encadrer les compétitions.
Hélèna Sarracanie