Non, vous ne rêvez pas. Les cigarettes composées de e-liquides au cannabidiol (CBD) sont désormais légales…ou presque. Alors que l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) a manifesté clairement son désaccord, le ministère de la Santé s’est montré bien plus compréhensif. Ardents défenseurs d’une libre consommation du cannabis en France, ne criez pas victoire trop vite.
🍁 De quoi on parle?
Ça fait le buzz. Après la cigarette électronique, c’est au tour du joint électronique de créer la polémique. Un petit cours de biologie s’impose : le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD) sont deux composantes du cannabis. Pour faire simple, le THC s’attaque à votre cerveau et provoque des effets léthargiques, et le CBD calme ces effets. Seuls les e-liquides contenant moins de 0,2% de THC pourront être vendus. Mais si les amateurs de ganja sont si attachés à cette pratique, c’est bien évidemment pour la défonce. En gros, le joint électronique, c’est un peu comme du Champomy. Il y a le goût, l’odeur, mais il manque un truc.
⚠️ Faut-il se méfier ?
Les scientifiques ne savent pas trop quoi en penser. La molécule posséderait de nombreux usages thérapeutiques et serait parfois utilisée contre l’anxiété. Certains consommateurs s’estiment plus détendus après avoir vapoté leur « e-joint ». Mais les fumeurs réguliers de cannabis ne sont pas du même avis. Depuis quelques mois, la vente de CBD – en liquide, en huile ou sous sa forme classique de plante séchée – explose en Suisse. Karim, étudiant en psychologie, vit dans l’Ain, à quelques kilomètres de Genève. Il s’est rendu dans un tabac pour se procurer la nouvelle tendance. Pour lui, c’est une évidence, « la beuh (herbe en verlan) et le CBD sont deux choses complètement différentes, ça n’a rien à voir. » En principe, le cannabidiol n’aurait pas d’effets psychotropes et ne rendrait pas addictif. L’Agence internationale anti-dopage a retiré la substance de sa liste de produits dopants. On n’en sait que très peu sur la molécule, et encore moins sur les liquides qui en contiennent. Le psychiatre addictologue Dan Velea s’est prononcé sur la question « Prendre la décision de commercialiser le CBD sans recul scientifique me semble hasardeux. »
🔎 Où en trouver ?
Sur Internet et dans plusieurs boutiques en France, bien que certains commerçants préfèrent se limiter aux cigarettes électroniques. La raison? « Question de principe et de précaution », a répondu un vendeur du 1er arrondissement de Paris lors d’un reportage mené par Le Parisien. Et ils n’ont pas tord d’être trop prudents.
⛔️ Que risque-t-on ?
Gros cafouillage juridique ce lundi 5 décembre. À Marseille, dix-huit mois de prison avec sursis et une amende de 15 000 euros ont été requis contre deux fabricants de joints électroniques. Vous pensez alors n’avoir rien compris? Pas de panique, eux non plus. La semaine dernière, le ministère de la Santé a bel et bien jugé « légal » cette pratique. Il s’agit, plus précisément, d’une « dérogation à la législation », à condition que les e-liquides ne dépassent pas 0,2% de THC. De ce fait, les avocats de Matthieu de Vallois et Antoine Vey ne comprennent pas les réquisitions du procureur. Vous connaissez le dicton : pas de fumée sans feu… le joint électronique vient de prouver le contraire. Donc tant que l’imbroglio juridique continue, mieux vaut être patient.
Marc Chavanne