Si nombreux à la télévision, si rares au cinéma. Les films de Noël se font généralement discrets sur grand écran, mais Paul Feig en a décidé autrement. Avec Last Christmas, le réalisateur américain ramène la comédie romantique d’hiver dans les salles obscures. Et ce, dans une démesure totale et un poil décousue.
Des sapins à foison, des guirlandes par millions, des boules, des cloches, des grelots, des lutins, des casse-noisettes et un George Michael en fête. Last Christmas arrive avec ses gros sabots scintillants dans les rues de Londres et met le paquet sur la forme au détriment du fond. L’esthétique de Noël s’impose avec force, mais le coeur n’y est pas vraiment. Derrière toutes ces paillettes et ces mélodies sautillantes, se cache un conte relativement décevant. Paul Feig raconte ici l’histoire de Kate (Emilia Clarke), une jeune Bridget Jones aussi énergique que calamiteuse, qui peine à retrouver sa vie d’antan après avoir été gravement malade. Sa rencontre avec le mystérieux Tom (Henry Golding) va soudainement bouleverser son existence. Un pitch prometteur, malheureusement gâché par un excès de lourdeurs et de gags poussifs. S’il manque incroyablement de subtilité, le récit jouit cependant d’une ambiance douce et chaleureuse. Véritable film hommage, la comédie se construit sur un cocon de tendresse porté par la voix rassurante du célèbre chanteur anglais. Décédé le 25 décembre 2016, l’interprète de « Last Christmas » revient en chansons tout au long du film. Les titres choisis se prêtent intelligemment au scénario et viennent habiller les scènes avec délicatesse et émotion. Un morceau inédit de l’artiste vient même se glisser à la toute fin. « This Is How (We Want You To Get High) » apparait donc comme un vrai cadeau pour les fans, venus retrouver leur idole une dernière fois.
Un Noël étouffant
Trop concentré sur les clichés des fêtes de fin d’année, Last Christmas en oublie presque de nous faire rêver. Le comique est tellement appuyé qu’il en devient agaçant, voire gênant. Et si, le caractère piquant d’Emma Thompson ressort à travers certains dialogues coécrits avec Bryony Kimmings, le résultat reste néanmoins assez grossier. Le casting charmant laissait pourtant espérer un nouveau Love Actually (Richard Curtis). Un petit bonbon croquant à savourer sous un plaid un soir de météo enneigée. Mais il n’en est rien. Emilia Clarke a beau remplir son rôle avec une présence solaire et un enthousiasme irréprochable, elle ne parvient pas à faire oublier la gaucherie criante du film. Connue pour son rôle de Daenerys dans la série Game of Thrones, la joyeuse comédienne tente d’incarner la folie douce de l’Angleterre avec passion. Elle fait honneur au style vestimentaire anglais et à sa philosophie de vie décalée, mais l’humour du film, manque lui, cruellement d’identité britannique. Last Christmas tombe ainsi dans les travers rouillés de la comédie américaine, délaissant tristement la préciosité mordante du pays de la Rose.
Une magie terne et politisée
Avec des références évidentes à la crise politique actuelle et au Brexit, le propos s’éloigne énormément du cinéma de Noël classique. Paul Feig offre un condensé de messages moralisateurs sur fond social avec une maladresse regrettable. Il emballe ensemble les problèmes de santé, de rapports humains, d’homosexualité, d’immigration, de racisme ou encore de sans-domicile-fixe pour un rendu fouillis qui perd complètement son sens. A l’instar de Fabienne Lepic dans « Fais pas ci, fais pas ça », le réalisateur sert ainsi un « fourre-z’y-tout » indigeste qui reste sur l’estomac. Un grand dommage pour le film, dont le dénouement inattendu apporte finalement la poésie et la magie tant recherchées. En voulant donner vie aux paroles de la chanson de George Michael, le film prend effectivement un tournant surprenant. Plus lyrique, plus délicat, plus touchant. Il met en lumière une problématique souvent ignorée dans notre société, mais pourtant importante. De quoi redonner à Last Christmas une once d’enchantement, mais pas assez pour le sauver du raté.
Last Christmas est sorti le 27 novembre dans les salles