Journée mondiale des toilettes: politique de la chasse vide à Nice

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Les toilettes publiques du Vieux-Nice avec la signature de Ben sur la devanture © A.C

Avec des millions de visiteurs chaque année, Nice se heurte à une demande pressante d’installations sanitaires. Mais entre infrastructures insuffisantes et manque de signalisation, trouver un endroit pour satisfaire un besoin naturel relève presque du parcours du combattant.

Une envie pressante vous prend, comment faire ? À Nice, trouver une toilette publique disponible et bien entretenue est souvent plus compliqué qu’il n’y paraît. La ville ne compte qu’une vingtaine de toilettes publiques, pour ses quelque 350 000 habitants et ses milliers de touristes, et beaucoup sont payantes. Pourtant selon Charles, employé des toilettes publiques du Vieux-Nice, cela fait partie des us et coutumes niçoises. « Les mauvais clients, ce sont les Français ! Ce qui sont nés ici, les enfants du pays, savent très bien que depuis 150 ans, tout se paye à Nice. Dans le temps, on payait pour s’asseoir sur les chaises bleues sur la Promenade des Anglais. »

Pour Éva, une touriste suédoise en visite, hors de question de payer pour aller aux toilettes ! Selon elle, ce service devrait être gratuit partout et pour tout le monde. « Je ne paierai jamais pour aller aux toilettes. Je préfère aller en pleine nature, au Mont Boron par exemple, avec une belle vue c’est parfait ! » avoue-t-elle en rigolant.

Les commerçants en première ligne face aux besoins des visiteurs

À défaut d’un nombre suffisant de toilettes publiques ou d’un trop grand nombre payantes, ce sont souvent les bars et restaurants qui en paient les frais. Samir Nasser, gérant du bar-restaurant « El Merkado » sur le Cours Saleya, fait face tous les jours à ces demandes pressantes. « Je peux aller aux toilettes, s’il vous plaît ? J’entends cette phrase 10 000 fois par jour ! Ce sont presque toujours des touristes, surtout des femmes, pour qui trouver des toilettes est bien plus compliqué que pour les hommes », confie-t-il.

Romain David, serveur à « Lou Kalu », fait le même constat. L’afflux massif de clients uniquement intéressé par l’accès aux sanitaires peut agacer. « Parfois, la terrasse est vide, ils ne disent même pas bonjour et vont directement aux toilettes. Chaque jour, une quinzaine de personnes viennent pour cela.»

« Certaines ne sont ouvertes qu’en saison estivale, par rapport à l’affluence. »

Manque d’indications envers les touristes ? Il faut dire que les panneaux « toilettes publiques » sont bien cachés et peu nombreux. Et les toilettes sont rares ! La ville de Nice ne compte que 11 toilettes payantes et une dizaine de toilettes gratuites, parmi lesquelles, une grande majorité est souvent fermée. Comme sur la place Arson, où les toilettes les moins bien notées de la ville sur Google, sont actuellement hors de service. Charles en témoigne, le manque de toilettes est criant à Nice. « Des concessions municipales de toilettes, il en manque à Nice. Il n’y en a que onze, et certaines ne sont ouvertes qu’en saison estivale, par rapport à l’affluence. » 

Antoine Champoussin