Jérémy Ferrari : bourré de talent

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Jérémy Ferrari était au Palais Nikaia à Nice, le 10 novembre dernier ©Wikimedia Commons

Jérémy Ferrari est passé par des phases sombres durant sa carrière. Tentative de suicide, alcoolisme… Aujourd’hui guéri, l’humoriste et comédien de 37 ans revient sur le devant de la scène avec son nouveau spectacle Anesthésie Générale, où il se livre notamment sur ses addictions.

« Je pouvais boire jusqu’à 6 litres de vin par jour sans aucun problème ! », assure Jérémy Ferrari lors d’une interview. Dans son spectacle Anesthésie Générale, le natif de Charleville- Mézières revient sur cette période marquante de sa vie. Connu du grand public depuis son passage en 2010 dans l’émission On n’demande qu’à en rire, le protégé de Laurent Ruquier enchaîne les tournées avec succès. Dans les spectacles Vends deux pièces pour Beyrouth et Allelujah Bordel, il évoque des sujets sensibles comme la religion et la politique. En 12 ans de carrière, il compte 1.2 millions de places vendues.

Mais en parallèle de ces représentations, la vérité est toute autre. Atteint d’un trouble obsessionnel compulsif et idéatif, sa routine se résume à prendre jusqu’à six douches par jour entre le matin et le soir. Pire encore, il s’imagine avoir le sida, ce qui « lui nique ses journées ». Ces hallucinations vont plus loin. Au détour d’une conversation, Jérémy Ferrari entend et voit des choses irréelles comme un hôpital derrière un feu rouge ou son médecin l’informant qu’il va mourir. Ces troubles sont accentués par son haut potentiel émotionnel.

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« Je pense que j’ai toujours été alcoolique »

Au début de sa carrière, Jérémy Ferrari joue son spectacle le soir dans une petite salle parisienne de 40 places. La journée, il est vendeur chez Orange. C’est en 2010 que tout va s’accélérer, après son passage dans l’émission On n’demande qu’à en rire, présentée par Laurent Ruquier. Rapidement pensionnaire de l’émission, le « grand brun costaud » (surnom donné par Jean Benguigui, juge, lors d’un sketch) se distingue par son humour noir. Auteur de 77 participations en deux ans d’émission, sa capacité à traiter les sujets est bénéfique pour lui : « À la fin, je prenais 150 euros par émission. »

Sous le feu des projecteurs depuis, l’humoriste a longtemps pensé que « si un jour ça marchait pour lui (sur scène), ça résoudrait tous les problèmes qu’il y a dans sa tête ». Raté. Au contraire ! Son addiction à l’alcool augmente de jour en jour. C’est le début de l’enfer. À son sommet, sa dépendance est telle qu’à 31 ans, il envisage de mettre fin à ses jours : « Je me suis mis au bord de la fenêtre, face au vide, et ce que je ressentais à ce moment là, c’était de la joie. » Derrière le comédien engagé se cache en réalité un grand angoissé, se raccrochant à l’alcool pour fuir ses démons. L’artiste décide de se reprendre en main et d’entamer une cure de désintoxication en 2016.

Qu’est-ce que l’alcoolisme ?
L’alcool est une substance psychoactive pouvant entraîner une dépendance, on parle alors d’alcoolisme. Il en existe deux types : aiguë, lorsque la personne consomme de manière ponctuelle de grandes quantités d’alcool en très peu de temps. Et chronique, qui concerne celui ou celle qui ne peut s’empêcher d’avoir une consommation quotidienne qui dépasse les recommandations en vigueur. Les raisons qui peuvent expliquer une dépendance à l’alcool sont multiples, mais généralement la personne cherche à résoudre un problème, par exemple, fuir une réalité trop dure notamment en cas de soucis au travail, conflits conjugaux ou familiaux. L’alcool peut également être synonyme de récompense ou de béquille émotionnelle.

Le sport et la prévention comme échappatoires

Depuis la fin de son traitement en 2017, Jérémy Ferrari « reprend goût à la vie ». Et le sport n’y est pas pour rien. Cette nouvelle addiction l’occupe « une à trois heures par jour » selon son planning, mais lui « permet de penser à autre chose ». L’artiste est encore fragile à ce sujet et reste donc méfiant quant à sa santé : « Lorsque je sens que dans une soirée je peux flancher, je préfère partir. » Sa volonté de garder la mainmise sur son esprit reste un combat quotidien. Parallèlement au sport, le « roi de l’humour noir » multiplie les apparitions sur les plateaux télé, les talk-show, les journaux nationaux et les réseaux sociaux, pour prévenir sur les effets de l’alcoolisme. « La dépendance est une maladie », précise-t-il dans ses passages, par conséquent il faut « s’entourer de professionnels pour guérir ». Ces deux échappatoires permettent à l’humoriste de se sentir mieux dans son corps et dans sa tête, chose essentiel pour continuer de monter sur scène. Lancée en 2019, il a entamé la tournée 2022 de son dernier spectacle à Nice, au Palais Nikaia, le 10 novembre dernier.

Les cinq célèbres punchlines de Jérémy Ferrari

1. « C’est pas parce que c’est un film sur les handicapés qu’il doit y avoir que des handicapés dans la salle. Quand il y avait La marche de l’Empereur, il me semble pas qu’il y avait que des pingouins »
2. « On sait à quel point, surtout pour de jeunes enfants, l’éducation religieuse doit être longue et dure »
3. « L’adoption coûte en moyenne 5000 euros les enfants, ce qui fait de vous un mauvais rapport qualité-prix »
4. « Les autres on s’en fout, c’est sûrement des Arabes qui ont répondu »
5. « Pour le moment, c’est pas assez. Quand votre mari vous aura suffisamment roué de coups, vous nous rappellerez pour la plainte »

Stephan Zloty

*Ce travail a fait l’object d’une vérification juridique et éditoriale par Lucie Guerra*