« Je vois la vie différemment »

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Alexandre Cuquel a vaincu définitivement le cancer le 20 décembre 2018 / CP : DR.

A 19 ans, Alexandre Cuquel est étudiant en première année de STAPS à la faculté Paul Sabatier à Toulouse. Pendant 5 ans, il a mené un tout autre combat, celui contre la maladie.

La vie d’Alexandre Cuquel a basculé par hasard le 21 décembre 2013. « Pendant les matches de rugby, j’avais beaucoup de crampes et je n’arrivais pas à guérir d’une gastro. Ma mère m’a donc amené chez le médecin. » Si l’auscultation n’a rien révélé, cela n’a pas été le cas pour la prise de sang. Il se souvient parfaitement lorsque Christine, sa maman, « est rentrée en pleurant avec les résultats à la main. » Pas le temps pour les explications, direction immédiatement l’hôpital de Toulouse. A 14 ans, Alexandre est quelqu’un de réservé mais aussi très sensible.


Etant encore jeune, il ne comprend pas ce qu’il se passe : « lorsque j’ai vu quatre médecins et huit infirmiers dans ma chambre, j’ai réalisé que quelque chose de grave arrivait. » Et d’un coup, la douche froide. « Alexandre, tu as une leucémie. » Le jeune valencien voit ses parents pleurer mais ne réagit pas sur le coup car il ne connait pas la maladie. « On m’a alors expliqué et j’ai commencé à pleurer. Ma vie entière a basculé parce que je ne savais pas si elle continuerait », se remémore-t-il les larmes aux yeux.


Fini le rugby, les sorties avec les copains et le lycée. Alexandre passe deux mois à l’hôpital et commence la première étape de son traitement le 24 décembre 2013. Alors que tout le monde se prépare à fêter Noël, l’adolescent se fait opérer pour qu’on lui pose un port-à-cath (ndlr : petit boitier placé sous la peau pour faciliter les prises de sang) et débute les chimios.

Un soutien indéfectible
« J’avais un traitement très lourd, je faisais des chimios tous les jours, même plusieurs fois dans la même journée. » Il est soumis à un régime très strict et la fatigue s’empare vite du jeune homme. Mais ce dernier tient le coup grâce au soutien de ses proches et de ses amis. Chaque message reçu lui donne un supplément d’âme et il ne se retrouve jamais au fond du trou, « même si j’ai failli y passer après plusieurs AVC et infections pulmonaires. » Grâce à la maladie, un nouvel Alexandre a vu le jour, plus mature et plus fort. Toujours souriant, le valencien ne voulait pas montrer l’image d’un patient alité, mais celle d’une personne qui garde le sourire et s’amuse avec les autres enfants du service cancérologie.


Dix mois après le début du traitement, tout ce passe parfaitement bien. Il peut désormais rentrer chez lui le week-end mais il n’a qu’une seule idée en tête : reprendre le rugby, « même si tout le monde me l’a déconseillé. » Têtu, il convainc le corps médical et on lui retire le port-à-cath. « Je ne m’imaginais pas arrêter complément l’ovalie. Dès que j’ai appris mon cancer, j’ai pleuré car je savais que le rugby c’était fini. » Très amaigri (48 kg pendant son traitement), il reprend petit à petit la course et retrouve de la force pour devenir « un bon poulet de 90 kg », plaisante-t-il. En septembre 2015, le rugbyman gagne une première bataille : reprendre son sport favori.


Retour à la normale
La voie vers la guérison prend un nouveau virage le 21 décembre 2015 lorsque le jeune homme entre officiellement en rémission. Fini les traitements, mais « je n’étais pas à l’abri d’une rechute pendant les trois années suivantes. » La vie reprend peu à peu son cours, et Alexandre retourne au lycée à Valence d’Agen (82). Il entre directement en première scientifique après un an d’absence. Pas question pour lui de redoubler la seconde car il voit ça comme un « échec ». Aujourd’hui le baccalauréat en poche, il étudie désormais en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) à Toulouse. « J’ai été refusé une première fois à cause du tirage au sort. J’ai donc fait un DUT génie civil mais ça ne me plaisait pas. J’ai retenté ma chance cette année et j’ai réussi. »


L’étudiant est officiellement guéri le 21 décembre 2018. Plus de chimios, de prises de sang et d’hôpital, même s’il doit « y revenir tous les deux ans jusqu’à la fin de [ses] jours pour un bilan. » Aujourd’hui, Alexandre est un homme heureux, un sportif épanoui et un fils courageux pour sa maman Christine : « cela a été dur de le voir dans cet état. Je le suivais à chaque rendez-vous. En tant que mère, j’avais l’impression d’avoir moi-même le cancer. » Le jeune homme garde tout de même un bon souvenir de ces 5 années de lutte car « c’est pendant cette période que [son] caractère a changé. Je suis marqué à vie par ce crabe », conclut-il en montrant sa cicatrice en-dessous de sa clavicule gauche. « Mais maintenant, la vie est belle ! »