Emmanuelle lutte depuis l’année dernière contre la pollution des plages en organisant des opérations nettoyage sur les réseaux sociaux. Cette amoureuse de la nature est alarmée par le nombre de déchets qu’elle ramasse à chacune de ses promenades.
En période estivale, les employés municipaux niçois peuvent ramasser jusqu’à trois tonnes de déchets par jour sur les plages. Un chiffre alarmant qui pousse Emmanuelle à agir. Seule ou en groupe, la mère de famille de 38 ans ramasse les détritus qui s’entassent sur le littoral des Alpes-Maritimes depuis l’automne dernier. Indépendante de tout collectif ou association, cette photographe à la recherche d’emploi a créé la page Facebook « Mal de mer – SOS Méditerranée » qui réunit 746 personnes pour sensibiliser un maximum de monde à sa cause.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous agir ?
Je suis photographe amatrice et grande amoureuse de la nature. J’aime marcher et photographier tout ce qui passe à portée de mon objectif. C’est à force de promenades et de ballades photos que je me suis aperçue que les déchets sont partout : rues, plages, mer, forêts, rivières. Et dorénavant, je ne sors presque jamais en promenade sans sacs et gants pour ramasser. Je prends aussi des photos que je mets sur ma page Facebook en espérant ouvrir les yeux de ceux qui disent ne pas savoir alors qu’en fait, ils sont pleinement conscients du drame qui se joue et de l’avenir incertain de notre planète.
La plupart du temps, vous êtes seule, mais vous essayez de mener des actions collectives ?
Les nettoyages collectifs, c’est une fois tous les deux mois pour le moment. Une pause va être observée pour les plages jusqu’à l’automne prochain à cause de la reprise d’activité touristique dans la ville avec la belle saison qui approche à grands pas. Par la suite, je pense faire ça une fois par mois pendant l’hiver. Pour le moment, il n’y a qu’à Nice que j’agis en groupe. Seule, j’œuvre un peu partout où le bus me mène : Antibes, Eze etc.
Comment faites-vous pour nettoyer ? Vous restez juste sur la plage ou il vous arrive de plonger en mer ?
Une entreprise de nettoyage m’a très gentiment fournie en sacs poubelles et gants que je donne moi-même aux volontaires qui m’accompagnent. J’ai à cœur de ramasser tout ce qui n’est pas organique et qui n’a rien à faire sur nos plages (plastiques, fils de pêche, bouteilles, canettes…). Je n’ai jamais plongé, malheureusement, j’aimerais, mais je crois savoir que mon souci de santé permanent m’en empêcherait. Si je le pouvais, je le ferais. Je me contente donc pour le moment des plages, mais pas que. La semaine dernière, je me trouvais sur un quai de gare, par exemple.
Généralement, quelle quantité de déchets ramassez-vous par opération ?
Ne pouvant pas peser la quantité ramassée, je ne peux donner une quantité qu’en terme de nombre de sacs remplis. Une opération comme celle de ce matin [le 7 avril, à la plage du castel à Nice avec une dizaine de personnes ndlr], c’est environ vingt sacs poubelles de cent litres remplis aux trois quarts, sinon ils sont trop lourds à porter et peuvent se déchirer. Seule, je fais environ quatre sacs.
Pensez-vous que le tourisme soit la cause principale de cette pollution ?
Je ne pense pas. Mais incontestablement et proportionnellement au nombre de personnes, habitants ou touristes qu’il y a par jour dans une ville telle que Nice, ça y contribue, oui. Un pollueur reste un pollueur, d’où qu’il vienne.
Comment faire pour que les mers et océans soient moins pollués ?
A mon sens, il faudrait pouvoir sensibiliser encore plus, faire ramasser aux pollueurs les déchets des autres, un excellent moyen de dissuasion à mes yeux et même verbaliser toute personne qui ne respecterait pas des consignes simples de respect et de savoir vivre, comme jeter dans une poubelle plutôt que par terre ou dans les plaques d’égouts. Tout finira tôt ou tard dans la mer ou les océans. Tous les jours les plages sont salies, avec les piques niques ou apéros sauvages, les mégots ou les papiers jetés par terre, les emballages de fast food laissés à l’abandon qui ne se décomposeront jamais… c’est désolant et inacceptable ! Nous sommes en 2019 tout de même.
Hélèna Sarracanie