Il y a dix ans, un gigantesque tsunami s’est abattu sur les côtes japonaises. Une catastrophe naturelle mal perçue en France alors que 10% d’entre elles ont lieu en Méditerranée et pourraient impacter la Côte d’Azur.
C’était il y a tout juste dix ans. Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9,1 au large du Japon entraîne un immense tsunami (la hauteur a dépassé les 30 mètres par endroit) dont la puissance détruit tout sur son passage, jusqu’à 10 kilomètres à l’intérieur des terres. Cette « vague du port » (étymologie du mot tsunami) est responsable de plus de 18.000 morts, soit 90% des décès de ce triste jour, de dizaines de milliards de dollars de dégâts matériels et provoque la catastrophe nucléaire de Fukushima.
Cet événement violent semble lointain, concentré dans les eaux bien plus exaltées des océans Pacifique et Indien. Et pourtant, « le risque tsunami existe en Méditerranée. Il y en a déjà eu sur la Côte d’Azur », rappelle Pascal Roudil, sismologue et responsable du Centre d’alerte au tsunami (Cenalt). A vrai dire, 10% des tsunamis dans le monde ont lieu dans cette mer. Certains, y compris dans l’Histoire récente, ont touché la Riviera française, comme en 2003, en 1979 et en 1887 notamment, avec des impacts divers. « La question n’est pas de savoir si il va de nouveau y avoir un tsunami sur la Côte d’Azur, mais quand, car il y en aura encore », explique le responsable du Cenalt.
Sur le littoral azuréen, la vague ne serait pas très haute mais violente
Avec les failles présentes dans la zone géographique, il est impossible d’envisager un tsunami immense sur la Côte d’Azur. « Le niveau du tsunami varie en fonction des côtes, des criques, de la profondeur du sol marin etc… sa hauteur peut donc être différente sur un même événement en fonction du littoral. Mais une chose est sûre : une vague atteindra dans la région au grand maximum trois ou quatre mètres de hauteur », précise Pascal Roudil, pour qui le vrai danger sur la Côte d’Azur réside ailleurs : « Ce serait plutôt une onde avec un courant important. La vague, même si elle ne fait que quelques centimètres de hauteur, pourrait arriver entre 40 et 60 km/h en bord de mer. »
« Si la vague dépasse le littoral, elle ramasse tout ce qui est mobile sur son passage, comme les poubelles, les panneaux, les vélos, voire les voitures et certains objets ancrés au sol. Tous ces objets chargent l’eau qui n’en est plus vraiment au bout d’un moment, c’en devient un fluide dense chargé en objets qui fauche les gens », alarme de son côté Christophe Larroque, géologue à Géoazur et expert des questions tsunamis depuis 20 ans. Durant l’été, avec le littoral bondé, les conséquences pourraient être dramatiques.
L’objectif pour le chercheur n’est pas pour autant de dramatiser, mais d’alerter. « Quand on vit dans une zone où des risques existent, on a des regrets que les gens ne soient pas plus informés. C’est important de savoir qu’il y a un risque potentiel, sur n’importe quelle côte, explique le géologue. Le risque est faible, peu fréquent et peu important, mais il existe. Le plus important est qu’il y en ait une prise de conscience chez la population. »
Bon à savoir : les bons gestes face au risque tsunami
Pour les tsunamis dont l’origine est proche, deux éléments permettent d’anticiper la venue d’une vague dangereuse : un tremblement de terre plus long et plus puissant qu’à l’accoutumée ou un retrait anormal de la mer alors qu’il n’y a pas de marées en Méditerranée. Pour ceux qui viennent de plus loin, l’alerte à la population a le temps d’être donnée.
Dans toutes les situations, les bons gestes à adopter consistent simplement à quitter, dans le calme, le littoral et à se réfugier, soit dans un espace en hauteur, soit à au moins 200 mètres à l’intérieur des terres. Attendez une demi-heure/une heure, si vous n’avez pas de contre-indication des autorités, vous pouvez retourner en bord de plage.