Il a célébré ses 80 ans le 18 octobre dernier. Un personnage qui a marqué son temps, mais pas que… Portrait d’un homme attachant et attaché à son AJ Auxerre
Entraineur le plus capé de Ligue 1 (894 matchs), le plus titré en coupe de France (4 titres)… La légende de Guy Roux ne s’est pourtant pas écrite sur son palmarès. Jamais sans son bonnet sous les dix degrés, l’enfant du pays de Bourgogne reste une icône du football bleu blanc rouge. En plus de 40 ans au poste de manager de l’AJA, le « sorcier bourguignon » a mené son club des championnats régionaux à la scène européenne.
Pionier de la formation en France
S’il y a bien une chose à retenir de Guy Roux, c’est le rôle qu’il a joué sur la mise en place des centres de formation dans l’hexagone. Il a toujours compté sur la jeunesse pour viser les sommets. Alexandre Comisetti, au club de 1999 à 2001 décrit : « Sa méthode repose sur le choix de ses hommes. Il s’est beaucoup appuyé sur son centre ; il en était le précurseur ». Quelques beaux noms sont d’ailleurs sortis du lot. Cantona, Mexès, Cissé ou Boumsong restent intimement liés à l’enseignement auxerrois. Un modèle qui très vite sera reconnu et copié un peu partout en France. Ce fort lien avec le futur du ballon rond vaut à Guy Roux un statut de deuxième père pour de nombreux joueurs. Lorsque Jean-Marc Ferreri a signé au club à 14 ans, il est hébergé par le coach en personne. Figure paternaliste, l’entraineur a toujours veillé au bon comportement de ses joueurs. Sa lutte : les sorties nocturnes de son effectif. Il a alors mis sur pied des stratagèmes à base de contrôles des compteurs kilométriques et d’indics aux péages et en boites de nuit. « Il avait de la poigne et était intransigeant. Il voulait tout maîtriser des joueurs, leur entourage et leurs déplacements… », se souvient l’attaquant suisse.
Des Guignols aux plateaux tv
L’homme au bonnet est aussi une figure médiatique. Alexandre Comisetti prévient : « Il y avait l’entraîneur avec ses responsabilités et l’homme médiatique, donnant cette image du coach paysan érudit. Il savait très bien faire la différence. » Le Bourguignon fait partie de ceux qui ont eu une marionnette chez les Guignols. « L’éleveur de champions », comme il était surnommé dans l’émission satirique, était souvent décrit comme un homme radin. Si sa caricature ne lui a pas de suite plu, Guy Roux a fini par accepter et rire de son double parodique. Ce passage dans le programme de Canal + lui a donné une nouvelle dimension. Très vite, les marques se l’arrachent et l’entraineur tournent dans plusieurs publicités. Comme quoi, ce chevalier de la légion d’honneur était voué à faire des apparitions à la télévision. Dès 1984, et en parallèle à sa carrière de manager, il devient consultant sur plusieurs grandes chaines françaises. Encore aujourd’hui et ce, malgré ses 80 ans, le Colmarien intervient sur la chaine l’Equipe ainsi qu’à la radio. Guy Roux a presque toujours fait l’unanimité. « Malgré son ingérence occasionnelle, c’est un bon personnage, souffle Alexandre Comisetti, les joueurs l’aimaient beaucoup et je garde de bons souvenirs de ce personnage atypique. »
Audrey Corminboeuf