Guerre en Ukraine : Après 1000 jours de conflit, Nice reste une terre d’accueil pour les ressortissants ukrainiens  

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À Nice, l’accueil des ressortissants ukrainiens est forte près de 3 ans après le début du conflit © M.D

Cela fait 1000 jours que la guerre entre l’Ukraine et la Russie a débuté. À Nice, en 2023, près de 12 000 réfugiés ukrainiens étaient recensés. L’association franco-ukrainienne, AFUCA, se charge de leur accueil pour des jours meilleurs.  

« Liberté », « espoir », « solidarité », « fierté » tels sont les mots affichés sur les murs de l’association franco-ukrainienne, AFUCA. Des mots pour exprimer la mentalité ukrainienne. Des mots pour garder un cap aussi. Mille jours après le début de la guerre, entre les murs de l’association, une musique rock résonne laissant planer une atmosphère d’apparence calme. Chaque jour, l’enceinte voit défiler des ressortissants ukrainiens, primo arrivants en France. Ici, ils sont reçus, accompagnés. Une école ukrainienne accueille les enfants. Des cours de français et d’arts plastiques sont aussi dispensés aux adultes. L’objectif : laisser la créativité de chacun s’exprimer. Peut-être pour mieux se sentir. 

Une arrivée récente  

Dans ce lieu aux murs tapissés d’affiches et de petits drapeaux ukrainiens, c’est à l’accueil du service d’aide administrative que les  nouveaux arrivants sont accueillis. Dans la salle attenante, un jeune couple est assis sur l’un des sofas. Tout juste arrivés en France il y a trois jours, Ilya et Olha, un couple de 38 et 34 ans originaires de l’ouest de l’Ukraine cherche de l’aide. « Nous avons trouvé le nom de l’association grâce aux réseaux sociaux. »  

En 2012, les conjoints projettent de quitter l’Ukraine. La situation en Crimée achève de les convaincre. « L’inflation était forte, se désole Ilya. Pour nous, qui sommes photographes, c’était devenu compliqué. Les gens dépensaient l’argent pour manger, plus pour notre métier ». Courant 2014, ils s’installent en Israël où des membres de leur famille se trouvent déjà. « Nous voulions nous développer» , affirment-ils. Six ans plus tard, au moment de la Covid, tous deux retournent en Ukraine plus régulièrement. Lorsque débute le conflit, le 24 février 2022, ils se retrouvent pris au piège dans leurs familles. Pendant un an demi, Ilya et Olha vivent au plus près du front.

Ilya et Olha sont arrivés en France il y a trois jours © M.D

Quand une porte de sortie s’ouvre : cap sur Israël, de nouveau. Le couple s’y rétablit. « J’ai compris que j’avais un stress post-traumatique là-bas. Dès que j’entendais un son fort je sursautais, déplore Olha. On ne dormait plus, complète son conjoint. On m’a donné des médicaments pour aller  mieux. On pensait y rester… » se remémore l’ukrainienne, le regard vitreux. 

Lorsque la guerre en Israël a commencé, le 7 octobre 2023, une nouvelle peur des conflits les pousse à quitter encore un pays. « L’escalade de la violence, c’est ce qui nous a fait peur. J’ai compris que vraiment, c’était devenu trop dangereux », admet Ilya. Les deux conjoints cherchent alors un endroit calme et paisible où pouvoir travailler. Ce sera cap sur la France et Nice.  

Une terre d’accueil, promesse de travail  

« Nous avons choisi de partir parce qu’il y avait la peur. Puis il n’y avait plus de possibilité d’être embauché pour nous en Ukraine ou en Israël. Nous avons cherché un endroit où l’on aurait du travail. On connaissait déjà Nice, ça a été l’occasion pour nous de s’y rendre », énumère Ilya. Une perspective qu’ils ne sont pas les seuls à avoir imaginée.  

Svetlana, 39 ans, photographe, elle aussi, s’est installée à Nice depuis près de trois ans. « Je connaissais déjà la ville, j’y allais en vacances. Et pour les photos, c’est vraiment très bien. » Originaire de Kharkiv, la jeune femme, mère de famille décide de quitter le ciel parsemé de bombes. « La guerre c’est terrible. La façon dont les Russes sont arrivés dans ma ville… Avant nous avions de l’amitié avec eux, de bonnes relations. Jusqu’au dernier jour (avant la guerre) nous ne pouvions pas comprendre. Quand le matin, nous nous sommes réveillés, il y avait des bombes et c’était le choc. Tout était dangereux. J’ai mon enfant et je ne voulais pas de ça » livre-t-elle, le sourire navré.

L’entrée de l’association franco-ukrainienne, AFUCA, basée à Nice © M.D

Le départ est difficile, la peur, elle, subsiste. Il faut réapprendre à vivre. « Pas le choix, répète-t-elle. Si tu veux avancer dans ta vie, il ne faut pas garder le sentiment mauvais. » Courageuse, c’est souvent de cette façon que les amis de Svetlana la décrivent. À son arrivée en France, elle se retrouve en transit, projetée dans le Nord du pays. Un changement de vie radical. « C’était très calme » . Un calme si spécial, après la guerre, qu’il l’en a effrayé. Puisqu’en 2024, la photographe s’établit à Nice tant bien que mal. « Au début ce n’était pas simple. Ici, j’ai trouvé beaucoup d’amis ukrainiens. Mon petit garçon est scolarisé à l’école française. Il adore. Il apprend vite. Hier c’était une vie et aujourd’hui s’en est une autre » déclare-t-elle, sourire aux lèvres. 

De l’espoir, encore  

Parler de perspective d’avenir, c’est se heurter à espérer. « J’espère que ma famille ira bien. Je pense à eux souvent et j’ai peur pour eux », soupire Svetlana. Au millième jour de la  guerre, le retour en Ukraine s’envisage mais sans trop de préparatifs. Comme elle, depuis l’invasion russe, 28 000 ressortissants ukrainiens sont passés par les  Alpes-Maritimes. Selon France 3 Côte d’Azur, en 2023, 12 000 d’entre eux (3.319 familles et 2.490 personnes seules) ont même été officiellement recensés.

Marie Degroote