Grossesses précoces : ces adolescentes qui portent la vie

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En 2016 : 0,2 % des bébés nés en France ont une mère âgée de 15 ans, selon passeportsanté.net - crédit : payetonprecaire.com

Le colloque à Nice de dimanche dernier a permis de relancer le débat sur les grossesses prématurées. 4 500, c’est environ le nombre d’adolescentes qui tombent enceintes en France chaque année, selon l’observatoire santé. À l’âge où certaines jeunes filles ont leurs premières règles, d’autres attendent leur premier enfant. Des adolescentes des plus normales, qui ont vu leur vie basculer. Mais quels sont les moyens mis en œuvre pour aider ces très jeunes mamans à faire face ?

« Le papa est parti aussi vite qu’il est arrivé »
Elles sont collégiennes ou lycéennes et ont du troquer leurs cahiers contre des couches. Rapports non protégés, oublie de pilules… une insouciance que certaines payent au prix fort. Juliette Amori, enceinte de jumeaux aujourd’hui, a commencé à enfanter très tôt. Elle n’a que 15 ans lorsqu’elle apprend sa grossesse. Un choc pour cette jeune femme, qui n’était qu’en dernière année de collège à l’époque : « Ma mère était contre l’avortement, elle ne m’a pas vraiment laissée le choix » déclare-t-elle, avant de revenir sur ce jour où tout a basculé : «  J’avais une semaine de retard dans mes menstruations. J’ai tout de suite senti que quelque chose clochait. Un retard aussi important ne m’était jamais arrivé. J’ai zappé le test et j’ai directement fait une prise de sang, tellement j’étais sûre. J’ai reçu les résultats le lendemain, j’étais enceinte de trois semaines ».

L’avortement ou l’accouchement sous X sont les solutions les plus fréquentes qui s’offrent à ces jeunes filles désemparées. Mais Juliette assume. Elle doit assumer : « J’ai beaucoup pleuré, puis j’ai pris mon courage à deux mains pour l’annoncer à ma mère. Elle m’a beaucoup aidée, tout au long de ma grossesse mais aussi après la naissance. Sans elle, je ne m’en serais pas sortie » assure-t-elle. Une présence maternelle qui apaise un peu la fuite du papa et des amis qui n’en sont plus vraiment : « le papa est parti aussi vite qu’il est arrivé. Quant aux amis, beaucoup m’ont tourné le dos » se désole-t-elle. Mais heureusement, la jeune maman peut compter sur un soutien virtuel sans faille : « J’ai beaucoup traîné sur les forums de discussions. J’y ai rencontré des jeunes mamans comme moi, avec les mêmes appréhensions, les mêmes craintes, les mêmes envies de s’en sortir ».

« Il souffre d’un léger retard mental »
Une grossesse prématurée est une grossesse à risques. La plupart du temps, l’adolescente ignore qu’elle est enceinte ou souhaite le cacher. Le suivi est donc souvent insuffisant ou tardif. Ces jeunes mamans ne bénéficient alors pas de tous les conseils et examens de dépistages prévus dans le cadre du suivi de grossesse. Victoria Suchetto a 20 ans lorsqu’elle tombe enceinte. Une ventre rond qui prend forme… six mois après : « j’ai appris que j’attendais un enfant à six mois de grossesse. C’était un véritable choc ». Un déni que son fils paye cher aujourd’hui, en multipliant les séjours à l’hôpital l’Anval : « il souffre d’un léger retard mental » avoue-t-elle.

« Elle voulait nous enlever notre enfant »
Si le soutien moral est indispensable dans ces situations, l’aspect financier est tout autant important. Justine Rafael a 18 ans lorsqu’elle apprend qu’elle porte la vie. Bien aidée par la CAF, mais la famille et les amis qui jouent les fantômes et une assistante sociale peu compréhensive : « l’assistante sociale ne nous rassurait pas, bien au contraire. Elle nous a fait des menaces, elle voulait nous enlever notre enfant. On avait un mois pour trouver un appartement » déclare-t-elle. Un compte à rebours enclenché avec une bombe à retardement dans un si petit corps.

Mais comment s’en sortir alors ? De nombreuses associations viennent en aide à celles qui en ont besoin, telles que « Petite maman » ou encore « Jeunes parents ». Sur la côte d’Azur, c’est l’ALC (Accompagnement Lieux d’Accueil NLDR) qui prend en charge les jeunes femmes. L’objectif ? Apporter un soutien matériel et psychologique, dans le but d’éviter les abandons d’enfants. Les femmes accueillies peuvent être hébergées en foyer collectif ou dans un réseau d’appartements.

ROMY FUSTER