En plus d’être décrédibilisé par la circulation de nombreuses fake news sur les réseaux sociaux, le mouvement gilet jaune est aussi entaché par le spectre de la récupération politique. Après quatre jours de mobilisation, quel bilan retenir ?
« Les partis politiques qui ont voulu utiliser le décès dramatique de cette manifestante en Savoie ont eu un comportement indécent », a déclaré lundi le Premier Ministre Edouard Philippe. Le chef du gouvernement fait ici référence au drame qui a marqué la première journée de mobilisation. Une manifestante avait perdu la vie suite au mouvement de panique d’une automobiliste. Sans distinction partisane, le gouvernement profite de l’argumentaire « récupération politique » pour tirer à boulets rouges sur ses opposants. Pourtant, de gauche à droite, tous essaient de s’accaparer le mouvement.
À droite, tracts et coups d’éclat médiatiques
« Stop au racket ! », ils ont été nombreux à brandir ce slogan. Nicolas Dupont-Aignan, habitué aux coups d’éclat médiatiques, s’est vanté d’avoir imprimé un million de tracts. Lors d’une distribution, quelques jours avant le rassemblement du 17, l’ancien allié de Marine Le Pen a répondu à ceux qui l’accusent d’instrumentalisation. « Ce combat » sur le prix des carburants, « je le mène depuis des années […] et je ne hurle pas avec les loups. »
Du coté de LR, Laurent Wauquier, a vu encore plus grand en annonçant la distribution de plus de 1,4 million de tracts. Toujours avec le même slogan. Le député de Haute-Loire tente depuis le début du mouvement de se placer en « défenseur des gilets jaunes », comme titre un article du Monde du jour. Sa volonté : « rendre l’argent aux Français ». Une attitude dénoncée par certains membres du gouvernement. « C’est vraiment la quintessence de la démagogie, et vraiment très peu à la hauteur d’un homme politique », fustigeait, dimanche, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin. Florence Portelli, maire LR de Taverny (Val-d’Oise) s’est montré plus prudente. « On peut aller sur des manifestations, mais il y a un danger à rajouter de l’huile sur le feu ».
Le Rassemblement National n’est pas en reste. Contrairement à Laurent Wauquiez, Marine Lepen a fait le choix de ne pas se mêler à la mobilisation du 17 novembre. Pour autant, la présidente RN n’a pas pu s’empêcher de déployer ses diatribes dans les médias. « Nous avons été le premier parti à exprimer notre soutien total à ce mouvement qui est certes apolitique, mais dans lequel beaucoup de nos électeurs se retrouvent. »
À gauche, hésitation et mobilisation
Encore affaibli par la difficile émergence d’un leader, le Parti Socialiste s’est présenté plus discret. Le PS s’est souvent contenté de fustiger « l’arnaque » de la justification écologique. À gauche, c’est la France Insoumise qui a décidé de prendre les devants de la scène. Après quelques pas hésitants, Jean-Luc Mélenchon n’a pas résisté à la tentation d’enfiler son gilet jaune. Jeudi 16 novembre, il a d’ailleurs appelé ses troupes à être « les plus nombreuses possibles » aux côtés des manifestants de samedi. Quelques jours avant l’acmé de la mobilisation ce 17 novembre, le député proche de La France insoumise François Ruffin avait aussi annoncé se mobiliser « à titre personnel ». Son objectif : « ne pas laisser la colère des Français être récupérée par Marine Le Pen ». À la gauche de la gauche, Olivier Besancenot, a lui aussi tenté de reprendre le train en marche. Dimanche, interrogé sur BFMTV, il a affirmé son soutien à la pérennité du mouvement.`
En plus du spectre de la récupération politique, celui des fake news décrédibilise aussi le mouvement des gilets jaunes (image 1 et 2). Après quatre jours de mobilisation, entre dérapages, manque d’organisations, intox, récupération politique et jeu d’équilibriste gouvernemental, le bilan du mouvement des gilets jaunes est bien terne.