Contre toute attente, le navigateur français Francis Joyon a remporté la dernière Route du rhum. A la barre d’un bateau âgé de 12 ans, il a su faire face aux trimarans nouvelle génération. Son secret ? L’expérience d’un vieux loup de mer.
A l’ancienne. Telle est la stratégie adoptée par Francis Joyon pour gagner la course. Si ses concurrents cherchent à battre des records en pilotant des supermachines dotées de nouvelles technologies, lui préfère un bon vieux bateau rustique de 2006 pour affronter la route du Rhum. Dès le départ de la régate, ce choix s’est révélé être idéal face à une mer déchaînée. « Une mer casse bateau » selon les mots du navigateur français. A la barre de son trimaran rouge, il ne craint pas la casse : « l’avantage d’un bateau qui a beaucoup vécu c’est que tout ce qui pouvait casser a déjà cassé donc c’est assez fiable finalement ». Mieux encore, le skipper place une confiance aveugle en son navire : « J’ai le bateau le plus puissant de la flotte, conçu pour naviguer dans le vent du mauvais temps des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants ». Une confiance qui paie car certains trimarans récents ont dû abandonner dès le début de la course. « La mer reste la mer et les monstres de technologies ne sont peut-être pas encore adaptés à l’humain et peut-être qu’on a été un petit peu trop loin dans la technologie et que quelque part il faut penser qu’un bateau ça doit rester en phase avec son skipper » explique le marin.
Francis Joyon célèbre sa victoire – Vidéo LeHuffPost https://www.youtube.com/watch?v=xWgAwHtFgy0&feature=youtu.be
Ses premiers mots – Vidéo France tv sport https://www.youtube.com/watch?v=BS5vXAuuNEE
Un caractère bien trempé
Francis Joyon est un navigateur à l’ancienne, « le détenteur de l’image du marin version Tabarly, le dernier des Mohicans de cette génération-là » selon le skipper Yann Eliès. Ce vieux loup de mer préfère s’éloigner des technologies pour fonctionner au feeling: « Il y avait un plaisir intellectuel à se positionner par rapport aux astres, à être coupé de tout, à vivre en harmonie avec les éléments », précise le sexagénaire. Grâce à son instinct et son expérience, il a su dans les derniers moments de la Route du rhum trouver une stratégie gagnante : se rapprocher au maximum des terres de la Guadeloupe pour obtenir un vent différent de son principal concurrent, François Gabart.
Le marin tient plus que tout à sa liberté : son équipe est réduite, ses sponsors choisis selon ses soins… et il n’a besoin de personne pour réparer son trimaran ! Dans sa jeunesse, il a fabriqué seul un bateau à l’aide de pièces de récupération uniquement. S’il peut paraitre un peu en dehors du temps, Francis Joyon reste un grand champion. Record du tour du monde à la voile en solitaire en 2008, vainqueur de la Route du rhum 10 ans plus tard : ses vieilles méthodes sont encore d’actualité. Mais plus encore, c’est sa persévérance inconditionnelle qui lui vaut la victoire, notamment pour sa dernière course : « Ça fait quand même 7 fois que j’essaye, il est temps de réussir quelque chose ».