Alors que deux officines françaises sur trois sont affectées par le manque de personnel, les pharmaciens et les syndicats niçois tirent la sonnette d’alarme. Ils déplorent une filière peu attractive et des failles dans la formation.
« Je suis débordée, on manque de personnel. » Colis à la main, la titulaire de la pharmacie Barla s’active derrière son comptoir aseptisé. « J’ai des commandes en attente, je ne peux vraiment pas vous répondre », écourte-t-elle avant de s’engouffrer dans l’arrière-boutique. Quelques rues plus loin, dans le quartier du port, l’urgence est identique. « Il y a une très forte tension liée au personnel, avertit Ivan Signouret entre deux clients. Depuis près de six mois, mes confrères et moi-même avons du mal à trouver, non seulement des pharmaciens, mais aussi des préparateurs en pharmacie. » Le titulaire de l’officine tire la sonnette d’alarme. Faute de personnel qualifié, il a dû renoncer à fournir certaines structures médicalisées. « On a notamment dû stopper les activités avec une maison de retraite, car on ne pouvait plus suivre le rythme », peste le professionnel derrière son masque.
« La situation est très tendue sur Nice et dans les Alpes-Maritimes »
Comme près de 13 000 pharmacies en France, les officines maralpines n’échappent pas à l’absence de personnel. « La situation est très tendue sur Nice et plus largement dans les Alpes-Maritimes », insiste Raphaël Gigliotti, trésorier du syndicat des pharmaciens de Nice. À ce jour, Pôle emploi recense plus de 200 offres dans tout le département. Une forte demande corroborée par le syndiqué : « Sur nos 150 adhérents niçois, 105 sont à la recherche de pharmaciens », soit 70 % des sondés.
Les rares établissements épargnés par l’absence de personnel craignent néanmoins la durabilité de la situation. « Pour l’instant, on est chanceux, on n’en manque pas, rassure Damien Villeneuve, titulaire d’une pharmacie sur le port. Mais il faut anticiper les départs et on les redoute énormément. »
Pharmacien, un métier qui n’attire plus ?
24 universités de pharmacie en France, aucune à Nice. Pour Raphaël Gigliotti, la pénurie de personnel est avant tout un problème de formation. « Même des petites villes comme Poitiers possèdent une faculté spécialisée, indique le trésorier. Le mot a été passé à la municipalité. Elle est en cours de négociation avec le Ministère de la Santé pour créer un cursus de pharmacie à Nice. » Aux problématiques d’éducation viennent s’ajouter les conditions de travail « toujours plus longues et toujours plus intenses depuis la Covid » et une rémunération jugée « insuffisante ».
Ismahan Stambouli
*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Lucie Guerra*