Cet article a été réalisé dans le cadre d’une série de « j’ai testé pour vous » des Masters 1 de l’EDJ.
Lancée par deux étudiants, l’application ELYZE est arrivée le 2 janvier sur les plateformes de téléchargement. Elle souhaite lutter contre l’abstention des jeunes aux prochaines élections présidentielles. Son principe est simple: trouver le candidat avec lequel l’utilisateur a le plus de points communs.
Le « Tinder » de la politique. Elle est qualifiée et décrite ainsi par ses créateurs. ELYZE suit le même principe que ce site de rencontre en ligne. Conçue par deux étudiants, Grégoire Cazcarra et François Mari, cette application mobile lutte contre l’abstention des jeunes pour les élections présidentielles 2022. Une trentaine de bénévoles gravitent autour du projet, c’est le cas de Swann Payan. « J’ai rejoint l’aventure début novembre car j’ai été conquis par l’approche de la politique de façon ludique », explique-t-il.
Numéro une sur les plateformes gratuites Apple Store et Play Store, elle compte désormais un million d’inscriptions. Au départ, les concepteurs visent toutes les personnes de leur génération, « peu importe leur rapport avec ce thème », mais « en réalité, elle plaît à tous les citoyens même les plus vieux », raconte Grégoire Cazcarra. Il déplore également que 9 électeurs de moins de 30 ans sur 10 ne se soient pas rendus aux urnes durant les élections présidentielles de 2017. À partir de ce constat et du mouvement « Les Engagés ! », le concept est né dans le but d’aider à se repérer avec les candidats au prochain scrutin. Mais comment fonctionne-t-elle?
« Swipe » à droite ou à gauche
Pour commencer, les utilisateurs doivent rentrer quelques données personnelles: leur date de naissance, leur genre ainsi que leur ville de résidence. « Les réponses récoltées sont évidemment anonymes et facultatives », précise le co-créateur. « Elles sont seulement là pour dresser des statistiques », ajoute-t-il. S’ils le souhaitent, les participants peuvent également remplir la partie « mes intentions de vote ». Après la théorie, place à la pratique. L’internaute « swipe » (balaye l’écran) à droite s’il est pour ou à gauche s’il est contre les propositions défilant des candidats. Cliquer sur le « smiley dubitatif » permet de ne pas se prononcer.
« Plus vous swipez, plus votre résultat est précis », constate un des fondateurs. En effet, selon lui, il faut « 100 réponses au minimum » pour avoir un résultat fiable. Les inscrits approuvent le concept, comme Kylian Pouseler: « le fait de swiper est une très bonne chose ». Après avoir suffisamment répondu, la personne découvre le candidat qui correspond le mieux à ses idées. L’application dévoile alors le classement des trois premiers avec un pourcentage. Par exemple, il peut être inscrit « d’accord avec 50% des propositions de Yannick Jadot ».
« Des détails apparaissent pour aider à la compréhension »
Si vous souhaitez en apprendre davantage, il est possible de cliquer sur la touche « en savoir plus ». « Des détails apparaissent, qui sont eux-mêmes sourcés, pour aider à la compréhension des propositions », informe Grégoire Cazcarra. Cependant, pour Kylian, « certains programmes sont difficiles à saisir même avec cette rubrique ». Les 500 suggestions affichées sont anonymes, les inscrits ne savent pas de qui elles proviennent. Dans la catégorie la plus à droite, les internautes les parcourent en fonction d’un thème ou d’un candidat. Les fiches de ces derniers ressemblent aux profils de l’application de rencontre Tinder. On y retrouve leur âge, leur parti politique, leurs études et leurs idées. C’est toute la difficulté d’ELYZE, les membres piochent les informations un peu partout car les programmes officiels ne sont pas tous dévoilés.
ELYZE soumise à des critiques
Depuis plusieurs jours, l’application fait face à des critiques sur sa neutralité. Pour David, ELYZE favorise des candidats plus que d’autre. « Lorsque je suis d’accord avec 100% des propositions des personnes de droite, c’est toujours une personne de centre/gauche qui décroche la première place. J’ai essayé de « tricher » en répondant parfois des choses que je ne pensais pas, mais le résultat reste inchangé », ajoute-t-il. Pourtant, pour ses fondateurs, la plateforme est apartisane (indépendante de tout parti politique). « Nous voulons que le choix du candidat se fasse seulement pour ses idées, c’est pour cela que l’algorithme est aléatoire et que chaque personnalité a le même nombre de propositions ».
Des mises à jour sont faites régulièrement pour modifier les problèmes rencontrés. La dernière en date : « en cas d’égalité entre deux concurrents, c’est l’ordre alphabétique qui placera l’un en tête du classement », précise le co-créateur. S’ajoute à cela des interrogations des internautes sur l’utilisation de leurs données personnelles. Elle est « une mine d’or d’informations de la vie privée à revendre », affirme Thomas, un utilisateur. La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) va donc vérifier si elle est conforme à la réglementation. Mais pour rassurer les inscrits, Grégoire Cazcarra a indiqué mercredi avoir effacé tous les renseignements récoltés de ses utilisateurs dans l’émission Mashup d’Hugo Décrypte.
Et les réactions sur Twitter ne se sont pas faites attendre …
Le mouvement « Les Engagés ! » « Les Engagés ! » est un mouvement citoyen. Il est créé en septembre 2017 par Grégoire Cazcarra, le co-fondateur de l’application ELYZE. Ce groupe est né dans la ville de Bordeaux, mais se répand également dans d’autres endroits comme Marseille, Nancy, Paris, Lille et Rennes. Le projet émerge à la suite des élections présidentielles de 2017 où le taux d’abstention des jeunes s’approche des 30%. Le fondateur souhaite « convaincre les jeunes de retourner voter et les intéresser à la politique ». L’association se définit comme neutre et sans parti politique. Chaque membre vient de « n’importe quel horizon » dans le but de partager et réfléchir ensemble. Plusieurs actions sont mises en place comme des débats, des conférences, des visites d’établissement et des concours d’éloquence. |
* Ce travail a fait l’objet d’une double vérification juridique et éditoriale par Léna Peguet *
Eloïse Fine