Comme tous les secteurs, le marché de la drogue a été fortement impacté par les mesures prises pour lutter contre le Coronavirus COVID-19. Pénurie, augmentation des prix ou encore réorganisation de la vente, les dealers ainsi que les consommateurs n’ont pas eu d’autres choix que de changer leurs habitudes.
Cet après-midi, au croisement de deux étroites ruelles, situées dans le vieux quartier de Nice, Sacha* retrouve ses anciens clients après deux mois de confinement. Cachés des caméras de vidéosurveillance, de plus en présentes dans les lieux publics, l’échange est rapide et bref. Une poignée de main suffit pour que la vente soit faite et que le client reparte incognito. Malgré une baisse de 30 à 40% du trafic de drogue pendant le confinement, selon Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, Sacha ne s’est pas arrêté de vendre. Cet étudiant de 27 ans, a commencé à dealer du cannabis depuis plus d’un an pour arrondir ses fins de mois. « Dès le début du confinement, le plus dur a été de s’adapter. Pour ne prendre aucun risque on communiquait à travers les réseaux sociaux comme Snapchat. La demande enregistrée, le lendemain, je profitais de l’heure de sortie autorisée, pour me déplacer jusqu’à chez eux et leur apporter leur commande », explique Sacha. Face à une demande de plus en plus importante et une pénurie croissante le marché de la drogue a été fortement touché. « Avec la fermeture des frontières espagnoles ou encore italiennes, le trafic s’est totalement arrêté. Les prix ont doublé partout en France. Les dix grammes de cannabis sont passés de soixante à cent vingt euros », explique Sacha, toujours à l’affut. Le trafic de drogue n’a donc pas échappé aux aléas de l’économie classique. Livraison à domicile ou encore codes promo, le marché de la drogue a continué de se réinventer.
Un changement de comportement chez les consommateurs
Charlotte*, 25 ans, étudiante en communication, est une fumeuse de cannabis régulière. Quand d’autres se sont précipités dans les supermarchés, à l’annonce du confinement, elle s’est rendue directement chez son dealer. « Malgré la crainte de nous faire arrêter, avec plusieurs de mes amis, nous avons acheté quatre cents euros de cannabis pour pouvoir tenir pendant deux mois », se rappelle Charlotte. Néanmoins, pour ne pas augmenter sa consommation, la jeune étudiante, a décidé de s’imposer des règles : « Je ne fumais qu’à partir de 19 heures pour pouvoir rester active le reste de la journée. Cela me permettait de m’évader un petit peu alors que j’étais enfermée. » Avec une si grosse quantité, Charlotte a même pu faire profiter ses proches. « J’ai réussi à envoyer deux fois par la poste, dans une lettre classique, un peu de cannabis à mon frère qui était confiné à 500 kilomètres de chez moi », avoue-t-elle. Pendant que d’autres ont trouvé des solutions alternatives, le confinement a également permis à certains de réduire et même d’arrêter totalement leur consommation. Depuis quelques mois les mesures prises pour lutter contre le Coronavirus COVID-19 ont donc conduit à une transformation durable et profonde du marché de la drogue.
* Les prénoms des dealeurs et des consommateurs ont été modifiés.