Confinement : un risque pour l’IVG ?

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La tribune a été soutenue par plusieurs personnalités comme Anne Hidalgo ou Laurence Rossignol ©Alice Dubernet

Mardi 31 mars dans le journal « le Monde » plus d’une centaine de professionnels de l’interruption volontaire de grossesse appellent à des mesures d’urgence.

Depuis le début de la pandémie et du confinement, les gynécologues obstétriciens alertent : le droit à l’avortement est menacé. Dans une tribune du Monde une centaine d’entre eux se disent prêts à défier la loi si aucune mesure d’urgence n’est prise.

Deux semaines de plus. C’est ce que demandent les professionnels de l’interruption volontaire de grossesse. « Il n’y a pas de solution en soi, à part augmenter les délais ». Laura Berlingo est gynécologue obstétricienne à la Pitié Salpêtrière à Paris. Elle n’a pas eu le temps de signer la tribune de ses confrères, mais est « tout à fait d’accord avec ». Le confinement et la pandémie du Covid engendrent plusieurs problèmes pour les femmes qui souhaitent avorter. Une question d’horloge essentiellement : « Pour celles qui s’en rendent compte un peu tard, le confinement et l’accès aux soins retardés peuvent les mettre hors délais, mais dans cette situation, où d’habitude elles se seraient rendues aux Pays-Bas, là, les frontières sont fermées ! » Pour éviter d’ajouter des délais sur les délais initiaux la tribune propose à titre exceptionnel : d’autoriser l’avortement médicamenteux à domicile jusqu’à 7 semaines de grossesse (avant fixé à 5 semaines), supprimer le temps d’attente de 48h pour les mineures après leur première consultation, et de pouvoir réaliser des aspirations, soit des avortements chirurgicaux,  jusqu’à 14 semaines de grossesses (au lieu de 12).  

Un amendement déjà refusé par le Sénat 

Le 19 mars dernier Laurence Rossignol, sénatrice de l’Oise, entre autres, a défendu un projet d’amendement exceptionnel face au Sénat. Dans le texte proposé est écrit : « Cet amendement vise à permettre au Gouvernement d’allonger de deux semaines les délais légaux et de supprimer l’exigence d’une deuxième consultation pour les mineures ». Nommé Urgence Covid-19 ce texte a été rejeté par le Sénat. Celle qui porte aussi la casquette de présidente de l’Assemblée des Femmes (association féministe) a réagi sur Twitter :

Compte Twitter @laurossignol

Pour retrouver l’amendement proposé, c’est juste là : https://www.senat.fr/enseance/2019-2020/382/Amdt_2.html

Une remise en question

Un questionnement du corps professionnel de l’IVG qui prend forme, tout de même, plus comme une prévention : « À Paris pour le moment la situation n’est pas critique parce que l’on réorganise les services. Il y a un changement et c’est compliqué mais l’on fait en sorte que les IVG soient faites en temps et en heure. Mais qu’adviendra-t-il dans les zones ou il y a moins d’accès au planning familial par exemple quand les personnels seront débordés ». Une inquiétude qui se projette dans le futur donc et pour les plus petites structures. Dans certains établissements des plus touchés par la pandémie, des salles de réanimation se seraient organisées dans les blocs opératoires : les rendant indisponibles pour des soins comme l’IVG. Pour le moment les autorités régionales de santé ont bien encouragés tous les hôpitaux à s’organiser pour le bon déroulement de ces pratiques.

Les IVG ont été classées dans la catégorie des soins urgents. Une tribune comme cri du coeur qui ne veut pas arriver « à un stade où, je ne sais pas, rien que cinq femmes auront été contraintes dans l’incapacité d’avorter. Cela réduirait leur indépendance. Cinq femmes serait déjà une catastrophe à mes yeux », martèle Laura. « Une fois de plus, l’avortement est fragilisé, parce qu’il n’est pas considéré comme un soin courant ». Pour la praticienne hospitalière ce sont des problématiques engendrées par le coronavirus mais qui mettent en avant le caractère fragile de la loi Veil. « Le fait que ça soit entouré par la close de conscience, les délais, tout ça, ça fait que c’est fragile. On voit que quand il y a une crise, qu’elle soit sanitaire, ou bien une guerre, et bien tout est remis en question ». Pour Laura Berlingo l’IVG devrait être considéré comme n’importe quel soin : « Si c’est un soin comme les autres on ne le remet pas en question. On ne remet pas en question la prise en charge des AVC (accident vasculaire cérébral) par exemple, ou des infarctus. Même en temps de guerre ». 

Réalisé sur Pages ©AD

Pour retrouver la tribune du journal « Le Monde » c’est par là :  https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/31/il-faut-proteger-les-droits-des-femmes-et-maintenir-l-acces-a-l-avortement_6034997_3232.html

Et pour avoir accès à l’intégralité des propos des praticiens même si on n’est pas abonné c’est pas ici : http://www.ivg-covid.fr

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Laura Berlingo possède une page Youtube sur laquelle elle aborde différents sujets gynécologiques et obstétriques. Le 21 mars une vidéo sur l’IVG et le Covid :

Compte Youtube de Laura Berlingo.
Jacky Nizard et Philippe Faucher