La prolongation du confinement liée à l’épidémie de coronavirus perturbe les habitudes de chacun. L’enferment modifie le rythme de vie, y compris l’endormissement. Comment préserver son sommeil pendant la quarantaine ?
Sommeil chaotique, épisodique, crises d’angoisse nocturnes… Pour de nombreux Français, le confinement est synonyme de mauvaises nuits. Emmanuel Macron a annoncé lundi le prolongement du confinement jusqu’au 11 mai. Il peut avoir des effets néfastes sur la santé physique et mentale de la population. Selon un sondage Ifop sur « 1 004 personnes, 74 % des adultes évoquent qu’ils ont des troubles du sommeil. La moitié estimant qu’ils sont apparus avec le confinement ». L’isolement réduit les relations sociales, l’activité physique est presque inexistante et l’exposition au soleil est minime. Ainsi, « l’horloge biologique n’arrive pas à conserver un rythme régulier pendant la quarantaine. Ceci peut provoquer des changements et des décalages horaires comme le trouble du sommeil, le manque d’appétit ou d’énergie », explique le Docteur hypnothérapeute Michel Chauley. Les personnes les plus sujettes à ces changements sont « souvent celles ayant des troubles de la personnalité, souffrant de dépression et les anxieux. Mais cela peut également toucher tous les individus qui ne respectent pas un rythme régulier ».
Récupérer un rythme normal
« Avant le confinement, je dormais comme un bébé. Maintenant, je n’arrive pas à dormir avant deux heures du matin et je me réveille plusieurs fois chaque nuit. C’est infernal et épuisant », s’inquiète Thibaut Perez, 25 ans. Les troubles du sommeil sont principalement causés par une « déstructuration temporelle » ajoute le Docteur Michel Chauley. « C’est important de planifier son temps du matin jusqu’au soir, de conserver une heure de lever et de coucher régulière et équivalente à l’avant confinement », précise le praticien. Garder la même hygiène de vie est primordiale en planifiant chaque heure quotidienne. Ainsi, « si vous n’êtes pas habitué à faire une sieste, il est proscrit d’en faire une », explique-t-il.
Il convient également de sectoriser au maximum la chambre. « Dans cette pièce, on y dort uniquement, on ne lit pas, ni on ne regarde la télévision », souligne le docteur. Mais certaines personnes faute de place sont obligées de travailler depuis leur lit. Ainsi, Sylvie Royant-Parola, médecin spécialiste du sommeil et présidente du réseau Morphée a la solution : « Il faut différencier la position qu’on va avoir en temps de travail de celle qu’on va avoir en se couchant, s’asseoir, être habillé ».
Il faut préparer son sommeil. Aérer durant trois heures la chambre est nécessaire. Mais ce n’est pas tout, il faut baisser la température de celle-ci à « 16° degrés ». « Le cerveau a besoin de refroidir pour déclencher le sommeil », précise Michel Chauley. L’exposition aux écrans stimule fortement les récepteurs rétiniens. Donc, il retarde l’endormissement et indique à l’horloge biologique un signal « de jour ». En bref, « on instaure un couvre-feu digital au minimum deux heures avant de se coucher », souligne-t-il. Si au bout de 30 minutes le sommeil n’arrive toujours pas. « Relevez-vous et sortez de la chambre. Afin d’attendre la sensation de sommeil, les premiers bâillements », rajoute l’hypnothérapeute.
L’hypnose peut servir à s’endormir plus facilement
La vision de l’hypnose peut être biaisée par les émissions télévisées. Beaucoup de citoyens pensent que cette méthode n’est pas fiable ou que le public peut être manipulé ou poussé à faire des choses ridicules contre son gré. Pourtant, la science a prouvé qu’il est possible d’être hypnotisé et que cela peut entraîner des changements dans le cerveau grâce au subconscient. L’état de conscience est modifié et élargi. C’est le fait de ne pas être tout à fait réveillé, mais pas profondément endormi non plus. « Cet état, tout le monde le vit plusieurs fois par jour, sans s’en rendre compte. Il peut arriver quand vous prenez la voiture et que vous ne vous souvenez pas de la route empruntée. Cette situation est représentative de l’hypnose », explique Michel Chauley. Cette pratique peut être employée pour s’endormir plus facilement. Malgré tout, pour se mettre en auto-hypnose volontaire et en hypnorelaxation, « seulement les personnes déjà familiarisées par cette pratique grâce à un professionnel de la santé peuvent l’employer », explique le praticien. Ainsi, ces individus peuvent se « reconnecter sensoriellement, car ils détiennent la clef et un point d’ancrage pour se mettre dans cet état », conclut-il.